jueves, diciembre 22, 2016

Niño Yuntero


Carne de yugo, ha nacido
más humillado que bello,
con el cuello perseguido
por el yugo para el cuello.

Nace, como la herramienta,
a los golpes destinado,
de una tierra descontenta
y un insatisfecho arado.

Entre estiércol puro y vivo
de vacas, trae a la vida
un alma color de olivo
vieja ya y encallecida.

Empieza a vivir, y empieza
a morir de punta a punta
levantando la corteza
de su madre con la yunta.

Empieza a sentir, y siente
la vida como una guerra
y a dar fatigosamente
en los huesos de la tierra.

Contar sus años no sabe,
y ya sabe que el sudor
es una corona grave
de sal para el labrador.

Trabaja, y mientras trabaja
masculinamente serio,
se unge de lluvia y se alhaja
de carne de cementerio.

A fuerza de golpes, fuerte,
y a fuerza de sol, bruñido,
con una ambición de muerte
despedaza un pan reñido.

Cada nuevo día es
más raíz, menos criatura,
que escucha bajo sus pies
la voz de la sepultura.

Y como raíz se hunde
en la tierra lentamente
para que la tierra inunde
de paz y panes su frente.

Me duele este niño hambriento
como una grandiosa espina,
y su vivir ceniciento
revuelve mi alma de encina.

Lo veo arar los rastrojos,
y devorar un mendrugo,
y declarar con los ojos
que por qué es carne de yugo.

Me da su arado en el pecho,
y su vida en la garganta,
y sufro viendo el barbecho
tan grande bajo su planta.

¿Quién salvará a este chiquillo
menor que un grano de avena?
¿De dónde saldrá el martillo
verdugo de esta cadena?

Que salga del corazón
de los hombres jornaleros,
que antes de ser hombres son
y han sido niños yunteros.




Miguel Hernández & Pabellón de Palabras & Niño Yuntero



Miguel Hernández


martes, diciembre 20, 2016

Espérance De Vie

Prim's : on se connaît

Lyriciste Bantou, mais avant tout : on se connaît

Black, Beur, Babtou, de partout : on se connaît

"Parle-nous d'amour avant de nous parler de monnaie, Youss' "C'est c'que me disent les an-ienc', les daronnes Loin des pinces et des charognes et même en iench', je n'ai qu'une seule parole cuand vient la mort, on t'enterre sans tes milliards Est-ce que t'as déjà vu un coffre-fort à l'arrière d'un corbillard? Encore ignare, on m'a dit que le savoir est une arme Mon frère en prison m'a dit que le parloir est une larme
Aux hommes, aux femmes, enfermés loin des palais et qui m'ont apporté leur flamme lors de mes concerts en maisons d'arrêt j'suis dans l'arène, on me parraine, mais j'ai le trac Et à c'qu'il paraît on nous traque je disparais après ce track, putain!
Après la trêve, je ne sors plus comment veux-tu qu'je mène une vie de rêve alors que je ne dors plus? Pour un peu d'or pur, on devient vite des ordures et tu le sais déjà : y'a des dégâts, les désaccords durent L'argent incite les hypocrites à faire semblant Ils oublieront que je suis noir quand je leur signerai des chèques en blanc checke l'ambiance, la musique est mélancolique mais tu peux entrer dans la danse si ton esprit est encore libre j'délire, mais j'me délivre des grandes gueules, loin des grosses bouches j'suis plutôt du genre "Enfant seul": demande à Ox' Pucc' Ils osent tous dire que le ghetto c'est cool, téma les mômes poussent pendant que les métaux s'écroulent, et moi j'vois leurs sourires tout jaunes La rue nous tue, certains la traitent comme une mère, alors je l'appelle "Véronique Courjault" Pour toutes les zones, loin du pays des merveilles Ce pays est beau? Va dire ça aux gens de Montfermeil J'm'éveille, rêve de plage pour les p'tits reufs, pas d'une terre infâme car faut pas croire qu'on fait du surf sur un terrain vague Mais comment on s'évade? On vient déjà de loin on était déjà dans les vapes quand on avait vingt ans de moins Dis-leur qu'on n'est pas fêlés, les médias n'en parlent pas Marre de regarder la télé car la télé ne nous regarde pas Et ils nous parlent de consommer plus à Noël
Si ils pouvaient, ils nous mettraient même des spots de pub dans nos rêves Même cette vie devient commerce, entre risque et ristourne Va dire aux commères que j'veux vivre de mes disques et de mes discours Je cours pour ne pas tomber comme un domino Si dans ce biz faut le bras long, je suis la Vénus de Milo Et quand mon stylo porte plainte, c'est pas d'la provocation On me conseille de faire le point, je fais des points d'interrogation Pourquoi j'n'ai pas peur de ma mort mais de celle de mes proches? Pourquoi Marianne a des remords: mais qu'est-ce qu'elle me reproche? Sur l'identité nationale, qu'on me corrige Mais mes ancêtres avaient-ils vraiment la gueule de Vercingétorix? Moi j'ai la rhétorique du bled et de nos banlieues froides Mon cœur est si torride, que je ne peux pas tout dire en deux phrases Alors je frappe les esprits au bon endroit J'suis un éternel incompris, donc seul l'Éternel me comprendra Ça part en drame, l’orgueil est une maladie Quand des hommes et des femmes pensent avoir le monopole du Paradis Fuck les religieux mégalos J'préfère un athée qui s'comporte comme un croyant qu'un croyant qui s'comporte comme un salaud



