viernes, noviembre 30, 2018

Casida De La Mano Imposible


Yo no quiero más que una mano,
una mano herida, si es posible.
Yo no quiero más que una mano,
aunque pase mil noches sin lecho.

Sería un pálido lirio de cal,
sería una paloma amarrada a mi corazón,
sería el guardián que en la noche de mi tránsito
prohibiera en absoluto la entrada a la luna.

Yo no quiero más que esa mano
para los diarios aceites
y la sábana blanca de mi agonía.
Yo no quiero más que esa mano
para tener un ala de mi muerte.

Lo demás todo pasa.
Rubor sin nombre ya, astro perpetuo.
Lo demás es lo otro; viento triste,
mientras las hojas huyen en bandadas.























Federico García Lorca


À L'Ombre Du Show-Business


À l'ombre du Show-Business
Combien de temps ? Combien de temps
Vont ils étouffer notre art ?
Combien de temps
Vont-ils se partager les Victoires de la Musique ?
On s'en fout on est réels nous, t'es fou toi
Ils tentent d'étouffer notre art faut être honnête
Ils refusent de reconnaître qu'en ce siècle les rappeurs sont les héritiers des poètes
Notre poésie est urbaine, l'art est universel
Notre poésie est humaine
Nos textes sont des toiles que dévoilent nos mal-êtres
Des destins sans étoiles
Nos lettres, photographies des instants
Deviendront des témoins chantant le passé au présent
Un piano, une voix tu vois
L'art des pauvres n'a besoin que de ça
Je rappe à la force des mots sans artifices
Moi c'est à force de mots que j'suis artiste
J'pratique un art triste, tristement célèbre
Car c'est à travers nos disques que la voix du ghetto s'élève
Mon rap est un art prolétaire
Alors les minorités y sont majoritaires
Mais comme tout art je pense
Que le rap transcende les différences
Rassemble les coeurs avant les corps
Faisant des corps des décors, mettant les coeurs en accord

Et si j’écrivais mieux que Lionel Florence ?
Issu de la 2ème France j’attends encore ma 1ère chance
Pardonne mon arrogance mais ils condamnent mon art en silence
Pendant que je pleure mes potes ont terminé leur dernière danse
Alors oui je suis poète dans le cercle des disparus
A l'ombre du Show-Business, mon art vient de la rue
Mon art est une pierre précieuse qu'on a recouvert de ciment
Que seul peut faire fondre les sentiments
Mon art est engagé, mon art à un sens
Mon art à une opinion, mon art est intense
Mon art ne s'excuse pas s' il vous gène
Car il apaise nos cœurs, c'est le cri des Indigènes
Oh que j'aime la langue de Molière, j'suis à fleur de mots, tu sais ;
Y'a une âme derrière ma couleur de peau
Et si je pratique un art triste, c'est que mon cœur est une éponge
On est rappeurs et artistes même si ça vous dérange

À l'ombre du show-business
À l'ombre du show-business

J'écris des poésies de larmes, des pluies de pleurs
Ils veulent tuer mon art mais mes œuvres demeurent
A l'ombre du show business mes vers sont des éclats
Qui rayonnent sur les cœurs, c'est pas grave s' ils m'écartent
J'ai grandi sur du verglas, où chaque chute peut être fatale
Dans le ballet des balles, dans le dialogue du métal
La France nous à mis de coté
Je l'ai écris ce qu'on ressent quand on est rejeté, sans pudeur je l'ai décrit, t'es fou toi !
Ça fait vingt ans qu'on chante la banlieue
Vingt ans qu'ils décrient nos écrits en haut lieu
Vingt ans qu'ils étouffent nos cris
Qui transcrivent les crispations des cœurs en crise
Et les conditions de vie de nos frères en prison
Vingt ans qu'on ouvre des fenêtres sur des avenirs sans horizons
Vingt ans qu'on pose nos mains sur des plaies ouvertes qui saignent le rejet
Car l'égalité des chances n'est qu'un projet


À l'ombre du show-business
À l'ombre du show-business
À l'ombre du show-business
À l'ombre du show-business


À l'ombre du show-business, faut être optimiste mon frère
Tous les grands mouvements ont soufferts
Les poètes sont morts de faim à l'ombre du show-business
Aujourd'hui ça serait peut-être même.... plus facile
Les portes sont fermées, verrouillées mais elle s'ouvrent petit à petit
Et plus tu y croiras, plus tu pourras
Plus tu réussiras à l'ombre du show-business
Aujourd'hui ça sera peut être plus .. simple
Parce que y'a toute une jeunesse qui te suit mon frère
À l'ombre du show-business, le soleil peut se lever..
.












