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lunes, septiembre 09, 2019

Himno A La Belleza


¿Vienes del hondo cielo o del abismo sales,
Belleza? Tu mirar, infernal y divino,
vierte confusamente beneficios y crímenes,
por lo que se te puede comparar con el vino.

Tus dos ojos contienen el poniente y la aurora;
esparces más perfumes que un ocaso tormentoso.
Tus besos son un filtro y tu boca es un ánfora
que hacen cobarde al héroe y al niño valeroso.

¿Sales del negro abismo o bajas de los astros?
Como un perro, el Destino sigue ciego tu falda...
Al azar vas sembrando la dicha y los desastres,
y todo lo gobiernas sin responder nada.

¡Caminas sobre muertos, y te burlas, Belleza!
El Horror, de tus broches no es el menos precioso,
y el Crimen, que se cuenta entre tus caros dijes,
danza amorosamente en tu vientre orgulloso.

Deslumbrado, el insecto vuela hacia ti, candela.
Crepita, estalla y dice: "¡Bendigamos la antorcha!".
El amante jadeando sobre su bella amada,
parece un moribundo que acaricia su fosa.

¿Qué importa así del cielo vengas o del infierno
Belleza, monstruo enorme, ingenuo y atrevido,
si tu mirar, tu pie, tu faz me abren la puerta
de un Infinito que amo y nunca he conocido?

De Satán o Dios, ¿qué importa? Ángel, Sirena,
¿qué importa, si me vuelves, -¡hada de ojos sedantes,
ritmo, perfume, luz, ¡oh tú, mi única reina!-
menos odioso el mundo más cortos los instantes?










William Blake:
The Great Red Dragon and the Woman Clothed in Sun










Charles Baudelaire

Traducción de Nydia Lamarque


Hymne À La Beauté


Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?









William Blake:
The Great Red Dragon and the Woman Clothed in Sun









Charles Baudelaire

domingo, septiembre 08, 2019

Elevación


Por encima de estanques, por encima de valles,
De montañas y bosques, de mares y de nubes,
Más allá de los soles, más allá de los éteres,
Más allá del confín de estrelladas esferas,

Te desplazas, mi espíritu, con toda agilidad
Y como un nadador que se extasía en las olas,
Alegremente surcas la inmensidad profunda
Con voluptuosidad indecible y viril.

Escápate muy lejos de estos mórbidos miasmas,
Sube a purificarte al aire superior
Y apura, como un noble y divino licor,
La luz clara que inunda los límpidos espacios.

Detrás de los hastíos y los hondos pesares
Que abruman con su peso la neblinosa vida,
¡Feliz aquel que puede con brioso aleteo
Lanzarse hacia los campos luminosos y calmos!

Aquel cuyas ideas, cual si fueran alondras,
Levantan hacia el cielo matutino su vuelo
-¡Que planea sobre todo, y sabe sin esfuerzo,
La lengua de las flores y de las cosas mudas!















Charles Baudelaire

Versión al español de Antonio Martínez Sarrión


lunes, diciembre 25, 2017

Elévation


Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!







Charles Baudelaire



miércoles, septiembre 13, 2017

El Albatros


Los tripulantes suelen, por diversión salvaje,

atrapar los albatros, vastas aves del mar
que siguen, indolentes compañeros de viaje,
las naves sobre amargos abismos sin cesar.

Apenas en cubierta, de pie sobre las planchas,
estos reyes del aire, torpes y avergonzados,
dejan caer, inermes, sus blancas alas anchas
que, tal si fueran remos, arrastran a los lados.

¡Cómo es de torpe y feble este alado viajero,
tan bello poco antes! ¡Que apático y risible!
Con su pipa le quema el pico un marinero,
y otro imita, cojeando, su vuelo ya imposible.

El poeta es igual al príncipe del cielo
que al arquero y al viento feroz sabe burlar;
en medio del escarnio, exiliado en el suelo,
sus alas de gigante le impiden caminar.





Charles Baudelaire


martes, septiembre 12, 2017

The Albatross


Often, to amuse themselves, the men of a crew
Catch albatrosses, those vast sea birds
That indolently follow a ship
As it glides over the deep, briny sea.

Scarcely have they placed them on the deck
Than these kings of the sky, clumsy, ashamed,
Pathetically let their great white wings
Drag beside them like oars.

That winged voyager, how weak and gauche he is,
So beautiful before, now comic and ugly!
One man worries his beak with a stubby clay pipe;
Another limps, mimics the cripple who once flew!

The poet resembles this prince of cloud and sky
Who frequents the tempest and laughs at the bowman;
When exiled on the earth, the butt of hoots and jeers,
His giant wings prevent him from walking.






Charles BaudelaireTranslated by William Aggeler



L'Albatros


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.







Charles Baudelaire