J'me jette à l'eau avec ce texte un peu bavard J'ai payé le taro, mais la crise a fini par m'avoir
J'voulais savoir comment faire plus de thunes dans le circuit J'ai demandé à la Lune, elle m'a pris pour Nicola Sirkis Ne sois pas si triste, mauvais karma Quand tous les rêves de la street viennent à tourner au carnage Car moi, le temps des briques m'a dépassé Et la vie, c'est comme un Bic: tu peux bien faire une croix sur tes erreurs, mais pas les effacer Trop fâché, mais assez ivre pour sourire J'sais pas si l’espoir fait vivre, mais moi il m'empêche de mourir Et l'amour peut me nourrir, d'un coup mon pouls s'accélère Je veux être un homme heureux, histoire de chialer comme William Sheller Et si parfois, j'ai l'air loin de la tourmente, Maman Ma vie est belle, mais il y a toujours toi qui manques, Maman J'pourrais chanter comme je suis fier, mais sans prétention Dieu accepte surtout les prières, pas les belles chansons La seule rançon, c'est le salut des gens qu'on aime: Amin Pas de tension, on gagne tous à se connaître: Amin Avoir toutes les vertus est impossible J'ai une pensée pour tous les gens que j'ai perdus, pour tous les vôtres aussi Le nombre de mesures de ce texte, si t'y penses Est juste égal à l'âge moyen de l'espérance de vie en France Mais ce n'est pas une question d'âge, de chiffres et de stats Moi je te parle surtout de rage, de kif et d'espoir Espérance de vie






Youssoupha Mabiki




First they came for...


First they came for the socialists,
and I did not speak out
because I was not a socialist.

Then they came for the trade unionists,
and I did not speak out
because I was not a trade uninist.

Then they came for the Jews,
and I did not speak out
because I was not a Jew.

Then they came for me,
and there was no one left
to speak for me.






Martin Niemöller



sábado, diciembre 17, 2016

Mediterráneo


Quizás porque mi niñez
sigue jugando en tu playa
y escondido tras las cañas
duerme mi primer amor,
llevo tu luz y tu olor
por dondequiera que vaya,
y amontonado en tu arena
guardo amor, juegos y penas.


Yo, que en la piel tengo el sabor
amargo del llanto eterno
que han vertido en ti cien pueblos
de Algeciras a Estambul
para que pintes de azul
sus largas noches de invierno
a fuerza de desventuras,
tu alma es profunda y oscura.