Kery James

Vivre Ou Mourir Ensemble


Il est naturel d'avoir peur, de là naît le courage
Comment rêver en couleur quand l'futur n'annonce que l'orage
Le bonheur que l'on bricole disparaît dans la grisaille
Que nos espoirs s'isolent de la folie qui les cisaille
Ensanglantées d'amertume, des journées de ténèbres
Aux aurores teintées de brumes, exhume des rancunes funèbres
Une chorale de sanglots, chantonne nos afflictions
Transporte nos fardeaux, fredonne nos désolations
La haine nous fait du pied, nous propose une danse
Mortelle et rythmée, au tempo de nos vengeances
Si les rêves de paix, sommeillent certainement en chacun
On peut perdre son humanité dans un labyrinthe de chagrin
Comment raisonner, face aux soldats de la démence
La peur nous fera prisonnier des ennemis de la clémence
Architectes de la destruction, maçons de l'horreur
Cultivateurs d'abomination, qui confondent beauté et laideur
Mémoire et aigreur, désir de justice et fureur
Tirent sur la foule des balles aussi aveugles que leur cœur
Plongés dans l'excès, noyés dans la vanité
Les plus ignorants se croient l'élite de l'humanité
Les folies de la colère, nous révèlent à nous-mêmes
On n'sait c'que l'on tolère, qu'une fois face à l'extrême
Un seul tonnerre de violence, assourdit nos beaux discours
Et nous v'là prêt à jeter la France dans la guerre civile d'Eric Zemmour
C'est le jeu de la division, du commerce, de la terreur
Comment faire sombrer la Nation dans la déraison puis l'horreur
Des chefs d'orchestre sordides, instrumentalisent nos peines
De piètres cupides qui détestent plus qu'ils n'aiment
Ceux qui désirent l'affrontement, souvent ignorent sa réalité
Leur arrogance n'a d'égal que leur lâcheté
Ils soufflent sur des braises, planqués dans leur confort
Nous chantent la Marseillaise tant que la mort reste inodore
Ils pensent la guerre, mais ne porteront jamais le treillis
Quand on manquera de cimetières, ils fuiront le pays
Le laissant livré à lui-même, à feu et à sang
Derrière les couleurs du drapeau se cachent ces ennemis de la Nation
Semeurs de troubles, fourbes, névrosés
Cracheurs de venin au cœur sclérosé
Racistes décomplexés qui conceptualisent la haine
Mais même les Nazis avaient leurs propres intellectuels
Tirons des leçons du passé, y'a même pas 100 ans l'impensable est devenu vérité
Leurs paroles mettent des mots sur ce que leur cœur souhaite en secret
Ils n'se sentiront apaisés que lorsque les musulmans seront traqués
Lorsque les musulmans seront brusqués, persécutés pour leurs choix
Lorsque les musulmans seront parqués, exécutés pour leur foi
Ils veulent nous plonger, dans une guerre totale sans lendemain
En cela les terroristes et eux, poursuivent le même dessein
À bout d'souffle, la France est en apnée
Maintenant on s'rend compte à quel point précieuse est la paix
Faut-il perdre un bienfait pour en apprécier la valeur ?
Faut-il s'approcher du feu pour en constater la chaleur ?
Dans c'monde globalisé, Bagdad n'est plus si loin
Et nous n'avons qu'effleuré l'horreur de leur quotidien
Brutal est le réveil de nos années d'insouciance
Combien de peuples s'éveillent, chaque jour sous l'état d'urgence
Emplis de compassion, quand la terreur nous assiège
On a d'autres préoccupations que de jouir de nos privilèges
De la Libye à la Syrie, ils reproduisent les mêmes erreurs
Leur politique extérieure nous fait saigner de l'intérieur
Expansion guerrière, à peine maquillée
Ambitions pécuniaires, sous couvert d'humanité
Condamnations arbitraires puis silences injustifiés
Utilisation vulgaire du concept de liberté
Pour la survie des vôtres, est-c'que la mort des autres est vitale ?
Des frappes chirurgicales, ah bon ? Sur un hôpital !?
Comment condamner ici, tout en finançant là-bas ?
Nous sommes otages de vos jeux de pouvoirs que vous faites passer pour des combats
Du sang sur les mains, du pétrole dans la rétine
Les prétendus droits humains, chaque jours ils les piétinent
Soutiennent ceux qui les combattent, combattent ceux qu'ils soutiennent
Démagogues bureaucrates, politique schizophrène

La haine nous colle comme une ombre
Depuis qu'les faucons tirent sur les colombes
J'essaie encore de me montrer aimant
Un sain d'esprit gouverné par des déments
On n'a plus pied dans cette mer de sang
Nos désirs de paix nagent à contre-courant
La pluie a beau tomber sur les cœurs asséchés
On voit rarement fleurir les rochers
La paix n'est qu'un cessez l'feu
Car certains rient de c'qui nous émeut
Pendant qu'les fous tailladent des innocents
Je m'évade dans le sourire d'un enfant
Chacune de nos nuits attend son soleil
Faut-il que l'on meure pour quitter le sommeil ?
On n'a plus l'choix et il me semble
On doit vivre ou mourir ensemble












Kery James


miércoles, noviembre 21, 2018

Horizonte



Los pasos pesan, las piernas no aguantan. Mira sus fronteras: su horizonte se extiende sin parar. La hipocresía habla de derechos humanos sobre la terraza de un yate, bajo el sol de mediodía.

¿Cuál justicia? Esto es un genocidio donde quienes ejecutan también son abogados y jueces. Pero la culpa se obstina en recaer sobre esta tierra que te vio nacer.

Vivir es un acto terrorista pero no puedes abandonar la vida: tienes esta voz en un rincón de la cabeza que te dice - resiste, las balas a tu alrededor no harán más que alojarse solas en tu cuerpo; la renuncia es una muerte más amarga, la renuncia es más difícil de llevar.


Resistir es ante todo existir. Esta sed de libertad surge a cada aliento espirado. Este amor propio en la desgracia te empuja a levantar la cabeza ante los opresores de igual a igual: al menos ellos tienen enfrente a seres humanos y no a perros. Ellos tienen enfrente a padres y a madres de familia al pie de un muro, a niños cuyo único sueño consiste en conjugar sus vidas en futuro, y ellos creen que apagan la llama de una vela, pero mira, nuestros corazones conforman un incendio. 


Oh! cuánto coraje demuestra este pueblo que se niega a arrodillarse ante la tercera armada del mundo.



