jueves, julio 11, 2019

À Qui La Faute ?


Je voulais faire un film
Je l'ai fait, je n'ai pas attendu Canal +
Je n'ai pas attendu le CNC
J'en avais marre de voir les mêmes
s'emparer de nos récits
Alors j'ai écris mon propre scénario
Dépeint nos vies
Je ne suis pas resté les bras ballants
Je n'ai compté que sur mon talent
Je ne suis pas " un fils de"
Il n'y a que mon détermination qui ait le bras long
J'ai dû en faire deux fois plus
Que ceux qui ont deux fois moins de talent que moi
En France c'est normal pour un Africain
Tu me demandes à qui la faute ?
En ce qui me concerne je ne suis pas venu au monde

Dans le but de bâtir les rêves d’un autre
Je porte mes victoires et mes échecs
Je ne suis pas un esclave
Je n’ai pas l’Etat français pour maître

Pourtant l’Etat français continue de vous la mettre

Et tu t’en sors peut-être
Ce n’est que des miettes
Pour mieux te faire croire que si tu as échoué c’est que t’es bête
Parce que la pierre que le bâtisseur rejette

Finira dans la fenêtre
Un seul film de Kery James

Deux cents faits par des bobos de merde
Woh, tu t’en es sorti tout seul

Tu vois ce que je veux dire tout seul
Pauvreté, combien sont sous le seuil

Depuis la bonne idée de l’Etat
De s’enrichir sur les immigrés
De leur refourguer les quartiers

Où la classe moyenne se suicidait

Mais compare ces quartiers

À ce que nos parents ont fuit
Le Bois-l’Abbé c’est le luxe

Pour quelqu’un qui vient d’Haïti
Quand j’observe ceux qui ont plus

Je me rappelle de ceux qui ont moins
D’aussi loin que je me souvienne

Je n’ai jamais vu maman se plaindre
Sais-tu d’où l’on vient ?
Moi je m’en suis sorti tout seul
T’as bien compris tout seul

Hein ?
Pauvreté sous le seuil
Les banlieues ne sont pas les seules
Campagne à l’abandon

La misère est aussi rurale
J’en connais des petits blancs

Pour qui la vie est brutale

Les blancs souffrent aussi, merci

Je voyais pas les news
La banlieue porte un gilet jaune depuis vingt ans

Tout le monde s’en bat les couilles
La France est dans le déni

Mélange d’ignorance et de mépris
Parle pas d’ethnies

J’ai des oncles qui croient que l’Afrique c’est un pays
Je connais les quartiers vus par ceux

Qui n’y mettent pas les pieds
Qui en parlent à tous les repas

N’envisagent même pas d’aller voir les faits
J’ai grandi dans : « Traîne pas avec ces gens tu vas te faire agresser »
Mythes et légendes à la télé

Faut s’intégrer sans qu’on se mélange
Galère sans contre-exemple

L’avenir sera ton présent
Pas de colonies sans conséquences

Racisme anti-blancs
Tant de complaisance

Crois-moi je connais cette France
Je ne dis pas que tout le monde est mauvais

Je dis que peur et négligence
Rendent une population méchante

Il y a du racisme en France à qui le dis-tu ?
J’ai écrit « Lettre à la République »
Toi, où étais-tu ?
On ne fait pas bouger les choses

En dressant seulement des constats
Subir ou agir

Je vais te le dire cash moi
La vie est une question de choix !
Ni de gauche, ni de droite
Mais si nos frères ne trouvent pas de taf
Qu’est-ce qu’ils peuvent faire

À part monter leur propre boîte ?
T’observes le monde avec un strabisme, t’es naïf
Tu crois encore à SOS Racisme

Et aux manifs

Je ne suis pas naïf, je suis trahi

Je ne crois plus ce qu’on m’a appris
L’égalité, la patrie

Ah oui ?
Est-ce que c’est toi qui choisis, montes ta boîte

Qui s’enrichit sur ton crédit ?
Rentre dans le système ou péris

Oublie tes rêves dans un hall de mairie
Tant qu’ils parleront d’élite

Ils disent que tu peux t’en sortir si tu le mérites
Mais tu mérites de t’en sortir

C’est qu’une technique
L’Etat veut t’endormir

Et jouer les marchands de sommeil
Un seul modèle de réussite

Le leur basé sur l’oseille
S’ils aident les jeunes à devenir des vieux comme eux
Tu peux toucher le jackpot
Tu battras pas le casino

À son propre jeu
Système en pyramide l’argent monte

La merde reste en bas
Je ne dis pas que tout le monde est dans le complot

Je dis que ça ne les dérange pas

J’ai des frères qui sont partis
Je vois pas la téci en rose

Car j’ai poussé parmi les orties
J’ai vu des mecs remplis de vices

Fumer un type
Que leur mère considérait pourtant

Comme leur propre fils
Balle dans la tête, mort violente
Est-ce l’Etat qui appuie sur la détente ?
Comme dans les quartiers nord

On finit par s’y faire
On n’a jamais eu besoin de l’Etat

Pour remplir nos cimetières

Bavures policières

Pas de filets de sécurité
Contrôle d’identité

À l’âge où tu sais pas qui t’es
Finir par glorifier des trucs peu glorieux
Grandir dans le feu

Il y a plus d’obstacles
Et ils sont plus dangereux

Mets ta vie en jeu
Trafic de stup à des « fils de »

Enfermés pour qu’ils s’évadent en soirée
T’es qu’un pion dans leur petit jeu

Les politiques, il n’y a que la gloire qui les motive
Comment croire le contraire quand les présidents ----

Des meufs du showbiz

Dans le showbiz

Combien de banlieusards millionnaires
Ont banni le mot solidarité de leur dictionnaire ?
De l’oseille on en a pris

Hein combien ?
Combien d’entrepreneurs ?

Combien de stars la banlieue a produit ?
Mais le succès les rend amnésiques
La peur de perdre ce qu’ils croient posséder, paraplégiques
Combien ?
Combien osent monter au créneau ?
Combien osent leur faire face quand ils nous salissent dans leurs journaux ?
À qui la faute ?
Je n’essaie pas de nier les problèmes
Mais je ne compte pas sur l’Etat, moi

Je compte sur nous-mêmes
À qui la faute ?
Cette question appartient au passé
Je n’ai qu’une interrogation, moi
Qu’est-ce qu’on fait ?!


















Kery James, Orelsan







Lien vers la chanson avec des sous-titres en Anglais et en Français :

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