viernes, abril 27, 2018

Pequeñata Serenata Diurna


Vivo en un país libre
cual solamente puede ser libre
en esta tierra, en este instante
y soy feliz porque soy gigante.
Amo a una mujer clara
que amo y me ama
sin pedir nada
—o casi nada,
que no es lo mismo
pero es igual—.

Y si esto fuera poco,
tengo mis cantos
que poco a poco
muelo y rehago
habitando el tiempo,
como le cuadra
a un hombre despierto.
Soy feliz,
soy un hombre feliz,
y quiero que me perdonen
por este día
los muertos de mi felicidad.



 Kelley MacDonald: Oh, Happy Day!




Silvio Rodríguez


L'amour montait entre nous...


L'amour montait entre nous
comme la lune entre les deux palmiers
qui ne se sont jamais enlacés.

L'intime murmure des deux corps
vers la rumeur ramena une houle,
mais la voix raque fut torturée,
furent pétrifiées les lèvres.

La soif d'étreindre remua la chair,
élucida les os enflammés,
mais les bras en voulant se tendre
moururent dans les bras.

L'amour passa, la lune aussi, entre nous
et dévora les corps solitaires.
Et nous sommes deux fantômes qui se cherchent
et se retrouvent au loin.






Camille-Félix Bellanger: Daphnis and Chloe




Miguel Hernández

Traduction de Sara Solivella Et Philippe Leignel

jueves, abril 26, 2018

Mon Sang Est Un Chemin


Il me pousse à coups de marteau et à coups de dents,

me retire avec des mugissements et des cordes
du cœur, du fond, des origines,
me cloue dans la gorge de doux crochets,
oursin entre mes doigts et mes yeux,
affole mes ongles et mes paupières,
entoure mes paroles et mon alcôve
de fours et de forges,
il altère la direction de ma langue,
et en semant de cire son chemin
fait qu'elle tombe gauche et fendue.

Femme, regarde un sang,
regarde une blouse de safran en rut,
regarde une cape liquide ceignant mes os
comme d'énormes serpents qui m'oppressent,
transportant l'angoisse à travers mes veines.

Regarde une fontaine dressée d'amoureux colliers
et de sonnailles à la voix orgueilleuse
tremblant d'impatience pour envahir ton cou,
un jugement féroce, une sentence,
une exigence, une douleur, une rivière
qui, pour se manifester se heurte aux pierres,
et ils pendent pour toujours à mes
reliquaires à la chair écorchée.

Regarde-le avec ses chevreaux et ses taureaux 
suicidaires
cornant les sonnaillers et les montagnes,
se rompant les cornes à grands coups,
se mordant les oreilles de rage,
cherchant de plein gré la mort du front à la queue.

Manipulant et exposant mon sang
à des révolutions de charbon et de boue
agglomérées jusqu'à devenir coeur,
outils de mort, foudres, haches,
et précipices d'écume sans appui,
je ne demande qu'un corps à souiller.

Charge-toi, charge-toi une

d'un troupeau de scorpions
jalousement amoureux,
d'un châtiment infini qui m'accoucha et m'angoisse,
comme un salaire journalier payé en triste plomb.

La porte de mon sang se situe au coin

de la hache et de la pierre,
mais en toi se trouve l'entrée irrémédiable.

J'ai besoin de répandre ce règne impérieux,

prolonger mes pères jusqu'à l'éternité,
et je tends vers toi un pont aux arches de coeurs
qui déjà se sont corrompus et qui battent encore.

Ne me mets pas d'obstacles, parce que je dois sauver,

ne me sème pas de prisons,
les serrures ni les ciments ne suffisent,
non, à enchaîner mon sang fait de goudron enflammé
capable de réveiller la fièvre dans la neige.

Ah, comme j'ai envie de t'aimer contre un arbre!

Ah, quel désir de te battre comme le blé dans son aire!
Ah, quelle douleur de te voir de dos
et de ne pas voir ton dos au dos du monde!

Mon sang est un chemin devant le crépuscule

de boue passionnée et de flaques vaporeuses
qui doit finir dans tes entrailles,
un dépôt magique d'anneaux
qui s'ajuste à ton sang
un semis de lunes éclipsées
qui doivent faire grossir leurs calebasses du dedans,
noyées dans un vin vieux blanchi sur les lèvres,
au pied de ta taille enfin sonore.

Garde-moi de ses ombres qui croassent leur fatalité

tournant autour de moi à coups de bec,
tournesols de corbeaux orageux.
Ne me permets pas d'aller de sang en sang

comme une balle perdue,
ne me laisse pas tonner seul et tendu.

Poudre vénéneuse répandue,

ornée par les yeux de tristes pyrotechnies,
nid d'abeilles horriblement criblé
avec un tout petit rayon souffrant dans chaque pore,
meute phosphorescente de tarentules qui guettent,
ne me permets pas de l'être. Veille, veille
mon sourire désespéré,
où je mords le fiel par ses racines,
parcouru par les pluvieuses peines.
Reçois ce destin assoiffée de ta bouche
que j'ai hérité pour toi d'un si grand père.










