Créateur mon frère, méfie-toi, pour t'apprivoiser, ils veulent faire de toi un homme de spectacle : n'accepte jamais cela, fais mieux, brave les projecteurs issus de leur condition débile, et lorsque en clignant de l'œil ils voudront t'applaudir, descends de la scène où ils t'ont placé et, droit dans les yeux, fixe-les. Fixe-les, Créateur mon frère, avec grande intensité, afin de laisser passer à travers tes prunelles agrandies au plus le maximum de lumière. Une fois cette épreuve passée, observe-les, Créateur mon frère, et si tu les observes bien, tu pourras voir ceux restés debout, malgré l'éclair, rire du souvenir de leur confusion qu'ils ont maintenant, grâce à toi, Créateur mon frère, dépassée. Quant aux autres, si l'ombre les dévore, s'ils meurent faute d'aurore, ce sera bien parce que cette sentence aura jailli directement de la vie.
Créateur mon frère, n'accepte pas le rôle du mannequin sans vie mû par la lumière artificielle de leurs projecteurs faciles. Créateur mon frère, oublie toutes les chimères, tous les fantasmes nés des fausses lumières, oublie tout cela, Créateur mon frère, pour être en mesure de goûter, au plus, le calme profond que donne la vision d'un horizon non empêché.
Daniel Pons