Creí que los días fríos quedaban atrás. 
Creí que el sufrimiento quedaba atrás.
En mi cielo tengo un mundo, un mundo sin fin, lleno de colores.
En mi cielo hay sueños y lo demás son espejismos.
A veces permanezco en silencio, a veces.
Yo hablo, cuento historias, balbuceo palabras.
Creí que los días fríos quedaban atrás.
Creí que el sufrimiento quedaba atrás. *



Porque allá cada día se celebra el carnaval y los crímenes atroces se disfrazan de cortes quirúrgicos. A pesar de eso, esa maquinaria de muerte no sirve de ejemplo: mira nuestras rodillas estables, y mira como las suyas tiemblan: son ustedes quienes masacran, son ustedes quienes a quemarropa bañan a toda una población con fósforo blanco, ustedes los que destruyen techos, escuelas, trabajo. Sin embargo, son ustedes quienes viven con el miedo a flor de piel porque por cada muerto que dejen, habrá alguien que porte la bandera.


Por cada alma arrebatada, encontrarán 10 que se levantarán, 10 que pelearán, y 10 que caerán. Y por estos 10 que caeremos, ustedes encontrarán mil que se levantarán, mil en el frente, mil que caeremos en el frente por sus manos, por esas manos que se ahogan en sangre e impunidad hasta que se enfrenten a un digno y orgulloso pueblo entero que se levante. Qué este día sea el mío, qué este día sea el tuyo porque hoy todos somos palestinos.













Code Roge, Emel Mathlouthi

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno





*Traducido del inglés.

sábado, noviembre 17, 2018

Constatación Amarga



Estoy cansado, ya tuve suficiente de combatir a los míos. No me sorprendería si me matan con sus propias manos. Nosotros... ver para creer, pero me temo que ese nosotros es apenas una ilusión: todos son adeptos a su propio camino. Nadie nos respeta y creo saber por qué: somos mezquinos y estamos divididos. Nos dejamos engañar, ni siquiera formamos una comunidad por estar preocupados por la necesidad. Seremos todos miopes, incapaces de ver más lejos? No queremos el beneficio, queremos la ganancia sin importar si se destruye el interés común. 



Vivimos inconscientes de los desafíos. Y contra nuestra voluntad, los medios de comunicación nos montaron en el juego. Manipulados como peones, todo el mundo cuenta con nuestra división. Sufrimos la xenofobia, somos incapaces de organizarnos en lobby. Siempre seremos mendigos a las puertas de su mundo mientras creamos que el respeto se mendiga. El respeto se impone y la lucha es económica. Observa la comunidad asiática. Nosotros hacemos mucho ruido y pocas cifras, damos pocos golpes y recibimos muchas bofetadas. 

Impunemente, los medios de comunicación nos difaman porque son conscientes de que insultarnos no comporta ningún riesgo para ellos. No intimidamos a nadie, somos el hazme reír de todos. Y nuestros motines se celebran lejos del Elíseo. Aparte de quemar algunos coches de pobre gente como nosotros y de sabotear nuestras propias estructuras, ¿dónde está nuestra Revolución? ¿dónde está nuestra evolución? Llevamos en Francia varias generaciones y dónde estamos?

Aunque duela, es necesario reconocer que estamos abajo en la escala social. Somos los más apuntados por la mira de los medios de comunicación, entonces explícame por qué somos los más divididos. Nos quejamos del racismo pero también somos racistas: son ellos contra nosotros pero sobre todo somos nosotros contra nosotros: argelinos contra marroquíes, marroquíes contra tunecinos, antillanos contra magrebíes, magrebíes contra africanos, turcos entre sí... 

Hasta en las mezquitas nuestros corazones se han dividido porque cada uno quiere dirigir, cada uno quiere dominar y cada uno evita considerar la posibilidad de que lo mejor sea paquistaní. Podemos plantearnos la cuestión: ¿quiénes son los más racistas? Sólo hace falta observar los problemas que plantean los matrimonios mixtos. No podemos reprochar a otros lo que también hacemos. 

Pongo el dedo en la llaga, es normal que este texto incomode. Jamás habrá evolución sin un profundo cuestionamiento. ¿Hay alguien más loco que un loco que cree tener la razón? 

¿Debo precisar mi punto de vista? Mientras nos tomemos por lo que no somos, podremos correr en todos los sentidos, pero jamás daremos un solo paso. La pobreza no puede excusar el comportamiento incivilizado. La agresividad constante y los insultos, a fin de cuentas, son usados por aquellos que nos hacen pasar por incultos. Sólo favorecen a los que nos odian: Nos señalan como el problema y por ello nos difaman. Comprende que sirves de idiota útil mientras no tengas ninguna visión. ¿Si no te gusta ser golpeado, por qué extiendes el bastón?

Quieres derribar el sistema? Vomita la píldora y comienza a refutar su manipulación. Para que una rebelión triunfe, debe ser pensada. Además, no se conduce una revolución con los pantalones abajo. Pero los nuestros que entran a la política nos traicionan: se complacen con el papel del Árabe o del Negro de servicio. Basta poco para corromperlos, no es que el sistema los confunda. Servimos de trapero sólo cuando nos arrastramos. Perdiste y estás perdido cuando esperas ser alguien negando tu identidad. Sufren de un mal perdurable porque la traición es desechable. Y cada traidor se sienta en un asiento eyectable.

Al mismo tiempo los nuestros que triunfan se ven forzados a huir antes de que la envidia los azote porque en el corazón de los envidiosos y a los ojos de los incapaces el éxito te hace culpable. ¿Es una excusa para justificar el egoísmo y escapar del pasado en Lexus?

Difícil de tender la mano sin hacerse cortar el brazo. ¿Pero si no me ocupo de los míos, quién lo hará? Pasa que en nuestra casa el éxito también conduce a un callejón sin salida porque los últimos quieren matarte para ser primeros. Y a tus hermanos desaparecidos, a los que continúas llorando, no fueron los polis quienes los mataron. Somos las primeras víctimas de nuestra propia violencia, prueba de nuestra profunda ignorancia. Nos matamos por el hash, por la coca o por el dinero. Y pronto nos mataremos por una tiradera. 

