viernes, diciembre 27, 2019

Misère



Marseille, centre ville, Années 80

Le dédale des rues du vieux quartier
Là étaient nos terrains de jeux
On y a laissé nos plus beaux fous rires
Puis, sont venues les obligations
Les contraintes à travers le miroir du quotidien
Je n’ai pas oublié quand je retournais le fond de mes poches
D’où je viens, ce que je suis devenu
Quand à mon avenir, qui sait
Pour l’instant je continue à te fuir





Je voudrais que t’arrêtes d’harceler les miens
D’étaler ta puissance, elle produit des fruits que l’humain ne digère pas très bien
Et puis tu t’invites à nos tables avec tant d’insolence
Tant d’arrogance dans le sourire te moquant de nos pitances
Même sous le soleil on ne fait que vivre sous ton ombre
Perdus dans tes méandres on s’essouffle et nos visions se déforment
Misère, on t’a croisée tellement de fois
Au fond du regard de proies prêtes à tout pour sortir de tes bras
Sinistre don, changer les anges en loups
Tu resserres ton étreinte et les plus sages deviennent les plus fous
Tu sais qu’on est fragiles, ce fait tu l’utilises et nous pousses à la faute
Dis combien pleurent sous ton régime ?
Seule esquive toucher l’autre rive, par peur du rien, frôler le pire
Sous la tempête nos principes chavirent
Et on avance en zig zag pour éviter tes balles
Et on sait bien que t’es du genre à tirer plusieurs salves
Misère, tu nous fais craindre l’avenir
Il s’annonce pas très rose, on va se battre pour le faire fleurir
Je ne serai pas le dernier, je t’ai combattue et j’ai préféré faire du bruit
Que voir mon âme se dévêtir
Garde tes caresses et tes tours de manège
Tu as du vice, ouais, mais la foi est bien plus fin stratège
Une dévoreuse de monde, voilà en fait ce que tu es
Et chacun prie que tu ne viennes pas bouffer de son côté


J’entends ta sérénade
Misère
Je connais le refrain, honnêtement je ne l’aime pas
Accepte ce message, prends le comme une lettre d’un affranchi
Qui n’est plus esclave, et cesse tes jérémiades
Misère
Tu pries pour qu’on revienne à genoux vers toi
Et c’est vrai, ce serait grave, pas pour le statut
Mais les valeurs qu’on doit renier
Pour échapper à l’emprise de tes bras
Misère


But yo we all go to eat right?
Misery... difficult
Times is rough and tough like leather



Debout dans les jardins du train train
On survit à la mousson, le sac de haine bien plein
Misère, nous voir glisser, ta mission
Larmes dans la moisson, évacuées dans la boisson
On jouait sur des terre-pleins, sans calcul
La dure loi de l’apparence a opéré la bascule
Etre quelqu’un, voilà qui sonne, en l’état je suis qu’un homme
Et non, mon nom est personne
Misère, t’as voulu perdre mes pas
Et me mener en ces lieux là où Dieu ne permet pas
Tu marquais trop de temps d’arrêt
A la place de mon stylo, t’as voulu glisser un foutu cran d’arrêt
Cambute et vendetta, sacré destin
Embrouilles à 2 heures du mat avec des clandestins
La peur de nous s’est emparée
Après ta visite, facile on a visé l’illicite
Ici les diplômes paraissent illisibles
Les raisins de la colère accouchent du pire des millésimes
Avec le crew aux allées Gambetta, on marchait à 20
Narguait les bleus qui défilaient et se mettaient en pétard
Misère, t’aimerais tant me revoir
Que je sois esclave du temps qui passe
Et puisses me croire à jamais à ta merci
Ma nuque offerte, me rappelle que le succès et la gloire sont réversibles
Mental issue des faubourgs de Naples
Où la vie tire de vraies balles, « grintoso », très tenace
Quand je veux mettre les miens sur l’autre rivea
Toi tu veux que sous les ponts je vive


