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martes, enero 23, 2018

Las Hojas Muertas


Oh, me gustaría tanto que recordaras
Los días felices cuando éramos amigos...
En aquel tiempo la vida era más hermosa
Y el sol brillaba más que hoy.
Las hojas muertas se recogen con un rastrillo...
¿Ves? No lo he olvidado...
Las hojas muertas se recogen con un rastrillo
Los recuerdos y las penas, también.
Y el viento del norte se las lleva
En la noche fría del olvido
¿Ves? No he olvidado
la canción que tú me cantabas.

Es una canción que nos acerca
Tú me amabas y yo te amaba
Vivíamos juntos
Tú, que me amabas, y yo, que te amaba...
Pero la vida separa a aquellos que se aman
Silenciosamente sin hacer ruido
Y el mar borra sobre la arena
El paso de los amantes que se separan.

Las hojas muertas se recogen con un rastrillo.
Los recuerdos y las penas, también.
Pero mi amor, silencioso y fiel
Siempre sonríe y le agradece a la vida.
Yo te amaba, y eras tan linda...
Cómo crees que podría olvidarte?
En aquel tiempo la vida era más hermosa
Y el sol brillaba más que hoy
Eras mi más dulce amiga,
Mas no tengo sino recuerdos
Y la canción que tú me cantabas,
¡Siempre, siempre la recordaré!







Jacques Prévert



Les Feuilles Mortes


Oh! Je voudrais tant que tu te souviennes
des jours heúreux quand nous étions amis
En ce temps-la la vie était plus belle
et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
Tu vois je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle...
Les souvenirs et les regrets aussi
et le vent du nord les emporte
dans la nuit froide de l'oubli
Tu vois je n'ai pas oublié
la chanson que tu me chantais

C'est une chanson qui nous ressemble
Toi tu m'aimais
et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble
toi qui m'aimais
et que j'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
tout doucement
sans faire de bruit
et la mer efface sur le sable
les pas des amants désunis

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
sourit toujours et remercie la vie
Je t'aimais tant tu étais si jolie
Comment veux tu que je t'oublie
En ce temps-la la vie était plus belle
et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
Tu étais ma plus douce amie...
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais
toujours toujours je l'entendrai






Jacques Prévert




jueves, julio 27, 2017

Este Amor


Este amor
Tan violento
Tan frágil
Tan tierno
Tan desesperado
Este amor
Bello como el día
Y malo como el tiempo
Cuando hay mal tiempo
Este amor tan sincero
Este amor tan hermoso
Tan feliz
Tan jovial
Y tan pobrecillo
Trémulo como un chiquillo en la oscuridad
Y tan seguro de sí mismo
Como un hombre tranquilo en lo más hondo de la noche
Este amor que da miedo a los demás
Que los hace hablar
Que los hace palidecer
Este amor acechado
Porque nosotros lo acechamos
Acosado herido pisoteado destrozado negado olvidado
Porque nosotros lo hemos acosado herido pisoteado destrozado negado olvidado
Este amor íntegro
Tan vivo todavía
Y pleno de sol
Es el tuyo
Es el mío
Ese que ha sido
Este algo siempre nuevo
Y que no ha cambiado
Tan verdadero como una planta
Tan tembloroso como un pájaro
Tan cálido tan vivo como el verano
Ambos podemos juntos
Alejarnos y retornar
Olvidarlo
Y después dormirnos
Despertarnos padecer envejecer
Dormirnos de nuevo
Soñar con la muerte
Despertarnos sonreír y reír
Y rejuvenecer
Nuestro amor sigue allí
Obstinado como un borrico
Viviente como el deseo
Cruel como la memoria
Absurdo como el arrepentimiento
Tierno como los recuerdos
Frío como el mármol
Bello como el día
Frágil como un niño
Nuestro amor nos mira sonriendo
Y nos habla sin decir nada
Y yo lo escucho tembloroso
Y grito
Grito por ti
Grito por mí
Y le suplico
Por ti por mí por todos los que se aman
Y los que se han amado
Sí le grito
Por ti por mí y por todos
Los que no conozco
Quédate
Allí donde estás
Allí donde estuviste antes
Quédate
No te muevas
No te vayas
Nosotros los que somos amados
Te hemos olvidado
Pero no nos olvides tú
Sólo te teníamos a ti en el mundo
No permitas que nos volvamos indiferentes
Cada vez mucho más lejos
Y desde donde sea
Danos señales de vida
Mucho más tarde desde el rincón de un bosque
En la selva de la memoria
Surge de repente
Tiéndenos la mano
Y sálvanos