Miguel Hernández

Traduction de Sara Solivella Et Philippe Leignel



miércoles, abril 25, 2018

Mi Sangre Es Un Camino


Me empuja a martillazos y a mordiscos,
me tira con bramidos y cordeles
del corazón, del pie, de los orígenes,
me clava en la garganta garfios dulces,
erizo entre mis dedos y mis ojos,
enloquece mis uñas y mis párpados,
rodea mis palabras y mi alcoba
de hornos y herrerías,
la dirección altera de mi lengua,
y sembrando de cera su camino
hace que caiga torpe y derretida.

Mujer, mira una sangre,
mira una blusa de azafrán en celo,
mira un capote líquido ciñéndose en mis huesos
como descomunales serpientes que me oprimen
acarreando angustia por mis venas.

Mira una fuente alzada de amorosos collares
y cencerros de voz atribulada
temblando de impaciencia por ocupar tu cuello,
un dictamen feroz, una sentencia,
una exigencia, una dolencia, un río
que por manifestarse se da contra las piedras,
y penden para siempre de mis
relicarios de carne desgarrada.

Mírala con sus chivos y sus toros suicidas
corneando cabestros y montañas,
rompiéndose los cuernos a topazos,
mordiéndose de rabia las orejas,
buscándose la muerte de la frente a la cola.

Manejando mi sangre, enarbolando
revoluciones de carbón y yodo,
agrupando hasta hacerse corazón,
herramientas de muerte, rayos, hachas,
y barrancos de espuma sin apoyo,
ando pidiendo un cuerpo que manchar.

Hazte cargo, hazte cargo
de una ganadería de alacranes
tan rencorosamente enamorados,
de un castigo infinito que me parió y me agobia
como un jornal cobrado en triste plomo.

La puerta de mi sangre está en la esquina
del hacha y de la piedra,
pero en ti está la entrada irremediable.

Necesito extender este imperioso reino,
prolongar a mis padres hasta la eternidad,
y tiendo hacia ti un puente de arqueados corazones
que ya se corrompieron y que aún laten.

No me pongas obstáculos que tengo que salvar,
no me siembres de cárceles,
no bastan cerraduras ni cementos,
no, a encadenar mi sangre de alquitrán inflamado
capaz de despertar calentura en la nieve.

¡Ay qué ganas de amarte contra un árbol,
ay qué afán de trillarte en una era,
ay qué dolor de verte por la espalda
y no verte la espalda contra el mundo!

Mi sangre es un camino ante el crepúsculo
de apasionado barro y charcos vaporosos
que tiene que acabar en tus entrañas,
un depósito mágico de anillos
que ajustar a tu sangre,
un sembrado de lunas eclipsadas
que han de aumentar sus calabazas íntimas,
ahogadas en un vino con canas en los labios,
al pie de tu cintura al fin sonora.

Guárdame de sus sombras que graznan fatalmente
girando en torno mío a picotazos,
girasoles de cuervos borrascosos.
No me consientas ir de sangre en sangre
como una bala loca,
no me dejes tronar solo y tendido.

Pólvora venenosa propagada,
ornado por los ojos de tristes pirotecnias,
panal horriblemente acribillado
con un mínimo rayo doliendo en cada poro,
gremio fosforescente de acechantes tarántulas
no me consientas ser. Atiende, atiende
a mi desesperado sonreír,
donde muerdo la hiel por sus raíces
por las lluviosas penas recorrido.
Recibe esta fortuna sedienta de tu boca
que para ti heredé de tanto padre.












Miguel Hernández

Amor Eterno


Deja caer las rosas y los días
una vez más, segura de mi huerto.
Aún hay rosas en él, y ellas, por cierto,
mejor perfuman cuando son tardías.

Al deshojarse en tus melancolías,
cuando parezca más desnudo y yerto,
ha de guardarte bajo su oro muerto
violetas más nobles y sombrías.

No temas al otoño, si ha venido.
Aunque caiga la flor, queda la rama.
La rama queda para hacer el nido.

Y como ahora al florecer se inflama,
leño seco, a tus plantas encendido,
ardientes rosas te echará en la llama.



Gabriela Lavezzari: Amores de fuego





Leopoldo Lugones


martes, abril 24, 2018

Fui Concebido Erguido Y Solo



Fui concebido erguido y solo,
Y dentro de mí llevo el hueso;
Más aún, mi visión devendrá clara
Más aún, mi vida no tornará en gris
Del centro todo es cercano.
Donde tomo asiento está mi trono
Si la vejez elige no venir
Si la vejez decide darme la partida,
que tome la esencia y deje el corazón.











Henry David Thoreau

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno


I Was Made Erect and Lone


I was made erect and lone,
And within me is the bone;
Still my vision will be clear,
Still my life will not be drear,
To the center all is near.
Where I sit there is my throne.
If age choose to sit apart,
If age choose, give me the start,
Take the sap and leave the heart.








