jueves, agosto 26, 2021

La Saeta



Dijo una voz popular
¿Quién me presta una escalera para subir al madero
Para quitarle los clavos a Jesús el Nazareno?






¡Oh, la saeta el cantar
al Cristo de los gitanos
siempre con sangre en las manos,
siempre por desenclavar!


¡Cantar del pueblo andaluz
que todas las primaveras
Anda pidiendo escaleras
para subir a la cruz!


¡Cantar de la tierra mía
que echa flores
al Jesús de la agonía
y es la fe de mis mayores!


¡Oh, no eres tú mi cantar,
no puedo cantar ni quiero
a ese Jesús del madero
sino al que anduvo en la mar!























Antonio Machado



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La Saeta



domingo, agosto 15, 2021

La Maza



Si no creyera en la locura
De la garganta del sinsonte
Si no creyera que en el monte
Se esconde el trino y la pavura


Si no creyera en la balanza
En la razón del equilibrio
Si no creyera en el delirio
Si no creyera en la esperanza


Si no creyera en lo que agencio
Si no creyera en mi camino
Si no creyera en mi sonido
Si no creyera en mi silencio


¿Qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un amasijo hecho de cuerdas y tendones
Un revoltijo de carne con madera
Un instrumento sin mejores resplandores
Que lucecitas montadas para escena


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un testaferro del traidor de los aplausos
Un servidor de pasado en copa nueva
Un eternizado de dioses del ocaso
Júbilo hervido con trapo y lentejuela


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?


Si no creyera en lo más duro
Si no creyera en el deseo
Si no creyera en lo que creo
Si no creyera en algo puro


Si no creyera en cada herida
Si no creyera en la que ronde
Si no creyera en lo que esconde
Hacerse hermano de la vida


Si no creyera en quien me escucha
Si no creyera en lo que duele
Si no creyera en lo que quede
Si no creyera en lo que lucha


¿Qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un amasijo hecho de cuerdas y tendones
Un revoltijo de carne con madera
Un instrumento sin mejores resplandores
Que lucecitas montadas para escena


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un testaferro del traidor de los aplausos
Un servidor de pasado en copa nueva


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un eternizado de dioses del ocaso
Júbilo hervido con trapo y lentejuela


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?






















Silvio Rodríguez



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La Maza





viernes, agosto 13, 2021

Esto No Es Una Elegía



Tú me recuerdas el prado de los soñadores,
el muro que nos separa del mar, si es de noche.
Tú me recuerdas, sentada,
ciertos sentimientos
que nunca se sabe que traen en las alas:
si vivos o muertos.


Me quito el rostro y lo doblo
encima del pantalón.
Si no he de decir tu nombre,
si ajeno se esconde
no quiero expresión.
Suelen mis ojos
tener como impresos
sus sueños risueños


Tú me recuerdas las calles de La Habana Vieja,
la Catedral sumergida en su baño de tejas.
Tú me recuerdas las cosas, no sé, las ventanas
donde los cantores nocturnos cantaban
amor a La Habana.


Esto no es una elegía
ni es un romance, ni un verso:
más bien una acción de gracias,
por darle a mis ansias
razón para un beso,
una modesta corona
encontrada en la aurora.


Tú me recuerdas el mundo de un adolescente,
un seminiño asustado mirando a la gente,
un ángel interrogado,
un sueño acosado,
la maldición, la blasfemia de un continente
y un poco de muerte.























Silvio Rodríguez




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Esto No Es Una Elegía



lunes, agosto 09, 2021

Sobreviviendo



Me preguntaron como vivía, me preguntaron
Sobreviviendo dije, sobreviviendo
Tengo un poema escrito más de mil veces
En él repito siempre que mientras alguien
Proponga muerte sobre esta tierra
Y se fabriquen armas para la guerra
Yo pisaré estos campos sobreviviendo
Todos frente al peligro sobreviviendo
Tristes y errantes hombres sobreviviendo
Sobreviviendo
Sobreviviendo


Hace tiempo no río como hace tiempo
Y eso que yo reía como un jilguero
Tengo cierta memoria que me lastima
Y no puedo olvidarme lo de Hiroshima
Cuànta tragedia sobre esta tierra
Hoy que quiero reírme apenas si puedo
Ya no tengo la risa como un jilguero
Ni la paz de los pinos del mes de enero
Ando por este mundo sobreviviendo
Sobreviviendo
Sobreviviendo


Ya no quiero ser sólo un sobreviviente
Quiero elegir el día para mi muerte
Tengo la carne joven, roja la sangre
La dentadura buena y mi esperma urgente
Quiero la vida de mi simiente
No quiero ver un día manifestando
Por la paz en el mundo a los animales
Como me reiría ese loco día
Ellos manifestándose por la vida
Y nosotros apenas sobreviviendo
Sobreviviendo
Sobreviviendo
























Victor Heredia






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Sobreviviendo

sábado, agosto 07, 2021

Bureau de Tabac


Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
À part ça, j'ai en moi tous les rêves du monde.


