jueves, febrero 16, 2017

Poema De La Profunda Despedida


Por última vez
toma el íntimo fuego de mis manos
y el brillo de mis ojos en tu cuerpo.
No olvides la manera que teníamos
de andar entre los seres
y de mirar el agua y las palomas.
No olvides el color de los almendros
ni el ojo de las bestias
ni el brocal de los pozos conocidos.
Por última vez
toma esta torre y esta tarde amada
que se irán con tu sangre para siempre.
Toma el sabor maduro de los frutos
y el color de mi piel y de mi traje.
Por última vez
contempla la estatura de mi cuerpo,
la forma de mis labios
y el beso de mi voz en tus cabellos.
Por última vez
bebe el sonido transparente y vago
del cielo entre los árboles inmensos.
Y recuerda la lluvia y los caminos
cuando éramos los dos una mirada
repetida en la niebla por el viento.
No olvides las palabras detenidas
como pájaros ciegos y vencidos
ni el latido profundo de mis venas
al dejar nuestras huellas en la arena.
Recuerda la frescura de los cántaros
a la hora del azahar y de los besos.
No olvides las estrellas
miradas por los dos bajo la bruma.
Ni olvides mi manera
de ser feliz ante los hechos simples:
de tirar piedrecillas en el agua
de cantar en la yerba
o de mirar el vuelo de las nubes
en el húmedo cielo de tus ojos.
Ahora sabrás esta costumbre mía
de regalarte cosas fugitivas:
el aroma de un huerto, la mañana
durmiendo sobre un lirio estremecido,
una palabra vaga
o una espiga sin savia ni sentido.
Por última vez
toma el dolor de este silencio mío,
toma la olaridad de mi agonía;
mira el muro de yedra envejecida,
el patio solitario
y esta breve colina donde flota
el herido temblor de mi pañuelo.
Escucha siempre este secreto llanto
que resbala sin rumbo por mis huesos.
Toma mi soledad y mi dulzura
y viaja con mi nombre hasta la muerte.




Héctor Rojas Herazo



The Dark Blot

He who has gazed against the sun sees everywhere
he looks thereafter, palpitating on the air
before his eyes, a smudge that will not go away.

So in my days of still-youth, my audacity,
I dared look on the splendor momentarily.
The dark blot on my greedy eyes has come to stay.

Since when, worn like a badge of mourning in the sight
of all around me where my eye may chance to light,
I see the dark smudge settle upon everyone.

Forever thus between my happiness and me?
Alas for us, the eagle only, only he
can look, and not be hurt, on splendor and the sun. 






Gérard de Nerval

Translated by Richmond Lattimore


Le Point Noir


Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l'air, une tache livide.

Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
Un point noir est resté dans mon regard avide.

Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
Partout, sur quelque endroit que s'arrête mon oeil,
Je la vois se poser aussi, la tache noire !

Quoi, toujours ? Entre moi sans cesse et le bonheur !
Oh ! c'est que l'aigle seul - malheur à nous, malheur !
Contemple impunément le Soleil et la Gloire.






Gérard de Nerval



miércoles, febrero 15, 2017

Versos Dorados

¡Qué! ¡Todo es sensible!

Pitágoras


¡Hombre, pensador libre!, ¿te crees pensante único
En un mundo en que todo de vida eclosiona?
Tu libertad se embebe de las fuerzas que ostentas,
Pero se abstiene el cosmos de todos tus consejos.


Respeta en cada bestia un agitado espíritu,
Cada flor es un alma que estalla a la Natura;
Un misterio de amor en el metal reposa;
“¡Todo es sensible!”, y todo sobre ti es potente.

Teme, en el muro ciego, un ojo que te espía:
En la materia misma un verbo se ha metido…
¡No la hagas servir a un propósito impío!

Frecuente al ser oscuro es un dios escondido;
Y como ojo naciente cubierto por su párpado,
¡Un espíritu etéreo en la piedra está hundido!




Gérard de Nerval

Traducción de Juan Carlos Sánchez Sottosanto


Vers Dorés

Eh quoi! tout est sensible!