J’entends ta sérénade
Misère
Je connais le refrain, honnêtement je ne l’aime pas
Accepte ce message, prends le comme une lettre d’un affranchi
Qui n’est plus esclave, et cesse tes jérémiades
Misère
Tu pries pour qu’on revienne à genoux vers toi
Et c’est vrai, ce serait grave, pas pour le statut
Mais les valeurs qu’on doit renier
Pour échapper à l’emprise de tes bras
Misère


But yo we all go to eat right?
Misery... difficult
Times is rough and tough like leather













De: La Cité de Dieu










I Am







Lien à la Chanson:

Misère

miércoles, diciembre 25, 2019

Les Raisons de la Colère


Si tu pouvais voir ce feu qui brûle dans mon thorax
Ma vie je la dois au rap, je la dois à l'orage
J'ai pas eu le parcours de petits cons dans la hype, non
Adolescent j'étais pas le king de la night, non
J'avais mon groupe c'était l'Criminosical
On traînait près des bars à pute à deux pas du Pussycat
J'ai embrassé la nuit sur ses lèvres
Et la rue m'a pris par la main
Elle a fait de moi un putain de bon élève
Debout jusqu'à la fin
J'ai pris les blocs qui m'entouraient
Au fil de l'épée avec mes mains comme Saladin
Pourquoi confier mes secrets
Dans le boulot tête claire
Mon imagination je laisse faire
J'écris mes BO des cages à lapins
Au jour le jour mes traits s'allongent sur la feuille
Non je pense toujours pas à demain
Je suis ce que le rap a créé de plus solide
Tu te pètes le dos sur deux pignons d'olives
Y'a pas d'amour ici, cette guerre à plein régime
Régie par les lois du bitume qu'importe les origines
J'ai du rater un truc "Peace, Love et Having fun"
Sont devenus "Bitch Drogue et Heavy Gun"
Rares sont ceux qui ont des roses à offrir
Bienvenue à la table garnie au fish et aux frites
Où le sens de la vie s'est égaré dans la brume
Où les petits ne savent pas poser un nom sur un légume
Au cœur du pire ennui j'ai posé ma balise
Élaboré mon plan attendant que Dieu me l'avalise
Depuis dans c'pré où les vassaux me tolèrent
J'écris un peu tous les jours les raisons de ma colère


Quand on se tue à la tâche, pour rien dans la récolte
Normal que les vents portent la révolte
Que la terre où l'on marche est labourée par des molaires
Comprenez vous au moins les raisons de la colère?


J'ai toujours le feu depuis le jour où j'ai croisé sa route
J'ai appris à voir dans le noir et occis tous les doutes
On a voulu me parquer mais j'ai flairé le piège à loup
Et la passion m'a enlevé et élevé comme une louve
Grain de sel dans l'océan j'ai pas voulu me dissoudre
J'ai remonté le courant jusqu'à ce qu'une autre porte s'ouvre
Il me fallait un ailleurs là bas ça sentait trop le souffre
Par manque d'envie combien des nôtres croupissent dans les douves
Laisse moi traîner ma plume sur cette route immaculée
Semer les graines les plus dures les mots les plus ciselés
Sans but, isolé, déçu, l'abandon les recrute
Et le vide les attend pour les faire rissoler
Je suis désolé
C'est pas ma faute si les esprits les plus durs
Commencent à vaciller sous le poids de leur bracelets
Du coup le monde s'arrête là au coin de la rue
Tellement sûrs d'échouer qu'au final ils n'essaient même plus du tout
Et ça tombe dans le facile, ça grossit les statistiques
Ça fait des choix douteux aux moments les plus fatidiques
Aucun exemple à l'horizon la place est désertique
Il en faut peu aux affamés pour brûler leurs principes
A force d'entendre qu'on était bons à rien
Beaucoup ont fini par le croire
Quoi? Pourquoi je serre les dents?
Mais qu'est ce que tu veux que je fasse d'autre?
Je veux pas me faire avaler
Y'a une goutte d'avenir à glaner
Laisse moi foncer droit dessus au lieu de rester assis à râler
Trop de barrières, moi je veux les voir les vertes vallées
Si je fatigue c'est le courage qui va me chaler, aller
Maintenant j'ai plus le temps, les aiguilles tournent vite
Et je veux pas finir par me dire que la vie c'était mieux avant
Je suis personne aucun être sur terre ne me fera taire
Sur ma feuille j'étale toutes les raisons de ma colère


Quand on se tue à la tâche, pour rien dans la récolte
Normal que les vents portent la révolte
Que la terre où l'on marche est labourée par des molaires
Comprenez vous au moins les raisons de la colère?




