Fenêtres de ma chambre,
De ma chambre abritant l'un de ces millions au monde dont nul ne sait qui il est
(Et si on le savait, que saurait-on ?),
Vous donnez sur le mystère d'une rue constamment remplie de gens qui se croisent,
Sur une rue inaccessible à la moindre pensée,
Réelle, impossiblement réelle, exacte, inconnaissablement 1 exacte,
Avec le mystère des choses par-dessous les pierres et les êtres,
Avec la mort qui met du moisi sur les murs et des cheveux blancs sur les hommes,
Avec le Destin conduisant la charrette de tout sur la route de rien.


Aujourd'hui je suis vaincu, comme si je savais la vérité.
Aujourd'hui je suis lucide, comme si j'allais mourir,
Et sans avoir d'autre fraternité avec les choses
Qu’un adieu, cette maison et ce côté de la rue devenant
Un convoi de chemin de fer, et un sifflet de départ
Retentissant dans ma tête,
Et une secousse de mes nerfs et un crissement d’os au moment de partir.


Aujourd'hui je suis perplexe, comme un qui a pensé, trouvé puis oublié.
Aujourd'hui je suis partagé entre la loyauté que je dois
Au Tabac d'en face, chose réelle au-dehors,
Et à la sensation que tout est rêve, chose réelle au-dedans.


J'ai tout raté.
Comme je n'avais pris aucune résolution, tout ou rien, peut-être, c'était pareil.
La formation qu'on m'a donnée,
Je l'ai enjambée par la fenêtre de derrière.
Je me suis enfui à la campagne avec de grandes résolutions.
Mais je n'y ai trouvé que des herbes, des arbres,
Et quand il y avait des gens, ils étaient comme les autres.
Je quitte la fenêtre, m'assieds sur une chaise. A quoi vais-je penser ?
Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas qui je suis ?
Être ce que je pense ? Mais je pense être tant de choses !
Et ils sont tant à penser être la même chose qu’ils ne sauraient être autant !
Un génie ? En ce moment
Cent mille cerveaux se conçoivent en rêve génies comme moi,
Et l'histoire n'en retiendra, qui sait ?, pas même un seul
Et il ne restera que du fumier de toutes ces conquêtes à venir.
Non, non, je ne crois pas en moi.
Dans tous les asiles il y a des fous détraqués par tant de certitudes !
Moi, qui n'ai aucune certitude, en suis-je plus ou moins certifié ?
Non, pas même en moi…
Dans combien de mansardes et non-mansardes du monde
N'y a-t-il pas en ce moment des génies-pour-eux-mêmes occupés à rêver ?
Combien d'aspirations hautes, nobles et lucides —,
Oui, véritablement hautes, nobles et lucides —,
Et qui sait ? réalisables,
Ne verront jamais la lumière du soleil réel, ne tomberont jamais dans une oreille d'homme ?
Le monde est à celui qui naît pour le conquérir
Et non à celui qui rêve qu'il peut le conquérir, même s'il a raison
J'ai plus rêvé que n’a agi Napoléon.
J'ai serré sur ma poitrine hypothétique plus d'humanités que le Christ.
J'ai forgé en secret des philosophies qu'aucun Kant n'a écrites.
Mais je suis, et serai peut-être toujours, celui de la mansarde,
Bien que je n'y habite pas ;
Je serai toujours celui qui n'était pas né pour ça;
Je serai toujours, et rien d'autre, celui qui avait des dispositions ;
Je serai toujours celui qui attendait qu'on lui ouvre la porte devant un mur sans porte,
Qui chantait la chanson de l’Infini dans un poulailler
Et entendait la voix de Dieu au fond d'un puits obstrué
Croire en moi ? Non, ni en rien.