Henry David Thoreau


lunes, abril 23, 2018

Mi Vida Fue El Poema



Mi vida fue el poema
que más quise escribir
Pero no pude vivirlo
y a la vez completarlo












Henry David Thoreau

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno




My Life Has Been The Poem


My life has been the poem
I would have writ,
But I could not both live
and utter it








Henry David Thoreau


domingo, abril 22, 2018

Angoisse


Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser:

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:

Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M’a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un coeur que la dent d’aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.








Stéphane Mallarmé


sábado, abril 21, 2018

Cuánto Más Te Esfuerzas


la cháchara continúa
con una persistencia
increíble
mientras el camarero corre
con la bandeja llena
para todos los sabios blanquitos que se ríen
de nosotros.
no importa. no importa,
en tanto tus zapatos estén amarrados
y no haya nadie caminando muy cerca
detrás de ti.
ser capaz de rascarte a ti mismo
y ser indiferente es ya un logro
suficiente.
esas mentes estrechas que buscan
un significado más alto
serán despachadas
con la otra basura.
apártate.
si hay luz
esta
te encontrará






Por: Charles Bukowski




Charles Bukowski

Traducción de Mauricio Alejandro Moreno

The Harder You Try


the waste of words
continues with a stunning
persistence
as the waiter runs by carrying the loaded
tray
for all the wise white boys who laugh at
us.
no matter. no matter,
as long as your shoes are tied and
nobody is walking too close
behind.
just being able to scratch yourself and
be nonchalant is victory
enough.
those constipated minds that seek
larger meaning
will be dispatched with the other
garbage.
back off.
if there is light
it will find
you.





Drawing By Charles Bukowski




Charles Bukowski

miércoles, abril 18, 2018

Fuera de los brazos de un amor...


fuera del brazo de un amor
y en los brazos de otro
he sido salvado de morir en la cruz
por una mujer que fuma hierba
escribe canciones y cuentos
y es mucho más amable que la anterior,
mucho mucho más amable
y el sexo es tan bueno o mejor.
no es placentero ser puesto y dejado en la cruz,
es mucho más placentero olvidar un amor

que no funcionó
como todo amor
finalmente
no funciona...
es mucho más placentero hacer el amor
en la playa en Del Mar
en el cuarto 42 y después
sentarse en la cama
tomarse un buen vino, hablar y tocarse
fumar
escuchar las olas...

he muerto demasiadas veces
creyendo y esperando, esperando
en un cuarto
mirando fijamente un techo agrietado
esperando una llamada, una carta, un golpecito a la puerta, un sonido...
enloqueciéndome adentro
mientras ella bailaba con desconocidos en discotecas...
fuera de los brazos de un amor
y en los brazos de otro
no es placentero morir en la cruz,
es mucho más placentero escuchar tu nombre susurrado

en la oscuridad.









Charles Bukowski

Versión al español de Mauricio Alejandro Moreno


Out of the arm of one love...


out of the arm of one love
and into the arms of another

I have been saved from dying on the cross
by a lady who smokes pot
writes songs and stories
and is much kinder than the last,
much much kinder,
and the sex is just as good or better.
it isn't pleasant to be put on the cross and left there,
it is much more pleasant to forget a love which didn't
work
as all love
finally
doesn't work ...
it is much more pleasant to make love
along the shore in Del Mar
in room 42, and afterwards
sitting up in bed
drinking good wine, talking and touching
smoking
listening to the waves ...

I have died too many times
believing and waiting, waiting
in a room
staring at a cracked ceiling
waiting for the phone, a letter, a knock, a sound ...
going wild inside
while she danced with strangers in nightclubs ...
out of the arms of one love
and into the arms of another
it's not pleasant to die on the cross,
it is much more pleasant to hear your name whispered in
the dark.








Charles Bukowski


jueves, abril 12, 2018

If I Were Another


If I were another on the road, I would not have looked
back, I would have said what one traveler said
to another: Stranger! awaken
the guitar more! Delay our tomorrow so our road
may extend and space may widen for us, and we may get rescued
from our story together: you are so much yourself ... and I am
so much other than myself right here before you!

If I were another I would have belonged to the road,
neither you nor I would return. Awaken the guitar
and we might sense the unknown and the route that tempts
the traveler to test gravity. I am only
my steps, and you are both my compass and my chasm.


If I were another on the road, I would have
hidden my emotions in the suitcase, so my poem
would be of water, diaphanous, white,
abstract, and lightweight... stronger than memory,
and weaker than dewdrops, and I would have said:
My identity is this expanse!

If I were another on the road, I would have said
to the guitar: Teach me an extra string!
Because the house is farther, and the road to it prettier—
that’s what my new song would say. Whenever
the road lengthens the meaning renews, and I become two
on this road: I ... and another!





Twins By the Sea, by Odd Nerdrum







Mahmoud Darwish

Translated by Fady Joudah