Necesitamos solidaridad si queremos la esperanza de un día superar la precariedad. No sólo detestando a otros uno crece, en tu espejo ves a veces a tu peor enemigo. 

Jamás seré su líder. No tengo la virtud, ni el valor, ni el rigor. Si tengo un mérito, es el de haber intentado. Y si tengo una pretensión, es la de amarlos. Y aquel que ama no engaña. Dibujo un retrato sombrío pero sólo describo lo que veo. Aterriza, deja que tus ilusiones zarpen al mar. Cuando tus ojos se abran, al igual que yo harás esta constatación amarga 

Esta constatación amarga, esta constatación amarga, esta constatación amarga...

Necesitamos solidaridad si queremos la esperanza de un día superar la precariedad. No sólo detestando a otros uno crece, en tu espejo ves a veces a tu peor enemigo. Todos son adeptos a su propio camino. Nadie nos respeta y creo saber por qué: somos mezquinos y estamos divididos. Nos dejamos engañar, ni siquiera formamos una comunidad.

Necesitamos solidaridad si queremos la esperanza de un día superar la precariedad. No sólo detestando a otros uno crece, en tu espejo ves a veces a tu peor enemigo. Todos son adeptos a su propio camino. Nadie nos respeta y creo saber por qué: somos mezquinos y estamos divididos. Nos dejamos engañar, ni siquiera formamos una comunidad.

















Kery James

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno




martes, noviembre 13, 2018

Canallas


¿Has tenido suficiente, eh? Has tenido suficiente de esta partida de canallas. Te vamos a quitar ese peso de encima. 



¡Canallas!
Deberíamos usar una aspiradora con ustedes. Cuando el pueblo despierte la van a pagar caro

¡Canallas!

Sentimos que votar es escoger de entre ustedes al próximo estafador

¡Canallas!
Republicanos o PS. Guárdense sus promesas en su bolsa marca Hermès
¡Canallas!
Ustedes nunca conocieron la precariedad. Ustedes viven alejados de nuestra realidad 

¡Canallas!
La gente lo piensa, yo lo hago música. Y para aquellos que todavía lo ignoran, yo lo hago público. No apoyo a ningún partido, marcho en contra de sus trucos. Sus programas electorales son sólo villancicos


¡Canallas!

Escogemos a los mismos y empezamos de nuevo. Las mismas promesas, las mismas mentiras. Los mismos con el tesoro, los mismos que se hunden. Los mismos en apuros, los mismos que se regodean


¡Canallas!
Los mismos mentirosos trafican las mismas cuentas. Los mismos ayudantes al servicio de los mismos peces gordos. Los mismos hijos de pobres son encarcelados. Los mismos hijos de burgueses son formados para regir. Esperamos que un hombre del pueblo emerja, pero es raro encontrar un candidato con bolsillos impecables.

Mi aversión al sistema permanece intacto. ¿Cuál de ellos puede tirar la piedra sobre Cahuzac? ¡Canallas¡Claude Guéant, Canalla! ¡Balkany, Canalla! ¡Jean François Copé, Canalla¡Philippe Bernard, Canalla! ¡Harlem Désir, Canalla! Alain Juppé, Canalla!

Ellos, todos los citados, han sido condenados: los ciudadanos que hacen negocios como endemoniados


¡Canallas!
Ustedes fueron confrontados por el grupo TándemY siguen haciendo lo mismo con Francia, hasta desangrarla, hasta que se quiebre como Grecia o Italia. Ustedes han lastimado el país hasta la agonía

¡Canallas!

¿La acumulación de mandatos hasta dónde irá? ¿Es esta la acumulación de salarios que ustedes desean?

¡Canallas!

Como toda la Francia de abajo, no creo más en los políticos. Continúo el combate, creo en el despertar ciudadano
¡Canallas!
Para cambiar las cosas se necesita querer hacerlo, pero ustedes no tienen una causa honda, sólo buscan poder

¡Canallas!
Ustedes hacen política sin convicción, a veces hasta lo hacen para evadir la prisión
¡Canallas!
En traje de corbata son los verdaderos bandidos. Ustedes ya no creen en nada, ya nadie cree en ustedes
¡Canallas!
Hay que observar las tasas de abstención, no se puede tomar tanto a la gente por idiota, cuidado
¡Canallas!
¿Sienten el viento girar como sus chaquetas? Entre ustedes y la calle, hay más que el CRS
¡Canallas!
Sin aliento, su sistema está en un punto muerto. Al tratar de resistir, es un entuerto
¡Canallas!
Ustedes son elegidos para una tarea, pero no la llevan a cabo: ustedes hacen lo contrario, de cabo a rabo. Esto no les molesta

¡Canallas!
Y si el pueblo tiene la idea de rebelarse, ustedes disponen de un ejército de polis bien entrenados y fanáticos 
¡Canallas!
El diálogo social yace en un ataúd: los policías tiran del Flash-ball y puedes perder un ojo
¡Canallas!
Ustedes alimentan el fastidio a la policia pues la usan como arma privatizada.



El político, sea mujer u hombre (por el momento, posiblemente mañana habré cambiado de opinión) no sirve para nada, es un prestador de servicios... Estas putas deudas, que joroban a todo el mundo, que sirven a los pueblos en bandeja, que les ponen de rodillas, etcétera, no logramos salir de ellas, como tampoco de los políticos... uno no sale de ellas, putas deudas... ¡Porque el banco es más fuerte que uno!


¡Canallas!