I Am




Lien à la chanson:

Les Raisons de la Colère


lunes, diciembre 23, 2019

Aleph


Si busco el aleph
lo encuentro por doquier
en alas de mariposa
o en el fondo del café

Es mi ojo el aleph
bajo mis párpados también
de labios entreabiertos
todo puede nacer.




















Jorge Londoño


Deriva


Las palabras
balsas
a la deriva
sobre las aguas tranquilas
de la muerte.




Jorge Londoño

De Tiempo De Prósperidad


Gris en tu boca el sabor del agua.
Ni lo puedes cantar, ni es tuyo.
Tuyo el pozo. El eco en el vacío
y la sed del vacío que tu eco afirma,
por ir al fondo,
puramente a estremecer esto que afuera,
lentamente, de sed se va llenando,
de ficción y de azar:
el azar es el tesoro del pobre.
Cabe entero en el ritmo de su latido
por lo que dura la magia o el encanto,

o lo que dura el sol en todos los mundos.

La lluvia en tu dimensión,
ahora o luego, va a ocurrir;
con exactitud, cada minuto irá pasando
para que el polvo prospere,
se multiplique el hambre
y no le falte a cada día un crepúsculo


















Gustavo Maceas García




viernes, noviembre 15, 2019

Heterónima


Penosamente, al andar hacia el tiempo
en el mundo, me vienes siempre
con el rostro de la siempre incumplida hora.

Con esa pena digo tu nombre, Georgina:
pobre, sometido, qué más pude hacer por ti…
La necesidad apenas logró ajustarse
a la sobrevivencia que fuera entonces
(y no se podía tan poco).

Con culpa digo tu nombre, Somalia,
Ruanda, Etiopía (tantos para llamarte,
mas siempre me falta el que dé tu dimensión).

Y ese otro nombre, con rencor, sin nostalgia,
lo he pensado y casi no lo digo para afuera,
Colombia.
Pero tranquilamente no eres, inmensamente,
lo que nombro. Pesas como silencio, sí, como
certeza de aquello que los ojos no han salvado.















Gustavo Maceas

domingo, octubre 27, 2019

Creador hermano mío, escribir por escribir...



Creador hermano mío, escribir por escribir es ensuciar la página blanca salida del árbol que dona su vida para fabricar las hojas. Creador hermano mío, nunca te distragas en el juego pretencioso y vano del escritor. Puesto que la página blanca salida del árbol no te pide escribir; te pide impregnar el papel con tu sangre para restituir con equidad la sangre del árbol derramada.














"Daniel Pons" & "Pabellón de Palabras"

 Claude Monet: Los Álamos Bajo El Sol









Daniel Pons

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno


miércoles, octubre 23, 2019

Invierno Para Beberlo


El invierno ha llegado al llamado de alguien
Y las miradas emigran hacia los calores conocidos
Esta noche el viento arrastra sus chales de viento
Tejed queridos pájaros míos un techo de cantos sobre las avenidas

Oíd crepitar el arco iris mojado
Bajo el peso de los pájaros se ha plegado

La amargura teme a las intempéries
Pero nos queda un poco de ceniza del ocaso
Golondrinas de mi pecho qué mal hacéis
Sacudiendo siempre ese abanico vegetal

Seducciones de antesala en grado de aguardiente
Alejemos en seguida el coche de las nieves
Bebo lentamente tus miradas de justas calorías

El salón se hincha con el vapor de las bocas
Las miradas congeladas cuelgan de la lámpara
Y hay moscas
Sobre los suspiros petrificados

Los ojos están llenos de un líquido viajero
Y cada ojo tiene un perfume especial
El silencio es una planta que brota al interior
Si el corazón conserva su calefacción igual