A tus atardeceres rojos
se acostumbraron mis ojos
como el recodo al camino
soy cantor, soy embustero,
me gusta el juego y el vino,
tengo alma de marinero.
qué le voy a hacer, si yo
nací en el mediterráneo.

Y te acercas, y te vas
después de besar mi aldea.
jugando con la marea
te vas, pensando en volver.
eres como una mujer
perfumadita de brea
que se añora y que se quiere
que se conoce y se teme.

Ay, si un día para mi mal
viene a buscarme la parca,
empujad al mar mi barca
con un levante otoñal
y dejad que el temporal
desguace sus alas blancas.

Y a mí enterradme sin duelo
entre la playa y el cielo...
En la ladera de un monte,
más alto que el horizonte.
quiero tener buena vista.
mi cuerpo será camino,
le daré verde a los pinos
y amarillo a la genista
Cerca del mar porque yo
nací en el mediterráneo.





Joan Manuel Serrat



jueves, diciembre 15, 2016

La Canción Imposible


Hace tiempo que traigo, estrangulada, 
La canción imposible que enmudece mis labios,
Y la siento ulular por toda el alma.
Poeta sin palabras,
Marinero sin cantos,
Yo entoné mi silencio.
La voz de mi espíritu dejó extraviar su eco
En el puerto expectante de mi insomne tristeza.
Un alcatraz de sombras picoteó insaciable
Los peces de colores de mi ensueño.
Ignoro aún si es negra o blanca,
Si ha de cantar en ella el indio adormecido que llora en mis entrañas
O el pendenciero ancestro del abuelo
Que me dejó su ardiente
Y sensual sangre mulata.
Si ha de llevar sabor de agua salada
O tambores al fondo
O claridades de sol de la mañana
O nebulosos fríos de montaña.
La canción imposible
Crucifica mis ansias bajo un gotear de hieles.
Y, en el mástil de todas las angustias,
Flamea mi vida, como los gallardetes,
Erguida de deseos, cautiva de los vientos.
He sentido un retoñar de alas.
Alma adentro,
Una sed de dilatadas lejanías
Que me impulsa a beber todo el azul del cielo,
A hundir, como un náufrago, los brazos
En mi ancha quimera sin orillas.
(La canción imposible
se ovilla y desovilla, enredada
En el alma).
Si acaso floreciera –tal vez alguna noche
Como un grito desnudo sediento de horizontes,
Aquella canción enigmática
Que mi corazón desconoce,
La escribiría con sangre.
Vieja canción imposible
Que crucifica mis ansias,
Misteriosa de ensueños, mi canción sin palabras.





Jorge Artel



miércoles, diciembre 14, 2016

Palabras Para Julia


Tú no puedes volver atrás
porque la vida ya te empuja
como un aullido interminable.

Hija mía es mejor vivir
con la alegría de los hombres
que llorar ante el muro ciego.

Te sentirás acorralada
te sentirás perdida o sola
tal vez querrás no haber nacido.

Yo sé muy bien que te dirán
que la vida no tiene objeto
que es un asunto desgraciado.

Entonces siempre acuérdate
de lo que un día yo escribí
pensando en ti como ahora pienso.

La vida es bella, ya verás
como a pesar de los pesares
tendrás amigos, tendrás amor.

Un hombre solo, una mujer
así tomados, de uno en uno
son como polvo, no son nada.

Pero yo cuando te hablo a ti
cuando te escribo estas palabras
pienso también en otra gente.

Tu destino está en los demás
tu futuro es tu propia vida
tu dignidad es la de todos.

Otros esperan que resistas
que les ayude tu alegría
tu canción entre sus canciones.

Entonces siempre acuérdate
de lo que un día yo escribí
pensando en ti
como ahora pienso.

Nunca te entregues ni te apartes
junto al camino, nunca digas
no puedo más y aquí me quedo.

La vida es bella, tú verás
como a pesar de los pesares
tendrás amor, tendrás amigos.

Por lo demás no hay elección
y este mundo tal como es
será todo tu patrimonio.

Perdóname no sé decirte
nada más pero tú comprende
que yo aún estoy en el camino.