Todo el mundo lo sabe, es evidente; ustedes están completamente sometidos a las finanzas
¡Canallas!
Ustedes votan las leyes que los burgueses les encargan. Después del 49.3 nada me asombra
¡Canallas!
Trabajamos más y ganamos menos. Esperamos justo la primavera europea
Cotizamos para jubilaciones que posiblemente jamás veremos: todo el dinero que se recauda ustedes lo retienen
¡Canallas!
A fin de cada mes en números rojos, uno tiene la impresión de ser esclavo del sistema bancario
¡Canallas!
Hasta los burgueses conocen el juego, gozan de paraísos fiscales mientras las pequeñas PYME se hunden bajo las cargas sociales

¡Canallas!
¡Radar, pagamos! ¡Peaje, pagamos! ¡Contaminación, pagamos!
¡Canallas!
¡Oh! ¿Qué hacen con todo ese dinero? ¿Qué hacía Eric Zemmour en una cadena pública?
¡Canallas!
Pagan para propagar su odio. Siembran semillas que el FN cosecha. Incluso frecuentan a Marine Le Pen. Cualquiera que combata al Islam puede sentarse a su mesa.
¡Canallas!
Incapaces de gobernar, ustedes dividen
¡Canallas!
Incapaces de unir, ustedes estigmatizan

¡Canallas!
Cegados por el poder, sus corazones están más velados que la cara de una mujer con velo
¡Canallas!
Sus supuestos principios laicos, no conciernen a la saudí en los Campos Elíseos. Para ustedes todo es negociable, todo es cuestión de dinero... están incluso dispuestos a entregar los suburbios a Qatar
¡Canallas!
Su juego es turbio
¡Canallas!
Su discurso es doble

¡Canallas!
En el país que se dice de los derechos humanos
¡Canallas!
El Estado de emergencia se hizo la norma. Y ustedes pretenden enseñarle al mundo entero a imponer la democracia a golpes de mortero.
Sin piedad ustedes asesinaron a Gaddafi ¿Hoy en cuál estado se encuentra Libia?
¡Canallas!
La gente lo sabe, yo le pongo música. Sus medios de comunicación lo callan, yo lo hago público.

Les hago frente como un pillo del Minguettes. ¿Es esta la clase de texto que puede valerme una ficha S?
No doy el brazo a torcer. No me bajo el pantalón, la cabeza en alto, soy íntegro.
Hago Hip hop. Ustedes le llaman música negra.

Soy independiente, nunca me verán poner un pie en Skyrock (jamás, jamás).  No les gusta lo que soy, lo que defiendo, lo que visto.
Es recíproco
Hicieron del R-A-P un travesti. Soy uno de los sobrevivientes
Ensalzaron la mediocridad. Hicieron un Hip Hop de etiqueta. Promueven clashes para dividirnos y mientras esto sube la audiencia podemos imaginar que cuando un rapero se haga matar, organizarán un concierto en nombre de la paz: ¡Sí, claro!
Compongo música contestataria. Ustedes venden espacios publicitarios
¡Canallas!
Me sacrifiqué por mi hermanos menores, pero ustedes se han servido de cosas que los llevan al cementerio
¡Canallas!
Dinero y violencia en sus listas de reproducción. Ustedes embrutecen a los míos y eso le place a las élites.
¡Canallas!
Se servieron de mí, me serví de ustedes. Pero ya no los necesito para que mi mensaje llegue a más gente: tengo un público que me sostiene
Hice cosas, el pueblo se acuerda
La gente lo vomita, yo lo hago público
Nada ha cambiado desde Carta a la República.















Kery James

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno



domingo, noviembre 11, 2018

Vol


Seul celui qui aime vole. Mais qui aime au point
d'être comme l'oiseau le plus léger et le plus fugitif ?
S'enfonçant va cette haine qui règne sur tout ce qui

voudrait remonter par lui-même directement en vie.

Aimer... Mais qui aime ? Voler... Mais qui vole ?
Je conquerrai le bleu avide de plumage,
mais l'amour, toujours en bas, se désole
de ne pas trouver le ailes qu'un certain courage donne.

Un être ardent, clair en désirs, ailé,
voulut monter, avoir la liberté pour nid.
Il voulut oublier que l'homme s'en éloigne enchaîné.
Où il manquait des plumes, il mit courage et oubli.

Il allait si haut parfois, que resplendissaient
sur sa peau le ciel, sous sa peau l'oiseau.
Être qui te confondis un jour avec une alouette,
tu t'abattis un autre jour comme la grave grêle.

Tu sais déjà que les vies des autres sont des dalles
avec lesquelles t'emmurer : des prisons avec lesquelles avaler la tienne.
Passe, vie, entre les corps, entre les superbes grilles.
À travers les grilles, que le sang libre afflue.

Triste instrument joyeux de se vêtir ;
tuyau qui nos force à convoiter et à respirer le feu.
Épée dévorée par un usage constant.
Corps dans l'horizon fermé duquel je me déploie.

Tu ne voleras pas. Tu ne peux pas voler, corps qui erres
à travers ces galeries où l'air est mon nœud.
Plus tu te débats pour monter, plus tu fais naufrage.
Tu ne hurleras pas. Le champ continue désert et muet.

Les bras ne battent pas des ailes. Ils sont à peine une queue
que le cœur voudrait lancer au firmament.
Le sang s'attriste à force de se débattre seul.
Les yeux deviennent tristes à force de méconnaître.

Chaque ville, endormie, se réveille folle, exhale
un silence de prison, de songe qui brûle et pleut
comme un élytre enroué de ne pas pouvoir être aile.
L'homme gît. Le ciel s'élève. L'air bouge.