Que la nature me déverse sur la tête, ma tête en feu,
Son soleil, sa pluie, le vent qui me surprend les cheveux,
Et que vienne le reste, s'il vient ou doit venir, sinon, qu'il y reste.
Esclaves cardiaques des étoiles,
nous avons conquis le monde entier avant de nous lever du lit ;
Mais nous nous réveillons et il est opaque,
Nous nous levons et il est à autrui,
Nous sortons de chez nous et il est la terre entière,
Plus le système solaire, plus la Voie Lactée, plus l'Indéfini.


(Mange des chocolats, fillette,
Mange donc des chocolats !
écoute, il n'y a pas de métaphysique au monde, à part le chocolat.
Écoute, toutes les religions n'enseignent rien de mieux que la confiserie.
Mange, petite cochonne, mange !
Si je pouvais manger des chocolats en étant aussi vrai que toi quand tu en manges !
Mais moi, je pense, et en retirant le papier d'argent, qui n’est qu'une feuille d'étain,
Je fais tout tomber par terre, comme j'y ai fait tomber ma vie.)


Mais au moins reste-t-il, de l'amertume de ce que jamais je ne serai,
La calligraphie rapide de ces vers,
Portique brisé sur l'Impossible.
Mais au moins me suis-je voué un mépris dépourvu de larmes,
Noble au moins dans le geste large par lequel je jette
Le linge sale que je suis, sans inventaire 2, dans le cours des choses,
Et je reste chez moi sans chemise.


(Toi qui consoles, toi qui n'existes pas, et pour cela consoles,
Que tu sois déesse grecque, conçue comme une statue qui serait vivante,
Ou patricienne romaine, impossiblement noble et néfaste,
Ou princesse de troubadours, très gente dame enluminée,
Ou marquise du dix-huitième siècle, décolletée, distante,
Ou cocotte célèbre du temps de nos parents,
Ou je ne sais quoi de moderne — je ne conçois pas bien ce que c'est —
Tout cela, quoi que soit ce que tu peux être, si ça peut inspirer que ça inspire donc !
Mon cœur est un baquet que l'on a renversé.
Comme ceux qui invoquent des esprits je m'invoque
Moi-même et je ne trouve rien.
Je vais à la fenêtre et je vois la rue avec une netteté absolue,
Je vois les magasins, je vois les trottoirs, je vois les voitures qui passent,
Je vois les êtres vivants et vêtus qui se croisent.
Je vois les chiens qui eux aussi existent,
Et tout cela me pèse comme une condamnation au bagne,
Et tout cela m'est étranger, ainsi que tout.)


J'ai vécu, étudié, aimé, j'ai même cru,
Et maintenant il n'est pas un mendiant que je n'envie pour la seule raison qu'il n'est pas moi.
Je regarde en chacun les haillons, les plaies et le mensonge,
Et je pense : peut-être n’as-tu jamais vécu, ni étudié, ni aimé, ni cru
(Car on peut faire la réalité de tout cela sans en rien faire) ;
Peut-être as-tu seulement existé, comme un lézard auquel on coupe la queue
Et alors le voilà queue, un sous-lézard, en remuements perpétuels.


J'ai fait de moi ce que je n'ai pas su,
Et ce que je pouvais faire de moi je ne l'ai pas fait.
Le domino que j'ai mis n'était pas le bon.
On m'a pris aussitôt pour qui je n'étais pas, je n’ai pas démenti, et je me suis perdu.
Quand j'ai voulu ôter le masque,
Il collait à mon visage.
Quand je l'ai ôté et que je me suis vu dans le miroir,
J'étais déjà devenu vieux.
J'étais soûl, je ne savais plus remettre le domino que je n’avais pas ôté.
J’ai jeté le masque et me suis endormi au vestiaire
Comme un chien toléré par le gérant
Car il est inoffensif
Et je vais écrire cette histoire pour prouver que je suis sublime.


Essence musicale de mes vers inutiles.
Que ne te puis-je trouver comme une chose que j'aurais faite
Et qui ne serait par toujours restée en face du Tabac d'en face,
Foulant des pieds ma conscience d'être en train d'exister
Comme un tapis où un ivrogne vient trébucher
Ou un paillasson que des gitans ont volé mais qui ne valait rien.


