sábado, octubre 20, 2018

L'Ombre Éternelle


Moi qui croyais que la lumière était mienne
précipité dans l'ombre je me vois.
Braise solaire, joie sidérale,
ignée d'écume, de lumière, de désir.

Sang léger, rond, grenade:
dur désir sans profil ni pénombre.
Dehors, la lumière dans la lumière ensevelie.
Je sens qu'il n'y a que l'ombre qui m'éclaire.

Seulement l'ombre. Sans trace. Sans ciel.
Êtres. Volumes. Corps tangibles
dans l'air qui n'a pas d'envol,
dans l'arbre des impossibles.

Froncements carminés, passions en deuil.
Dents assoiffées d'être rouges.
Obscurité de la rancune absolue.
Corps semblables à des puits aveuglés.

Manque l'espace. Le rire s'est effondré.
Il n'est plus possible de s'élancer au plus haut.
Le cœur veut être au plus vite
la force qui écarte l'étroite noirceur.

Chair sans nord qui va par vagues
vers la nuit sinistre, vaine.
Quel est le rayon de soleil qui l'envahisse?
Je cherche. Je ne trouve même pas des vestiges du jour.

Seulement l'éclat des poings fermés,
clarté des dents qui guettent.
Dents et poings de tous les côtes.
Plus que les mains, les monts s'étreignent.

Trouble est la lutte sans soif de demain.
Quelle distance de battements opaques!
Je suis une prison avec une fenêtre
devant une grande solitude de rugissements.

Je suis une fenêtre ouverte qui écoute,
par où voir ténébreuse la vie.
Mais il y a un rayon de soleil dans la lutte
qui laisse à jamais l'ombre vaincue.






Tableau de Odd Nerdrum








Miguel Hernández

Traduction de Sara Solivella Et Philippe Leignel




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