Y siempre siempre acuérdate
de lo que un día yo escribí
pensando en ti como ahora pienso.







José Agustín Goytisolo




La Fuente Perdurable


Se estremeció al contacto de las manos
y ofrecía su cuerpo al alfarero
que ella siempre anheló: primero el rostro
después el talle luego las rodillas.

¡Oh sí! Mujer de barro que se vuelve
cántaro de aguamiel vasija húmeda
copa de vino para los desmayos
maceta de albahaca taza honda

cáliz de olor jofaina regalada
pila bajo la fuente perdurable
lamparilla de aceite que alumbrara

noches sin sueño y páginas de un libro
que está por escribir. ¡Oh sí; ser barro!
Barro que ha descubierto a su alfarero.









José Agustín Goytisolo



martes, diciembre 13, 2016

Sandrevan Lullaby

The generals hate holidays
Others shoot up to chase the sun blues away
Another store front church is open
Sea of neon lights, a boxer his shadow fights
Soldier tired and sailor broken
Winter's asleep at my window
Cold wind waits at my door
She asks me up to her place
But I won't be down anymore

Judges with metermaid hearts
Order super market justice starts
Frozen children inner city
Walkers in the paper rain
Waiting for those knights that never came
The hi-jacked trying so hard to be pretty

Night rains tap at my window
Winds of my thoughts passing by
She laughed when I tried to tell her
Hello only ends in goodbye

America gains another pound
Only time will bring some people around
Idols and flags are slowly melting
Another shower of rice
To pair it for some will suffice
The mouthful asks for second helpings

Moonshine pours through my window
The night puts it's laughter away
Clouds that pierce the illusion
That tomorrow would be as yesterday...










Sixto Rodriguez


The Poem I Can't Yet Name


For my grandmother 



My hands lift high a bowl of rice, the seeds harvested
in the field where my grandmother was laid to rest.
Each rice seed tastes sweet as the sound of lullaby
from the grandmother I never knew.
I imagine her soft face as they laid her down into the earth,
her clothes battered, her skin stuck to her bones;
in the great hunger of 1945, my village
was hungry for graves to bury all the dead.
Nobody could find my grandmother’s grave,
so my father tasted bitter rice for sixty-five years.

After sixty-five years, my father and I stood
in front of my grandmother’s grave.
I heard my father call “Mum,” for the first time;
the rice field behind his back trembled.


----


My two feet cling to the mud.
I listen in the burning incense to my grandmother’s soul spread;
uniting deep with the earth, taking root in the field,
she quietly sings lullabies, calling rice plants to blossom.

Lifting the bowl of rice in my hands, I count every seed,
each one glistening with the sweat of my relatives,
their backs bent in the rice fields,
the fragrance of my grandmother’s lullaby alive on each one.






Nguyen Phan Que Mai



domingo, diciembre 11, 2016

Canción


Nunca fue tan hermosa la mentira
como en tu boca, en medio
de pequeñas verdades banales
que eran todo
tu mundo que yo amaba,
mentira desprendida
sin afanes, cayendo
como lluvia
sobre la oscura tierra desolada.
Nunca tan dulce fue la mentirosa
palabra enamorada apenas dicha,
ni tan altos los sueños
ni tan fiero
el fuego esplendoroso que sembrara.
Nunca, tampoco,
tanto dolor se amotinó de golpe,
ni tan herida estuvo la esperanza.





Piedad Bonnett


Abismos


Porque eres ave que girando en rebeldía
desafía la bruma
                               la ardua noche
haciéndola más honda y más oscura
y más inmenso el mar
                               porque eres nave y náufrago a la vez
                               sin velas y sin anclas
                               solitario
                               profanador de todos los confines
potro de sombras desbocado y dulce
para la libertad
                               y el cielo galopante
hecho de vientos y hecho de huracanes
y sin embargo calmo como el agua
de misteriosos y profundos lagos
                               porque extraviado pero indiferente
                               como un rey agraviado deambulas
                               por los caminos de un imperio en ruinas
                               porque eres un reloj sin manecillas
                               un bello loto sobre los pantanos
porque te vi sonriendo en tus orillas
                     cayendo voy
                     errática y ardida
en tus oscuros mundos abismales.