Miguel Hernández

Traduction de Sara Solivella et Philippe Leigne


L'Art D'Aimer


Avec la coupe sertie d’azur,
Attends-la
Auprès du bassin, des fleurs du chèvrefeuille et du soir,
Attends-la
Avec la patience du cheval sellé pour les sentiers de montagne,
Attends-la
Avec le bon goût du prince raffiné et beau,
Attends-la
Avec sept coussins remplis de nuées légères,
Attends-la
Avec le feu de l’encens féminin omniprésent,
Attends-la
Avec le parfum masculin du santal drapant le dos des chevaux,
Attends-la
Et ne t’impatiente pas. Si elle arrivait après son heure,
Attends-la
Et si elle arrivait, avant,
Attends-la
Et n’effraye pas l’oiseau posé sur ses nattes,
Et attends-la
Qu’elle prenne place, apaisée, comme le jardin à sa pleine floraison,
Et attends-la
Qu’elle respire cet air étranger à son cœur,
Et attends-la
Qu’elle soulève sa robe qu’apparaissent ses jambes, nuage après nuage,
Et attends-la
Et mène-la à une fenêtre qu’elle voit une lune noyée dans le lait,
Et attends-la
Et offre-lui l’eau avant le vin et
Ne regarde pas la paire de perdrix sommeillant sur sa poitrine,
Et attends-la
Et comme si tu la délestais du fardeau de la rosée,
Effleure doucement sa main lorsque
Tu poseras la coupe sur le marbre,
Et attends-la
Et converse avec elle, comme la flûte avec la corde craintive du violon,
Comme si vous étiez les deux témoins de ce que vous réserve un lendemain,
Et attends-la
Et polis sa nuit, bague après bague,
Et attends-la
Jusqu’à ce que la nuit te dise :
Il ne reste plus que vous deux au monde.
Alors porte-la avec douceur vers ta mort désirée
Et attends-la!...













Mahmoud Darwish

Traduction : Elias Sanbar




*******


Lien vers L'Art D'Aimer sur le fond du Trio Joubran:





viernes, noviembre 09, 2018

Le Joueur De Dés


Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
Moi qui ne suis pas un galet que les eaux ont tellement poli
Qu'il est devenu une figure
Ni un roseau que les vents ont tellement percé
Qu'il est devenu une flûte…

Je suis le joueur de dés
Tantôt je gagne, tantôt je perds
Je suis comme vous
Ou un peu moins...

Je suis né à côté du puits
Et des trois arbres solitaires comme des nonnes
Je suis né sans cérémonial ni sage-femme
Et l’on a choisi mon nom par hasard
J’ai appartenu à une famille par hasard
J’en ai hérité les traits, les qualités
Et les maladies :

Premièrement - une malformation au niveau des artères
Et l’hypertension
Deuxièmement - la timidité à m’adresser à père, à mère
Et à la grand-mère - l'arbre
Troisièmement - l’espoir de soigner la grippe
Avec un verre de camomille bien chaud
Quatrièmement - une paresse à parler du faon et de l’alouette
Cinquièmement - une lassitude les nuits d’hiver
Sixièmement - un flagrant échec à chanter

Je n’ai aucun mérite dans ce que je fus
C’est un hasard que je sois né garçon
Par hasard, j’ai vu le croissant, pâle comme un citron
Harcelant les jeunes filles qui veillent
Je n’ai fait aucun effort pour trouver
Une tache de vin à l’endroit le plus intime de mon corps

J’aurais pu ne pas être
Mon père aurait pu ne pas avoir
Épousé ma mère par hasard
J’aurais pu être comme ma sœur
Qui cria puis mourut
Sans s'être aperçue
D’avoir vu le jour pour une heure de temps
Et de pas avoir connu sa mère

Ou alors être comme
Les œufs d’un pigeon qui se sont cassés
Avant de sortir de leur calcaire

C’est un hasard que je sois
Le survivant de l’accident du bus
J’étais alors en retard pour la navette scolaire
Parce que j’avais oublié l’existence et ses conditions
Lorsque le soir je lisais une histoire d’amour
J’y incarnais le rôle de l’auteur
Et celui de l’amant-victime
J’étais alors le martyr de l’amour dans le roman
Et le survivant de l’accident de circulation.

Je n’ai pas de mérite dans la plaisanterie avec la mer
Mais j’étais un garçon écervelé
Amateur de vagabondage dans l’attraction d’une eau
Qui m’appelait : Viens auprès de moi
Je n’ai aucun mérite à avoir été sauvé de la mer
Un albatros humain m’avait secouru
Ayant vu la mer qui me poursuivait et paralysait mes bras

J’aurais pu ne pas être follement
Épris du poème mural
Si la porte d’entrée orientée plein nord
Ne donnait pas sur la mer
Si la patrouille militaire n’avait pas vu le feu du village
Cuisant le pain de la nuit
Si quinze martyrs
Avaient reconstruit les barricades
Si cet espace agricole n’avait pas été brisé
Peut-être serais-je devenu olivier
Ou professeur de géographie
Ou spécialiste du royaume des fourmis
Ou gardien de l’écho

Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
À la porte de l’église
Moi qui ne suis que le coup de dés
Du prédateur et de la proie
J’ai gagné davantage d’éveil
Non pas pour être heureux d’un clair de lune
Mais pour être témoin du massacre

J’ai survécu par hasard : j’étais plus petit qu’un objectif militaire
Et plus grand qu’une abeille butinant entre les fleurs de la clôture
Et j’ai eu très peur pour mes frères et pour mon père
Et j’ai eu peur pour ce temps tout en verre
Et j’ai eu peur pour mon chat, pour mon lapin
Et pour une lune charmante au-dessus du grand minaret
J’ai eu peur pour les raisins de la treille
Qui pendent comme les mamelles de notre chienne

La peur me porta et je l’ai portée
Pieds nus, ayant oublié les souvenirs de ce que je voulais
Du lendemain – il n’y a pas de temps pour le lendemain-

