Mostrando las entradas con la etiqueta René Char. Mostrar todas las entradas
Mostrando las entradas con la etiqueta René Char. Mostrar todas las entradas

jueves, mayo 30, 2019

Ce Bleu N'est Pas Le Nôtre


Nous étions à la minute de l'ultime distinction.
Il fallut rapatrier le couteau.
Et l'incarnat analogique.

Peu auront su regarder la terre sur laquelle ils vivaient et la tutoyer en baissant les yeux.
Terre d'oubli, terre prochaine, dont on s'éprend avec effroi.
Et l'effroi est passé...

À chacun son sablier pour en finir avec le sablier.
Continuer à ruisseler dans l'aveuglement.

Qui délivrera le message n'aura pas d'identité.
Il n'oppressera pas.

Modeler dans l'apocalypse, n'est-ce pas ce que nous faisons chaque nuit sur un visage acharné à mourir ?

Un outil dont notre main privée de mémoire découvrirait à tout instant le bienfait, n'envieillirait pas, conserverait intacte la main.

Alors disparurent dans la brume les hommes au petit sac.








Marc Chagall: Noah Et Le Arc En Ciel









René Char

sábado, abril 07, 2018

Yo Habito Un Dolor


No dejes el cuidado de gobernar tu corazón a esas ternuras parientas del otoño del que ellas toman su plácido aspecto y su afable agonía. El ojo es precoz para plegarse. El sufrimiento conoce pocas palabras. Prefiere acostarse sin carga: soñarás con el mañana y tu lecho te será leve. Soñarás que tu casa ya no tiene vidrios. Estás impaciente por unirte al viento, al viento que recorre un año en una noche. Otros cantarán la incorporación melodiosa, las carnes que sólo personifican la hechicería del reloj de arena. Condenarás la gratitud que se repite. Más tarde, te identificarás con algún gigante disgregado, señor de lo imposible.

Sin embargo.

No has hecho más que aumentar el peso de tu noche. Has vuelto a la pesca en las murallas, a la canícula sin verano. Estás furioso contra tu amor en el centro de una comprensión que enloquece. Piensa en la casa perfecta que nunca verás elevarse. ¿Para cuándo la cosecha del abismo? Pero has vaciado los ojos del león. Crees ver pasar la belleza por encima de las lavandas negras.

¿Qué es lo que te ha izado, una vez más, un poco más arriba sin convencerte?

No hay sitio puro.




Second Birth, by Odd Nerdrum




René Char

Traducción de Raúl Gustavo Aguirre

J’Habite Une Douleur


Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l’automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L’oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n’a plus de vitres. Tu es impatient de t’unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D’autres chanteront l’incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t’identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l’impossible.

Pourtant.

Tu n’as fait qu’augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d’une entente qui s’affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. A quand la récolte de l’abîme? Mais tu as crevé les yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires…

Qu’est-ce qui t’a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?

Il n’y a pas de siège pur.



Second Birth, by Odd Nerdrum




René Char


Allégeance


Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour: chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima.


Il cherche son pareil dans le vœu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l'espoir, puis, léger, l'éconduit.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
A son insu, ma liberté est son trésor!
Dans le grand méridien où s'inscrit son essor,
Ma solitude se creuse.

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour: chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima
Et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas!






René Char


domingo, octubre 09, 2016

Bienvenida



¡Ojalá vuelvas a tu desorden, y el mundo al suyo. La asimetría es juventud. No se mantiene el orden más que el tiempo que se tarda en odiar su carácter de mal. 
Entonces se avivará en ti el deseo del porvenir, y cada peldaño de tu escalera desocupada y todos los rasgos inhibidos de tu vuelo te llevarán, te elevarán con un mismo sentimiento gozoso.
Hijo de la oda ferviente, abjurarás del gigantesco enmohecimiento. 

Los solsticios cuajan el dolor difuso en una dura joya adamantina. El infierno a su medida que se habían esculpido 
los limadores de metales volverá a bajar vencido a su abismo. Delante del olvido nuevo, la única nube en el cielo
será el sol.

Mintamos esperanzados a quienes nos mienten: que la inmortalidad inscrita sea a la vez la piedra y la lección.




René Char

Versión de Jorge Riechmann


lunes, abril 25, 2016

Consuelo


Por las calles de la ciudad va mi amor. Poco importa
a dónde vaya en este roto tiempo. Ya no es mi amor: el
que quiera puede hablarle. Ya no se acuerda: ¿quién en
verdad le amó?

Mi amor busca su semejanza en la promesa de las
miradas. El espacio que recorre es mi fidelidad. Dibuja
la esperanza y en seguida la desprecia. Prevalece sin
tomar parte en ello.

Vivo en el fondo de él como un resto de felicidad.
Sin saberlo él, mi soledad es su tesoro. Es el gran meridiano
donde se inscribe su vuelo, mi libertad lo vacía.

Por las calles de la ciudad va mi amor. Poco importa
a dónde vaya en este roto tiempo. Ya no es mi
amor: el que quiera puede hablarle. Ya no se acuerda:
¿quién en verdad le amó y le ilumina de lejos para que
no caiga?




René Char