Piedad Bonnett


sábado, diciembre 10, 2016

Hombre Planetario

  
XIX


Vendrá un día más puro que los otros:
estallará la paz sobre la tierra
como un sol de cristal. Un fulgor nuevo
envolverá las cosas.
Los hombres cantarán en los caminos,
libres ya de la muerte solapada.


El trigo crecerá sobre los restos
de la armas destruidas
y nadie verterá
la sangre de su hermano.
El mundo será entonces de las fuentes
y las espigas, que impondrán su imperio
de abundancia y frescura sin fronteras.
Los ancianos tan sólo, en el domingo
de su vida apacible,
esperarán la muerte,
la muerte natural, fin de jornada,
paisaje más hermoso que el poniente.








Jorge Carrera Andrade




viernes, diciembre 09, 2016

Cantares


el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante no hay camino
sino estelas en la mar. 

Todo pasa y todo queda
Pero lo nuestro es pasar
Pasar haciendo caminos
Caminos sobre la mar

Nunca perseguí la gloria
Ni dejar en la memoria
De los hombres mi canción
Yo amo los mundos sutiles
Ingrávidos y gentiles
Como pompas de jabón

Me gusta verlos pintarse de sol y grana
Volar bajo el cielo azul
Temblar súbitamente y quebrarse
Nunca perseguí la gloria
Caminante son tus huellas el camino y nada más
Caminante, no hay camino se hace camino al andar

Al andar se hace camino
Y al volver la vista atrás
Se ve la senda que nunca
Se ha de volver a pisar
Caminante no hay camino sino estelas en la mar

Hace algún tiempo en ese lugar
Donde hoy los bosques se visten de espinos
Se oyó la voz de un poeta gritar
Caminante no hay camino, se hace camino al andar

Golpe a golpe, verso a verso
Murió el poeta lejos del hogar
Le cubre el polvo de un país vecino
Al alejarse, le vieron llorar
"Caminante, no hay camino, se hace camino al andar"

Golpe a golpe, verso a verso

Cuando el jilguero no puede cantar
Cuando el poeta es un peregrino
Cuando de nada nos sirve rezar
Caminante no hay camino, se hace camino al andar

Golpe a golpe, verso a verso.





Antonio Machado



jueves, diciembre 08, 2016

Meu Mundo É Hoje

Eu sou assim, quem quiser gostar de mim eu sou assim.
Eu sou assim, quem quiser gostar de mim eu sou assim.

Meu mundo é hoje não existe amanhã pra mim
Eu sou assim, assim morrerei um dia.

Não levarei arrependimentos nem o peso da hipocrisia.

Tenho pena daqueles que se agacham até o chão
Enganando a si mesmo por dinheiro ou posição
Nunca tomei parte deste enorme batalhão,
Pois sei que além de flores, nada mais vai no caixão.






Wilson Batista



martes, diciembre 06, 2016

Cuerpo de mujer, blancas colinas...


Cuerpo de mujer, blancas colinas, muslos blancos,
te pareces al mundo en tu actitud de entrega.
Mi cuerpo de labriego salvaje te socava
y hace saltar el hijo del fondo de la tierra.

Fui solo como un túnel. De mí huían los pájaros
y en mí la noche entraba su invasión poderosa.
Para sobrevivirme te forjé como un arma,
como una flecha en mi arco, como una piedra en mi honda.

Pero cae la hora de la venganza, y te amo.
Cuerpo de piel, de musgo, de leche ávida y firme.
Ah los vasos del pecho! Ah los ojos de ausencia!
Ah las rosas del pubis! Ah tu voz lenta y triste!

Cuerpo de mujer mía, persistiré en tu gracia.
Mi sed, mi ansia sin límite, mi camino indeciso!
Oscuros cauces donde la sed eterna sigue,
y la fatiga sigue, y el dolor infinito.



Auguste Renoir, Young Girl Bathing



Pablo Neruda