Je marche/ Je trotte/ Je cours/ Je monte/ Je descends
/
Je crie/ J’aboie/ Je hurle/ J’appelle/ Je braille/
Je me hâte/ Je tombe/ Je m’allège/ Je sèche/ Je vole/
Je vois/ Je ne vois pas/Je trébuche/
Je jaunis/ Je verdis/ Je bleuis/
Je me mutine/ Je larmoie/ J’ai soif/ Je me fatigue/
Je m’épuise/ Je tombe/ Je me relève/
Je cours/ J’oublie/ Je vois/ Je ne vois pas/
Je me souviens/ J’entends/ Je vois/ Je délire/
J’hallucine/ Je murmure/ Je crie/
Je ne peux pas/ Je gémis/ Je deviens fou/ Je me perds/
Je m’amoindris/ Et je me multiplie/ Je tombe/ Je m’élève/
Et je descends/ Je saigne/et Je m’évanouis.

Par chance, les loups avaient disparus de l’endroit
Par hasard ou alors par crainte des soldats

Je n’ai pas joué de rôle dans ma vie
Autre que celui
De lui avoir dit : encore
Lorsqu’elle m’a appris ses psalmodies
D’avoir allumé ses lampes
Et d’avoir essayé de les régler

J’aurais pu ne pas être une hirondelle
Si le vent l’avait voulu
Ce vent qui est la chance du voyageur…
J’ai pris la direction du Nord, de l’Est, de l’Ouest
Quant au Sud, il était trop loin, trop ardu pour moi
Parce que le Sud est mon pays
Alors je suis devenu métaphore d’une hirondelle
pour voler au-dessus de mes débris
Printemps comme automne…
Je baptise mes plumes avec la nuée d’un lac
Et je fais un long ave
Au Nazaréen qui ne meurt pas
Parce qu’il porte le souffle de Dieu
Ce Dieu qui est la chance du prophète…

Et j’ai la chance d’être voisin de la divinité…

Par malchance, la croix
Est l’éternelle échelle vers notre lendemain !

Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire
Qui suis-je ?

L’inspiration aurait pu ne pas être de mon côté
Cette inspiration qui est la chance des solitaires
Le poème est un coup de dés
Sur un plateau d’obscurité
Qui peut rayonner ou ne pas rayonner
La parole tombe alors
Comme plumes sur le sable

Je n’ai pas de rôle dans le poème
Autre que de m’incliner à son rythme :
Le mouvement des sensations s’accordant l’une l’autre
Une intuition révélant un sens
Une syncope dans l’écho des mots
Une image de moi-même qui est passée
À son alter ego
L’assurance que j’ai à l’égard de moi-même
Et ma nostalgie pour la source

Je n’ai pas de rôle dans le poème
Sauf lorsque l’inspiration tarit
Cette inspiration qui est la chance
du savoir-faire lorsqu’il innove

J’aurais pu ne pas aimer la jeune fille qui
M’a demandé : « quelle heure est-il ? »
Si je n’avais pas été sur le chemin du cinéma…
Elle aurait pu ne pas être la métisse
Qu’elle est, ou être une pensée sombre et hermétique…

C’est ainsi que naissent les mots. 
J’entraîne mon cœur
À aimer afin qu’il puisse contenir la rose et l’épine…

Mes mots sont mystiques et mes désirs sensoriels
Et je ne suis pas celui que je suis maintenant
Sauf lorsque mes deux « moi » se rencontrent :
Mon moi féminin et moi-même

O amour ! qu’es-tu ? Comme tu es toi-même
Sans être toi-même ! O amour ! Souffle sur nous
En tempêtes orageuses afin que nous parvenions
À cette incarnation du céleste dans le charnel à quoi tu nous destines
Et infiltre-toi dans un versant débordant des deux côtés
Car – que tu te manifestes ou que tu te dissimules-
Tu n’as pas de forme
Et nous t'aimons lorsque nous aimons par hasard
Tu es la chance des pauvres gens

Par malchance, j’ai échappé maintes fois
À la mort par amour
Par chance, je suis encore assez frêle
Pour mener l’expérience !

L’amoureux expérimenté se dit à part soi :
C’est l’amour qui est notre mensonge vrai
Et l’amoureuse qui l’entend
De répondre : c’est l’amour, il va et vient
Comme l’éclair et la foudre

À la vie, je dis : patience, attends-moi
Jusqu’à ce que la lie sèche dans ma coupe.
Il y a dans le jardin des roses répandues et l’air
Ne peut échapper à la rose.
Attends-moi afin que les rossignols ne me fuient pas
Car je risquerais alors de faire une fausse note
Sur la place, l’orchestre accorde ses instruments
Pour l’hymne de l’adieu.
Patience ! Tiens-moi par la taille afin que l’hymne ne soit pas
trop long ce qui romprait le rythme entre des stances
Qui sont paires alors que la clausule est impaire :
Vive la vie !
Doucement, étreins-moi afin que le vent ne m’éparpille pas
Même au-dessus du vent, je ne peux me détacher
De l’alphabet

Si je n’étais pas debout sur une montagne
Ce minaret de l’aigle m’aurait fait plaisir : aucune lumière plus haut !
Mais une gloire comme celle qui est couronnée d’un or bleu infini
Est difficile à visiter : le solitaire y demeure solitaire
Et ne peut descendre à pied
Car l’aigle ne marche pas
Ni l’homme ne vole
O cime semblable au précipice
O toi isolement élevé de la montagne !