Maternidad, de Oswaldo Guayasamín



Jacques Prévert




This Love


This love
So violent
So fragile
So tender
So hopeless
This love
As beautiful as the day
And as wretched as the weather
When the weather is wretched
This love
So real
This love
So beautiful
So happy
So joyous
And so ridiculous
Trembling with fear
Like a child in the dark
And so sure of itself
Like a tranquil man in the quiet of the night
This love
Which made others afraid
Which made them gossip
Which drained the colour from their cheeks
This love
Watched for
Because we watched for them
Snared, wounded, trampled, finished, denied, forgotten
Because we snared, wounded, trampled, finished, denied, forgot it
This love
Entire
Still so alive
Shining
This is yours
This is mine
This love
Which is always new
And which never changes
Real like a plant
Quivering like a bird
Warm and as alive as the summer
We can both
Go and come back
We can forget
And fall asleep
And wake up
To suffer old age
Fall asleep again
To dream to death
Awake
To smile and laugh
Young again
Our love endures
Obstinate as a mule
As alive as the desire
As cruel as the memory
As stupid as the regret
As tender as the memory
As cold as marble
As beautiful as the day
As delicate as an infant
It watches us
Smiling
And speaks to us
Without saying a word
And I
I listen to it
Trembling
And I cry
I cry for you
I cry for myself
And I beg you
For yourself
For me
And for all those who love
And who are loved
Yes
I cry to it
For you
For me
And for all the others
I do not know
Stay there
There where you are
There where you were before
Stay there
Don't move
Don't go away
We who are loved
We have forgotten you
Do not forget us
We had only you on this earth
Do not let us grow cold
Further and further away every day
It doesn't matter where
Give us a sign of life
In a nook in the woods
In the forest of memory
Suddenly arise
Take us by the hand
And save us




Maternidad, de Oswaldo Guayasamín


Jacques Prévert
Translated by Alastair Campbell

Cet Amour


Cet amour 
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blémir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous. 







Maternidad, de Oswaldo Guayasamín


Jacques Prevert




martes, abril 11, 2017

Tout S'En Allait


Il y avait de faibles femmes
et puis des femmes faciles
et des femmes fatales
qui pleuraient hurlaient sanglotaient
devant des hommes de paille
qui flambaient
Des enfants perdus couraient dans des ruines de rues tout blêmes de savoir qu’il ne se
retrouveraient jamais plus
Et les chefs de famille
qui ne reconnaissaient plus le plancher du plafond
voletaient d’un étage à l’autre
dans une pluie de paillassons de suspensions de petites cuillers et de plumes d’édredon
Tout s’en allait
La ville s’écroulait
Grouillait
S’émiettait
en tournant sur elle-même
sans même avoir l’air de bouger
Des cochons noirs aveuglés
dans la soudaine obscurité
d’une porcherie modèle désaffectée
galopaient
La ville s’en allait
suant sang et eau
gaz éclaté
Ceux qui n’avaient rêvé que plaies et bosses
se réveillaient
décapités
ayant perdu peignes et brosses
et autres petites mondanités
Une noce toute noire morte sur pied
depuis le garçon d’honneur jusqu’aux mariés
gardait un équilibre de cendre figée
devant un photographe
torréfié terrifié
Nouvelles ruines toutes neuves
hommage de guerre
jeux de reconstruction
profits et pertes
bois et charbons
Sur le dernier carré d’une maison ouvrière
une omelette abandonnée
pendait comme un vieux linge
sur une verrière brisée
et dans les miettes d’un vieux lit calciné mêlés à la sciure grise d’un buffet volatilisé
la viande humaine faisait corps-grillé avec la viande à manger
Dans les coulisses du progrès
des hommes intègres poursuivaient intégralement la désintégration progressive
de la matière vivant
désemparée.