Mais le Patron du Tabac est venu à sa porte, est resté à sa porte.
Je le regarde avec l'inconfort de ma tête mal tournée
Et l'inconfort de mon âme comprenant mal.
Il mourra et je mourrai.
Il laissera son enseigne, je laisserai des vers.
Plus tard l'enseigne aussi mourra, et les vers aussi.
Plus tard encore mourra la rue où se trouvait l'enseigne,
Et la langue en laquelle les vers furent écrits.
Ensuite mourra la planète tournante où tout ça a eu lieu.
Sur d'autres satellites d'autres systèmes quelque chose comme des gens
Continuera à faire des sortes de vers et à vivre sous des sortes d'enseignes,
Toujours une chose en face de l'autre,
Toujours une chose aussi inutile que l'autre,
Toujours l'impossible aussi stupide que le réel
Toujours le mystère du fond aussi sûr que le sommeil tout en mystère de la surface,
Toujours ceci ou toujours autre chose ou ni l'un ni l'autre.


Mais un homme est entré dans le Tabac (pour acheter du tabac ?),
Et la réalité plausible s'abat tout d'un coup sur moi.
Je me dresse à demi, énergique, convaincu, humain,
Et je vais me décider à écrire ces vers où je dis le contraire.


J’allume une cigarette en pensant à les écrire
Et je savoure dans la cigarette ma libération de toutes les  pensées.
Je suis des yeux la fumée comme on fixe son itinéraire,
Et je jouis, assaut soudain de sensibilité mêlée de compétence,
De ma libération de toutes les spéculations
Et de ma prise de conscience de ce que la métaphysique est l'effet d'une indisposition.


Puis je me renverse sur ma chaise
Et je continue à fumer.
Tant que le Destin me l'accordera, je continuerai à fumer.

 
(Si j'épousais la fille de ma blanchisseuse
Peut-être serais-je heureux.)
Sur ce, je me lève de la chaise. Je vais à la fenêtre. 


L'homme est sorti du Tabac (en mettant sa monnaie dans 
la poche de ses pantalons ?).
Ah, mais je le connais : c'est Estève sans métaphysique 3!
(Le patron du Tabac est revenu à sa porte.)
Comme mû par un instinct divin Estève s’est retourné et
m’a vu.
Il m'a salué de la main, je lui ai crié salut Estève !, et l'univers
S'est reconstruit pour moi sans idéal ni espérance, et le Patron du Tabac a souri.





Lisbonne, 15 janvier 19828























Álvaro de Campos (Fernando Pessoa)

Traduction de Michel Chandeigne et Pierre Léglise-Costa





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NDT :


1. Bien  que desconhecidamente ne soit pas un néologisme, nous avons choisi de traduire cet adverbe (dont le sens est : «d'une façon inconnue», « inexplicablement ») en faisant entendre l'écho qu'il éveille sans doute en portugais, eu égard aux vers qui suivent. Pour Pessoa, féru de traditions occultes, l'adjectif desconhecido est souvent l'équivalent du français « inconnaissable », pas seulement au sens où les agnosticismes de toutes sortes l'utilisent (« ce qui est hors de portée de la connaissance humaine »), mais aussi à celui que lui confèrent certains mysticismes prônant l'effacement extatique de la conscience, l’« inconnaissance », devant les mystères impénétrables.


2. Au début du siècle on confiait à des laveuses professionnelles du linge qu'elles lavaient à Caneças, car c'est dans cette localité proche de Lisbonne que l'on trouvait les eaux les plus pures du Tage, on dressait donc une liste faisant l'inventaire du linge qu'on avait remis.


3. Cette expression peut être interprétée de deux façons : « voilà Estève qui n'a pas de métaphysique, lui »; « c'est bien là Estève, sans faire de métaphysique ». 






domingo, agosto 01, 2021

Luna



Nunca tuve miedo a nada, ni al silencio ni al dolor. Y si me sentía sola, me bastaba la imaginación. Pero desde hace un tiempo, algo pasa en mi interior: no consigo ser la misma, me domina la contradicción.


Luna, dame inspiración por un instante y siembra mil estrellas en el aire, que quiero conquistar su corazón.
Luna, llévale el calor de mis palabras y bébete la luz de la distancia, que necesito verlo por favor.


Yo que siempre andaba al día, sin echar la vista atrás, convencida presumía de ser dueña de mi voluntad. Y ahora estoy aquí sentada escribiendo una canción, como loca enamorada, deshojando palabras de amor.


Luna, dame inspiración por un instante y siembra mil estrellas en el aire, que quiero conquistar su corazón.
Luna, llévale el calor de mis palabras y bébete la luz de la distancia, que necesito verlo por favor.
















Pedro Herrero





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Enlace a Luna en la voz de Mercedes Sosa:

Luna