Afuera se acerca el coche de las nieves
Trayendo su termómetro de ultratumba
Y me adormezco con el ruido del piano lunar
Cuando se estrujan las nubes y cae la lluvia

Cae
Nieve con gusto a universo
Cae
Nieve que huele a mar

Cae
Nieve perfecta de los violines
Cae
La nieve sobre las mariposas

Cae
Nieve en copos de olores
La nieve en tubo inconsistente

Cae
Nieve a paso de flor
Nieva nieve sobre todos los rincones del tiempo

Simiente de sonido de campanas
Sobre los naufragios más lejanos
Calentad vuestros suspiros en los bolsillos
Que el cielo peina sus nubes antiguas
Siguiendo los gestos de nuestras manos

Lágrimas astrológicas sobre nuestras miserias
Y sobre la cabeza del patriarca guardián del frío
El cielo emblanquece nuestra atmósfera
Entre las palabras heladas a medio camino
Ahora que el patriarca se ha dormido
La nieve se desliza se desliza
se desliza
Desde su barba pulida











Van Gogh: Inverno, 1885.












Vicente Huidobro


Et les talus de chair...


Et les talus de chair emprisonnent
Le hasard servile des arçons de miel
Au matin mangé de sueur
Je n'ai perdu que mes pieds inutiles au voyage
Dans les gares du vent
La coque gantée d'un navire sans voiles
Et je parle avec ta voix
A l'heure où s'obstruent tous les chemins de sable
A l'heure qu'indiquent les phares brûlés du sycomore
Dans la blessure humide d'un oiseau sans ailes
Plonge l'été briseur d'épaves












Par: Sandrot












Étienne Lero


jueves, octubre 17, 2019

Debout D'Un Côté Du Rêve



Colonel Léopold II : nous avons décidé de rendre public la décision qui vous concerne. Pour les crimes sans nom, les abus sans limite perpétrés lors de votre mandat contre les populations les plus vulnérables, comme celles du Congo, nous vous condamnons



Votre sentence : tout monument en votre honneur sera à la disposition de quiconque qui se lève parmi le peuple et fait office de bourreau. La tête de votre statue pourra être détruite avec un objet contondant. Elle pourra être humiliée par des images faisant preuve d'une grande créativité, de manière à obtenir une place imbattable sur les réseaux sociaux. Ce ne sont là que des exemples d'exécution. Il est cependant d'une importance vitale de faire connaître la raison d'être de la procédure pour que les gens constatent, dans les cas où l'action du bourreau entraîne une modification du monument, qu’il ne s’agit pas simplement de vandalisme. 



Colonel, vous avez perdu la guerre contre nous. N’importe lequel d'entre nous fera office de bourreau. Où est votre pouvoir maintenant, où sont vos subordonnés, où sont vos amis ?



*****************


Nous sommes debout d'un côté du rêve dans la veillée de l'ombre. Vous avez saigné nos arbres et coupé nos feuilles. Votre règne d'absurde a mutilé chaque coin serein sur notre terre.
Mais chaque nuit, le rêve nous réunissait, chaque nuit nos pieds repoussaient pour nous rapprocher, nos bras croissaient pour l'embrassade.


La tyrannie du jour nous emportait, écroulés, à la porte de la nuit des temps. Et là, les paroles des anciens, tonitruantes, peuplaient nos voix d'échos.

Nous sommes debout d'un côté du rêve.

D'un côté du rêve, la nuit nous amène de retour



*****************



Qui assumera la défense de votre héritage, colonel ?
Notre sang est un tapis rouge pour les pas du bourreau.



















Francisco Callejas

Traduction : Pabellón de Palabras



domingo, octubre 06, 2019

De Pie A Un Costado Del Sueño


Coronel Leopoldo II: hemos determinado hacer público el fallo que a vuestra persona concierne. De los crímenes sin nombre, de los atropellos sin límite ejecutados durante su mandato a la población más vulnerable, como aquella del país del Congo, lo hallamos culpable. 