Jacques Prévert



lunes, abril 10, 2017

Todo Se Iba


Había mujeres débiles,
y además mujeres fáciles
y mujeres fatales
que lloraban gritaban sollozaban
delante de hombres de paja
que ardían
Niños extraviados corrían por calles en ruinas
muy pálidos al saber que nunca más volverían a encontrarse
Y jefes de familia
que ya no distinguían el suelo del techo
revoloteaban de un piso al otro
en una lluvia de felpudos de lámparas de cucharillas y de plumones
Todo se iba
La ciudad se desmoronaba
bullía
se desmenuzaba
y giraba sobre sí misma
sin que pareciera moverse
Unos cerdos negros cegados
en la súbita oscuridad
de una pocilga moderna en desuso
galopaban
La ciudad se iba
sudando sangre y agua
envases de gas reventados
Los que sólo soñaron en heridas y golpes
se despertaban
decapitados
habiendo perdido peines y cepillos
y otras cositas mundanas
Una boda muy negra muerta de pie
desde el padrino hasta los novios
conservaban un equilibrio de ceniza petrificada
frente a un fotógrafo
torrado aterrado
Ruinas recientes totalmente nuevas
homenaje de guerra
juegos de rompecabezas
ganancias y pérdidas
leña y carbón
En l0 que quedaba de una casa de obreros
una tortilla abandonada
colgaba como ropa vieja
sobre un ventanal roto
y en las migajas de un viejo lecho calcinado mezcladas con el
serrín gris de un armario volatilizado
la carne humana se incorporaba al asado de carne comestible

En las bambalinas del progreso
hombres íntegros proseguían integralmente la desintegración
progresiva de la materia viva
desamparada.






Jacques Prévert

Traducción de Aldo Pellegrini


jueves, marzo 16, 2017

Para Bárbara


Acuérdate Bárbara
Llovía sin cesar en Brest aquél día
Y marchabas sonriente
Dichosa embelesada empapada
Bajo la lluvia

Acuérdate Bárbara
Llovía sin cesar en Brest
Y me crucé contigo en la calle de Siam
Sonreías
Y yo también sonreía

Acuérdate Bárbara
Tú a quién yo no conocía
Tú que no me conocías
Acuérdate
Acuérdate pese a todo aquél día
No lo olvides

Un hombre se cobijaba en un portal
Y gritó tu nombre
Bárbara
Y corriste hacia él bajo la lluvia
Empapada embelesada dichosa
Y te echaste en sus brazos

Acuérdate de eso Bárbara
Y no te ofendas si te tuteo
Yo tuteo a todos los que amo
Aunque los haya visto sólo una vez
Tuteo a todos los que se aman
Aunque no los conozca

Acuérdate Bárbara
No olvides
Esa lluvia buena y feliz
Sobre tu rostro feliz
Sobre esa ciudad feliz
Esa lluvia sobre el mar
Sobre el arsenal
Sobre el banco d'Ouessant

Oh Bárbara
Menuda estupidez la guerra
Qué has llegado a ser ahora
Bajo esta lluvia de hierro
De fuego de acero de sangre
Y el hombre aquel que te estrechaba entre sus brazos
Amorosamente
Quizás ha muerto o desaparecido o vive todavía

Oh Bárbara
Llueve sin cesar en Brest
Como solía llover en otro tiempo
Pero no es lo mismo y todo está estropeado
Es lluvia desconsolada de duelo espantoso
Ni siquiera es ya tormenta
De hierro de acero de sangre
Simplemente nubes
Que revientan como perros
Perros que desaparecen
En el remanso de Brest
Y van a pudrirse lejos
Lejos muy lejos de Brest
Donde ya no queda nada.




El puerto destruido en 1944. (Archivos de Brest)


Jacques Prévert

Versión de C. Deplois




Barbara


Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.




Le port détruit en 1944 (Archives de Brest)


Jacques Prévert




viernes, marzo 10, 2017

Le Ruisseau


Beaucoup d'eau a passé sous le pont
et aussi énormément de sang
Mais aux pieds de l'amour
coule un grand ruisseau blanc
Et dans les jardins de la lune
où tous les jours c'est ta fête
ce ruisseau chante en dormant
Et cette lune c'est ma tête
où tourne un grand soleil bleu
Et ce soleil c'est tes yeux



Jacques Prévert 

El Arroyo


Ha pasado mucha agua bajo los puentes
y enormes cantidades de sangre
Pero a los pies del amor
corre un gran arroyo blanco
Y en los jardines de la luna
en los que cada día se celebra tu fiesta
ese arroyo canta mientras duerme
Y esa luna es mi cabeza
donde gira un enorme sol azul
Y ese sol son tus ojos


Jacques Prévert

Versión de Aldo Pellegrini