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viernes, mayo 10, 2019

Le Totem


Il me faut le cacher au plus intime de mes veines
L’Ancêtre à la peau d’orage sillonnée d’éclairs et de foudre
Mon animal gardien, il me faut le cacher
Que je ne rompe le barrage des scandales.
Il est mon sang fidèle qui requiert fidélité
Protégeant mon orgueil nu contre
Moi-même et la superbe des races heureuses …
















Léopold Sédar Senghor


Femme Noire


Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au coeur de l’Été et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.









Supernatural Dreams. Model: Azizi Johari









Léopold Sédar Senghor


lunes, febrero 05, 2018

In Memoriam


Today is Sunday.
I fear the crowd of my fellows with such faces of stone.
From my glass tower filled with headaches and impatient Ancestors,
I contemplate the roofs and hilltops in the mist.
In the stillness—somber, naked chimneys.
Below them my dead are asleep and my dreams turn to ashes.
All my dreams, blood running freely down the streets
And mixing with blood from the butcher shops.
From this observatory like the outskirts of town
I contemplate my dreams lost along the streets,
Crouched at the foot of the hills like the guides of my race
On the rivers of the Gambia and the Saloum
And now on the Seine at the foot of these hills.
Let me remember my dead!
Yesterday was All Saints’ Day, the solemn anniversary of the Sun,
And I had no dead to honor in any cemetery.
O Forefathers! You who have always refused to die,
Who knew how to resist Death from the Sine to the Seine,
And now in the fragile veins of my indomitable blood,
Guard my dreams as you did your thin-legged migrant sons!
O Ancestors! Defend the roofs of Paris in this dominical fog,
The roofs that protect my dead.
Let me leave this tower so dangerously secure
And descend to the streets, joining my brothers
Who have blue eyes and hard hands.








Léopold Sédar Senghor

Translated by Melvin Dixon



In Memoriam


C'est
Dimanche.

J'ai peur de la foule de mes semblables au visage de pierre.
De ma tour de verre qu'habitent les migraines, les
Ancêtres impatients

Je contemple toits et collines dans la brume
Dans la paix — les cheminées sont graves et nues.
A leurs pieds dorment mes morts, tous mes rêves faits poussière

Tous mes rêves, le sang gratuit répandu le long des rues,

mêlé au sang des boucheries.
Et maintenant, de cet observatoire comme de banlieue
Je contemple mes rêves distraits le long des rues, couchés

au pied des collines
Comme les conducteurs de ma race sur les rives de la

Gambie et du
Saloum
De la
Seine maintenant, au pied des collines.
Laissez-moi penser à mes morts !

C'était hier la
Toussaint, l'anniversaire solennel du
Soleil
Et nul souvenir dans aucun cimetière.

Ô
Morts, qui avez toujours refusé de mourir, qui avez su résister à la
Mort

Jusqu'en
Sine jusqu'en
Seine, et dans mes veines fragiles.

mon sang irréductible
Protégez mes rêves comme vous avez fait vos fils, les

migrateurs aux jambes minces.

I.
Ancien royaume du
Sénégal.



ô
Morts ! défendez les toits de
Paris dans la brume dominicale

Les toits qui protègent mes morts.

Que de ma tour dangereusement sûre, je descende dans la rue

Avec mes frères aux yeux bleus

Aux mains dures.








Léopold Sédar Senghor


domingo, febrero 04, 2018

Nieve Sobre París


Señor, tú que has visitado París, en este día de tu nacimiento 
porque se había vuelto avaro y malo
lo has purificado con el frío incorruptible
con la blanca muerte.
Esta mañana, hasta las chimeneas
de las fábricas cantan al unísono.
Arbolando banderas blancas
"Paz a los hombres de buena voluntad"
Señor, tú has propuesto la nieve de tu Paz al mundo dividido
A la europa dividida
A la España rasgada
Y el rebelde judío y católico ha disparado
sus mil cuatro cientos cañones contra las montañas de tu Paz.
Señor yo he aceptado tu frío blanco que quema más que la sal.
Y mi corazón se funde como nieve bajo el sol.
Olvido
las manos blancas que disparan tiros de fusil que destruyen imperios
las manos que flagelan esclavos, que te flagelan
las manos blancas polvorientas que te abofetean
las manos pintadas polvorientas blancas que me han abofeteado.
Las manos seguras que me han empujado
a la soledad. Al odio.
Las manos blancas que abatieron la selva
de roneros que dominaban africa, en el centro de Africa
Derechos y duros. Los Saras hermosos como los primeros hombres que surgieron de tus manos morenas.
Ellas abatieron la selva negra para hacer traversas de raíles de tren.
Ellas abatieron las selvas de Africa para salvar la civilización, porque hacía falta materia prima humana.

Señor, yo no saldré de mi reserva de odio, lo sé, ante los diplomáticos que muestran sus largos colmillos.
Y que mañana trocarán la carne negra.
Mi corazón, Señor, se ha fundido como la nieve sobre los tejados de París.
Al sol de tu dulzura.

Dulce para mis enemigos, para mis hermanos de manos blancas sin nieve
A causa también de manos de palizas, al atardecer, a lo largo de mis mejillas ardientes.






Léopold Sédar Senghor

Versión de Tierno Bokar



Neige Sur Paris


Seigneur, vous avez visité Paris par ce jour de votre naissance 

Parce qu'il devenait mesquin et mauvais
Vous l'avez purifié par le froid incorruptible 
Par la mort blanche.
Ce matin, jusqu'aux cheminées d'usines qui chantent à l'unisson 
Arborant des draps blancs
- « Paix aux Hommes de bonne volonté! »
Seigneur, vous avez proposé la neige de votre paix au monde divisé, à l'Europe divisée
A l'Espagne déchirée et le Rebelle juif et catholique a tiré ses mille quatre cents canons contre les montagnes de votre Paix.
Seigneur, j'ai accepté votre froid blanc qui brûle plus que le sel. 
Voici que mon cœur fond comme neige sous le soleil.
J'oublie
Les mains blanches qui tirèrent les coups de fusils qui croulèrent les empires Les mains qui flagellèrent les esclaves qui vous flagellèrent
Les mains blanches poudreuses qui vous giflèrent, les mains peintes poudrées qui m'ont giflé
Les mains sûres qui m'ont livré à la solitude à la haine
Les mains blanches qui abattirent la forêt de rôniers qui dominait l'Afrique, 
au centre de l'Afrique
Droits et durs, les Saras beaux comme les premiers hommes qui sortirent de vos mains brunes.
Elles abattirent la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer
Elles abattirent les forêts d'Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu'on manquait de matière première humaine.

Seigneur, je ne sortirai pas ma réserve de haine, je le sais, pour les diplomates qui montrent leurs canines longues Et qui demain troqueront la chair noire.
Mon cœur, Seigneur, s'est fondu comme neige sur les toits de Paris

Au soleil de votre douceur
Il est doux à mes ennemis, à mes frères aux mains blanches sans neige
A cause aussi des mains de rosée, le soir, le long de mes joues brûlante









Léopold Sédar Senghor