Su sentencia: todo monumento en su honor queda a disposición de cualquiera que se levante de entre el pueblo y ejerza de verdugo. La cabeza de su estatua podrá ser destrozada a golpes con objeto contundente. Podrá ser humillada a través de fotografías que evidencien total creatividad, de manera que se ganen un sitio inexpugnable en las redes sociales. Estos son sólo ejemplos de ejecución. Es de vital importancia, no obstante, dar a conocer la razón de ser del procedimiento para que el pueblo constate, en los casos donde la acción del verdugo dé lugar a una modificación del monumento, que no se trata de simple vandalismo. 


Coronel, ud perdió la guerra contra nosotros. Cualquiera de entre nosotros se levantará como verdugo. Dónde vuestro poder ahora, dónde vuestros subalternos, dónde vuestros amigos?




Estamos de pie a un costado del sueño, en la vigilia de la sombra. Ustedes desangraron nuestros arboles y cortaron nuestras hojas. Su reinado de absurdo mutiló cada rincón de sosiego sobre nuestra tierra.
Pero cada noche el sueño nos reunía, cada noche retoñaban nuestros pies para acercarnos, crecían nuestros brazos para el abrazo.
La tiranía del día nos llevaba, desplomados, a la puerta de la noche de los tiempos. Y allí las palabras de los mayores, atronadoras, poblaban de ecos nuestras voces.
Estamos de pie a un costado del sueño.
De pie a un costado del sueño la noche nos trae de vuelta




Quién acometerá la defensa de su legado, coronel?
Nuestra sangre es alfombra roja para los pasos del verdugo.














Francisco Callejas: De Pie

















Francisco Callejas


domingo, septiembre 29, 2019

Creador hermano mío, ten cuidado...



Creador hermano mío, ten cuidado: para domarte, ellos quieren hacer de ti un hombre de espectáculo. Nunca lo aceptes. Encara en su lugar a los proyectores de su condición necia y cuando en un guiño de ojo quieran aplaudirte, baja del escenario donde te han puesto y, directamente a los ojos, míralos. Míralos, Creador hermano mío, con gran intensidad, para que pase tanta luz como sea posible a través de tus pupilas agrandadas. Una vez terminada esta prueba, obsérvalos, Creador hermano  mío, y si los observas bien, podrás ver a aquellos que permanecieron de pie a pesar del relámpago reírse del recuerdo de la confusión que ahora, gracias a ti, Creador hermano mío, tienen superada. En cuanto a los otros, si la sombra los devora, si mueren por falta de aurora, será porque esa sentencia habrá surgido directamente de la vida.

Creador hermano mío, no aceptes el papel de modelito sin vida impulsado por la luz artificial de sus proyectores fáciles. Creador hermano mío, olvídate de todas las quimeras, de todas aquellas fantasías nacidas de luces falsas, olvídate de todo eso, Creador hermano mío, para poder saborear, al máximo, la profunda calma que viene de ver un horizonte sin trabas.










"Daniel Pons" & "Pabellón de Palabras"











Daniel Pons

Traducción de Mauricio A. Moreno




viernes, septiembre 27, 2019

En Mi Verso Soy Libre


En mi verso soy libre: él es mi mar.
Mi mar ancho y desnudo de horizontes...
En mi verso yo ando sobre el mar,
camino sobre olas desdobladas
de otras olas y de otras olas... Ando
en mi verso; respiro, vivo, crezco
en mi verso, y en él tienen mis pies
camino y mi camino rumbo y mis
manos qué sujetar y mi esperanza
qué esperar y mi vida su sentido.
Yo soy libre en mi verso y él es libre
como yo. Nos amamos. Nos tenemos.
Fuera de él soy pequeña y me arrodillo
ante la obra de mis manos, la
tierna arcilla amasada entre mis dedos...
Dentro de él, me levanto y soy yo misma.






















Dulce María Loynaz


martes, septiembre 24, 2019

Yo soñaba en clasificar...