Pythagore




Homme! libre penseur – te crois-tu seul pensant
Dans ce monde, où la vie éclate en toute chose:
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant …
Chaque fleur est une âme a la Nature éclose;
Un mystère d’amour dans le métal éclose:
Tout est sensible; – Et tout sur ton être est puissant!

Crains dans le mur aveugle un regard qui t’épie:
A la matière même un verb est attaché …
Ne la fait pas servir à quelque usage impie.

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché;
Et, comme un oeil naissnt couver par ses paupières,
Un pur esprit s’accroit sous l’écorce des pierres.







Gérard de Nerval




martes, febrero 14, 2017

El Amor Indeciso


Un amor indeciso se ha acercado a mi puerta…
Y no pasa; y se queda frente a la puerta abierta.

Yo le digo al amor: —¿Qué te trae a mi casa?
Y el amor no responde, no saluda, no pasa…

Es un amor pequeño que perdió su camino:
Venía ya la noche… Y con la noche vino.

¡Qué amor tan pequeñito para andar con la sombra!…
¿Qué palabra no dice, qué nombre no me nombra?…

¿Qué deja ir o espera? ¿Qué paisaje apretado
se le quedó en el fondo de los ojos cerrados?

Este amor nada dice… Este amor nada sabe:
Es del color del viento, de la huella que un ave
deja en el viento… —Amor semi-despierto, tienes
los ojos neblinosos aun de Lázaro… Vienes
de una sombra a otra sombra con los pasos trocados
de los ebrios, los locos… ¡Y los resucitados!

Extraño amor sin rumbo que me gana y me pierde,
que huele las naranjas y que las rosas muerde…

Que todo lo confunde, lo deja… ¡Y no lo deja!
Que esconde estrellas nuevas en la ceniza vieja…

Y no sabe morir ni vivir: Y no sabe
que el mañana es tan sólo el hoy muerto… El cadáver
futuro de este hoy claro, de esta hora cierta…

             Un amor indeciso se ha dormido a mi puerta…




Dulce María Loynaz

domingo, febrero 12, 2017

Corazón Nuevo


Mi corazón, como una sierpe,
se ha desprendido de su piel,
y aquí la miro entre mis dedos
llena de heridas y de miel.

Los pensamientos que anidaron
en tus arrugas, ¿dónde están?
¿Dónde las rosas que aromaron
a Jesucristo y a Satán?

¡Pobre envoltura que ha oprimido
a mi fantástico lucero!
Gris pergamino dolorido
de lo que quise y ya no quiero.

Yo veo en ti fetos de ciencias,
momias de versos y esqueletos
de mis antiguas inocencias
y mis románticos secretos.

¿Te colgaré sobre los muros
de mi museo sentimental,
junto a los gélidos y oscuros
lirios durmientes de mi mal?

¿O te pondré sobre los pinos,
-libro doliente de mi amor-
para que sepas de los trinos
que da a la aurora el ruiseñor?












Federico García Lorca

Mauvais Sang





J'ai de mes ancêtres gaulois l'oeil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.



Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.

D'eux, j'ai: l'idolâtrie et l'amour du sacrilège; - Oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure; - surtout mensonge et paresse.

J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains! - Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal.

Mais! qui a fait ma langue perfide tellement qu'elle ait guidé et sauvegardé jusqu'ici ma paresse? Sans me servir pour vivre même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j'ai vécu partout. Pas une famille d'Europe que je ne connaisse. - J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l'Homme. - J'ai connu chaque fils de famille !

¯¯¯¯¯¯¯¯

Si j'avais des antécédents à un point quelconque de l'histoire de France!

Mais non, rien.

Il m'est bien évident que j'ai toujours été race inférieure. Je ne puis comprendre la révolte. Ma race ne se souleva jamais que pour piller: tels les loups à la bête qu'ils n'ont pas tuée.