Je n’ai aucun rôle dans ce que je fus
Ni dans ce que je serai ….
C’est la chance. Et la chance n’a pas de nom
On pourrait l’appeler forgeron de nos destinées
Facteur du ciel
Menuisier du berceau pour nouveau-né et du cercueil pour le regretté
On pourrait l’appeler domestique des dieux dans une mythologie
Où nous leur aurions écrit les textes
Avant de nous cacher derrière l’Olympe…

Les marchands de poteries affamés les ont crus
Et nous avons été démentis par les seigneurs de l’or
À la panse bien pleine par malchance pour l’auteur,
C’est la fiction qui est réaliste sur les scènes du théâtre

Derrière les coulisses, les choses sont différentes
La question n’est pas : quand ?
Mais plutôt : pourquoi ? comment ? et qui ?

Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?

J’aurais pu ne pas exister,
La caravane aurait pu tomber
Dans une embuscade et la famille aurait perdu un garçon,
Même qui écrit maintenant ce poème
Lettre après lettre, saignement après saignement
Sur ce canapé avec du sang de couleur noire
Qui n’est ni l’encre du corbeau, ni sa voix
Mais plutôt un concentré de toute la nuit
Goutte à goutte, avec la main chanceuse et géniale

La poésie aurait pu gagner davantage si
Quelqu'un d'autre que lui avait été la huppe
Au-dessus du cratère du précipice
Peut-être a-t-il dit : si j’étais un autre
Je serais devenu moi-même une autre fois

C’est ainsi que je ruse : Narcisse n’était pas beau
Comme il l’avait cru. Mais ceux qui l’ont fabriqué
L’ont piégé dans son miroir. Et il contempla longuement
L’air distillé dans l’eau…

S’il avait pu voir quelqu’un d’autre
Il aurait aimé une jeune fille qui le scrutait du regard,
Oubliant les rennes trottant entre tulipes et coquelicots…

S’il était été un peu plus intelligent
Il aurait brisé son miroir
Et il aurait vu à quel point il était lui-même les autres…

S’il avait été libre, il ne serait pas devenu un mythe…

Le mirage est le livre du voyageur dans le désert.
Sans livre, sans mirage, il n’aurait pas continué la marche
À la recherche de l’eau. Il se dit : ceci est un nuage
Et il prend d’une main l’aiguière de ses espoirs et de l’autre
Il se tient la hanche. Il bat des pas sur le sable
Pour concentrer les nuages dans un trou.
Mais le mirage l’appelle,
Le tente, le dupe puis le hisse : lis
Si tu le peux. Écris si
Tu le peux. Il lit : « eau », « eau »,
« Eau ».
Et il écrit une ligne sur le sable : n’eût été le mirage
Je ne serais pas en vie jusqu’à maintenant

Par chance pour le voyageur, l’espoir
Est le frère jumeau du désespoir, ou alors sa poésie improvisée
Lorsque le ciel semble gris
Et que j’aperçois une rose qui soudain a fait saillie
À travers les lézardes d’un mur.
Je ne dis pas alors : le ciel est gris
Mais je scrute longuement la rose
Et lui dis : ah quelle journée !

Et à deux de mes amis je dis au seuil de
La nuit
S’il faut rêver, que notre rêve soit
Comme nous…et qu’il soit simple
Par exemple : que nous trois
Nous dînerons ensemble dans deux jours
Pour fêter la prophétie de notre rêve
Et qu’il ne manque personne de nous trois
Depuis deux jours,
Fêtons donc la sonate de la lune
Et la tolérance d’une mort qui nous ayant vus heureux ensemble
A fermé les yeux !
Je ne dis pas que loin, là-bas, la vie est possible

Ni que l'espace est imaginaire.
Je dis plutôt que la vie ici est possible
Que la terre est devenue sainte par hasard
Non pas parce que ses lacs, ses collines et ses arbres
Sont une copie du paradis de l’au-delà
Mais parce qu’un prophète a marché par ici,
Qu’il a prié sur un rocher à l’avoir fait pleurer
Et que la colline est tombée en pâmoison,
Par crainte de Dieu

Et c’est par hasard que la pente du champ est devenue
Dans cette ville, un musée des vétilles…
Parce que des milliers de soldats sont morts là-bas
Des deux côtés, pour défendre deux chefs qui
Disaient : allons. Et attendaient le butin dans
Deux tentes en soie, des deux côtés…

Les soldats sont morts plusieurs fois sans savoir
Jusqu’à maintenant qui a remporté la guerre !
C’est par hasard que quelques chroniqueurs ont vécu et ils ont dit :
Si les autres avaient vaincu leurs autres
L’histoire humaine aurait eu d’autres intitulés

O terre tout en verdure. Pomme. « Je t’aime ainsi verte»
Tu ondoies dans la lumière et dans l’eau. Verte. Ta nuit
Est verte. Ton aube est verte. Sème-moi en toute douceur…
Avec la douceur d’une main maternelle, dans une poignée d’air.
Je suis une de tes semences vertes…

Ce poème là n’a pas un seul auteur
Il aurait pu ne pas être lyrique…

Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
J’aurais pu ne pas être ici…

Mon avion aurait pu s’écraser
Un matin,
Mais j’ai la chance d’être un lève-tard
Et j’ai donc raté l’avion
J’aurais pu ne pas connaître Damas, le Caire
Le Louvre et les villes enchanteresses

Si je marchais plus lentement,
Le fusil aurait pu supprimer mon ombre
Du cèdre qui veille
Si je marchais plus rapidement
J’aurais pu recevoir un éclat d’obus
Et devenir une idée passagère
J’aurais pu, si j’abusais du rêve,
Perdre la mémoire.

Par chance, je dors seul
Et je peux donc être à l’écoute de mon corps
Et croire au talent que j’ai pour découvrir la douleur
J’appelle le médecin, avant de mourir de dix minutes,
Dix minutes suffisent pour que je vive par hasard
Et que je déçoive le néant
Qui suis-je pour décevoir le néant ?
Qui suis-je ? Qui suis-je ?













Mahmoud Darwish