Yo soñaba en clasificar
el Bien y el Mal, como los sabios
clasifican las mariposas:
yo sonaba en clavar el Bien y el Mal
en el obscuro terciopelo
de una vitrina de cristal...
Debajo de la mariposa
blanca, un letrero que dijera: "EL BIEN".
Debajo de la mariposa
negra, un letrero que dijera: "EL MAL".
Pero la mariposa blanca
no era el bien, ni la mariposa negra
era el mal... ¡Y entre mis dos mariposas,
volaban verdes, áureas, infinitas,
todas las mariposas de la tierra!...






















Dulce María Loynaz


lunes, septiembre 23, 2019

Me alejo en silencio como una cinta de seda...


Me alejo en silencio como una cinta de seda
Paseante de arroyos
Todos los días me ahogo
En medio de plantaciones de plegarias
Las catedrales de mis ternuras cantan a la noche bajo el agua
Y esos cantos forman las islas del mar

Soy el paseante
El paseante que se parece a las cuatro estaciones

El bello pájaro navegante
Era como un reloj envuelto en algodón
Antes de volar me ha dicho tu nombre

El horizonte colonial está cubierto todo de cortinajes
Vamos a dormir bajo el árbol parecido a la lluvia





















Vicente Huidobro


sábado, septiembre 21, 2019

La Poesía Es Un Atentado Celeste


Yo estoy ausente pero en el fondo de esta ausencia
Hay la espera de mí mismo
Y esta espera es otro modo de presencia
La espera de mi retorno
Yo estoy en otros objetos
Ando en viaje dando un poco de mi vida
A ciertos árboles y a ciertas piedras
Que han esperado muchos años

Se cansaron de esperarme y se sentaron

Yo no estoy y estoy
Estoy ausente y estoy presente en estado de espera
Ellos querrían mi lenguaje para expresarse
Y yo querría el de ellos para expresarlos
He aquí el equívoco el atroz equívoco

Angustioso lamentable
Me voy adentrando en estas plantas
Voy dejando mis ropas
Se me van cayendo las carnes
Y mi esqueleto se va revistiendo de cortezas

Me estoy haciendo árbol
Cuántas veces me he ido convirtiendo en otras cosas...
Es doloroso y lleno de ternura

Podría dar un grito pero se espantaría la transubstanciación
Hay que guardar silencio Esperar en silencio
























Vicente Huidobro


jueves, septiembre 19, 2019

La Única Herida


¿Qué bestia caída de pasmo
se arrastra por mi sangre
y quiere salvarse?

He aquí lo difícil:
caminar por las calles
y señalar el cielo o la tierra.




















Alejandra Pizarnik


Anillos de Ceniza


A Cristina Campo







Son mis voces cantando
para que no canten ellos,
los amordazados grismente en el alba,
los vestidos de pájaro desolado en la lluvia.

Hay, en la espera,
un rumor a lila rompiéndose.
Y hay, cuando viene el día,
una partición de sol en pequeños soles negros.
Y cuando es de noche, siempre,
una tribu de palabras mutiladas
busca asilo en mi garganta
para que no canten ellos,
los funestos, los dueños del silencio.


















Alejandra Pizarnik

lunes, septiembre 16, 2019

Clou mon frère fou, ils t'ont enfermé...



Clou mon frère fou, ils t'ont enfermé parce qu'un soir, à force de désespoir, dans l'eau tu as voulu te jeter. Depuis ce temps-là, Clou mon frère, ils t'ont interné pour te soigner, pour t'enlever le goût du suicide, pour te redonner le goût du social qui toujours doit être rentable ; depuis ce jour, ce jour où ils ont pris la décision de t'enfermer, afin de surveiller les pulsions qui t'incitent au suicide, depuis ce jour-là, Clou mon frère de démence, Clou l'étrange, Clou l'étranger, Clou le percé, Clou le persécuté, Clou le trompé, Clou le torturé, Clou le mutilé, Clou l'immense ! Depuis ce jour-là, ils ont cherché à faire de ton suicide sincère une captivité atroce. Clou mon frère, ils t'ont sauvé de la noyade dans le but peu avouable de hisser entre toi et la vie d'énormes palissades. Clou mon frère fou, tu es enfermé dans l'univers concentrationnaire, tu es parqué comme une bête étrange. Clou mon frère fou, si de ce troupeau parqué tu sens de te détacher, même si pour cela ta laine de mouton doit s'imprégner de sang rouge, et faire tache parmi la fadeur blanche constituée par des êtres en blouses qui vers rien ne penchent ; Clou mon frère fou, ne sois pas avare de ton sang, parce que si avec ton cœur tu t'entêtes, il se pourrait bien qu'un jour tu te transformes en bélier dont la robe de pourpre et d'or serait comme un hommage rendu à chaque Aurore.


Mais, Clou mon frère fou, je sais bien que la comparaison avec le bétail ne finira pas sur le sublime détail que mon être venu de l'extérieur, projetait ; je sais bien, Clou mon frère fou, qu'un jour aux abattoirs, à l'aide de pilules, de piqûres et d'ondes électriques, ils finiront par conduire ta carcasse pourtant unique.

Clou mon frère fou, même si tout ton être a peur de cette mort, songe, songe à ta capacité instinctuelle qui te fait rendre un hommage toujours actuel aux Aurores pleines et inhabituelles.










"Daniel Pons" & "Vincent Van Gogh" & "Pabellón de Palabras"

Vincent Van Gogh : La Nuit Étoilée












Daniel Pons

martes, septiembre 10, 2019

Clou mon frère fou, lorsque j'ai vu...


Clou mon frère fou, lorsque j'ai vu dans ton regard fixe briller une telle lumière, j'ai compris pourquoi ils t'avaient interné ; ils t'ont interné, Clou mon frère de démence, parce que tu voulais danser avec ton âme. Clou mon frère fou, tu m'as hurlé un jour : elle existe ! Et, sur le moment, je n'ai pas su exactement de quoi tu voulais parler. Mais lorsque je t'ai quitté, et que j'ai vu sur le chemin de retour ton être m'apparaître en pleine lumière, j'ai compris qu'une perception de l'âme telle que la tienne ne pouvait conduire ceux que la matière aliène qu'à t'enfermer pour cause d'inadaptation. Clou mon frère fou, tu es le martyr, le bafoué, le refusé, le torturé, l'aliéné, le prisonnier d'un excès dont souffrent les fantômes pesants de l'extérieur : un excès de pesanteur.











"Daniel Pons" & "Vincent Van Gogh" & "Pabellón de Palabras"

Van Gogh : La cour de la prison











Daniel Pons


lunes, septiembre 09, 2019

Himno A La Belleza


¿Vienes del hondo cielo o del abismo sales,
Belleza? Tu mirar, infernal y divino,
vierte confusamente beneficios y crímenes,
por lo que se te puede comparar con el vino.

Tus dos ojos contienen el poniente y la aurora;
esparces más perfumes que un ocaso tormentoso.
Tus besos son un filtro y tu boca es un ánfora
que hacen cobarde al héroe y al niño valeroso.

¿Sales del negro abismo o bajas de los astros?
Como un perro, el Destino sigue ciego tu falda...
Al azar vas sembrando la dicha y los desastres,
y todo lo gobiernas sin responder nada.

¡Caminas sobre muertos, y te burlas, Belleza!
El Horror, de tus broches no es el menos precioso,
y el Crimen, que se cuenta entre tus caros dijes,
danza amorosamente en tu vientre orgulloso.

Deslumbrado, el insecto vuela hacia ti, candela.
Crepita, estalla y dice: "¡Bendigamos la antorcha!".
El amante jadeando sobre su bella amada,
parece un moribundo que acaricia su fosa.

¿Qué importa así del cielo vengas o del infierno
Belleza, monstruo enorme, ingenuo y atrevido,
si tu mirar, tu pie, tu faz me abren la puerta
de un Infinito que amo y nunca he conocido?

De Satán o Dios, ¿qué importa? Ángel, Sirena,
¿qué importa, si me vuelves, -¡hada de ojos sedantes,
ritmo, perfume, luz, ¡oh tú, mi única reina!-
menos odioso el mundo más cortos los instantes?










William Blake:
The Great Red Dragon and the Woman Clothed in Sun










Charles Baudelaire

Traducción de Nydia Lamarque