Je me rappelle l'histoire de la France fille aînée de l'Église. J'aurai fait, manant, le voyage de terre sainte, j'ai dans la tête des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme; le culte de Marie, l'attendrissement sur le crucifié s'éveillent en moi parmi les mille féeries profanes. - Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d'un mur rongé par le soleil. - Plus tard, reître, j'aurais bivaqué sous les nuits d'Allemagne.

Ah! encore: je danse le sabat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants.

Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme. Je n'en finirais pas de me revoir dans ce passé. Mais toujours seul; sans famille; même, quelle langue parlais-je? Je ne me vois jamais dans les conseils du Christ; ni dans les conseils des Seigneurs, - représentants du Christ.

Qu'étais-je au siècle dernier: je ne me retrouve qu'aujourd'hui. Plus de vagabonds, plus de guerres vagues. La race inférieure a tout couvert - le peuple, comme on dit, la raison; la nation et la science.

Oh! la science! On a tout repris. Pour le corps et pour l'âme, - le viatique, - on a la médecine et la philosophie, - les remèdes de bonnes femmes et les chansons populaires arrangées. Et les divertissements des princes et les jeux qu'ils interdisaient! Géographie, cosmographie, mécanique, chimie!...

La science, la nouvelle noblesse! Le progrès. Le monde marche! Pourquoi ne tournerait-il pas?

C'est la vision des nombres. Nous allons à l'Esprit. C'est très certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.

¯¯¯¯¯¯¯¯

Le sang païen revient! L'esprit est proche, pourquoi Christ ne m'aide-t-il pas, en donnant à mon âme noblesse et liberté. Hélas! l'Évangile a passé! l'Évangile! l'Évangile.

J'attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité.

Me voici sur la plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer l'herbe, chasser, fumer surtout; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, - comme faisaient ces chers ancêtres autour des feux.

Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux: sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or: je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé.

Maintenant je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre, sur la grève.

¯¯¯¯¯¯¯¯

On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici, chargé de mon vice, le vice qui a poussé ses racines de souffrance à mon côté, dès l'âge de raison - qui monte au ciel, me bat, me renverse, me traîne.

La dernière innocence et la dernière timidité. C'est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons.

Allons! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère.

À qui me louer? Quelle bête faut-il adorer? Quelle sainte image attaque-t-on? Quels coeurs briserai-je? Quel mensonge dois-je tenir? - Dans quel sang marcher?

Plutôt, se garder de la justice. - La vie dure, l'abrutissement simple, - soulever, le poing desséché, le couvercle du cercueil, s'asseoir, s'étouffer. Ainsi point de vieillesse, ni de dangers : la terreur n'est pas française.

- Ah! je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection.

O mon abnégation, ô ma charité merveilleuse! ici-bas, pourtant!

De profundis Domine, suis-je bête!

¯¯¯¯¯¯¯¯

Encore tout enfant, j'admirais le forçat intraitable sur qui se referme toujours le bagne; je visitais les auberges et les garnis qu'il aurait sacrés par son séjour; je voyais avec son idée le ciel bleu et le travail fleuri de la campagne; je flairais sa fatalité dans les villes. Il avait plus de force qu'un saint, plus de bon sens qu'un voyageur - et lui, lui seul! pour témoin de sa gloire et de sa raison.

Sur les routes, par des nuits d'hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon coeur gelé: "Faiblesse ou force: te voilà, c'est la force. Tu ne sais ni où tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre." Au matin j'avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j'ai rencontrés ne m'ont peut-être pas vu.

Dans les villes la boue m'apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine, comme un trésor dans la forêt! Bonne chance, criais-je, et je voyais une mer de flammes et de fumées au ciel; et, à gauche, à droite, toutes les richesses flambant comme un milliard de tonnerres.

Mais l'orgie et la camaraderie des femmes m'étaient interdites. Pas même un compagnon. Je me voyais devant une foule exaspérée, en face du peloton d'exécution, pleurant du malheur qu'ils n'aient pu comprendre, et pardonnant! - Comme Jeanne d'Arc! - "Prêtres, professeurs, maîtres, vous trompez en me livrant à la justice. Je n'ai jamais été de ce peuple-ci; je n'ai jamais été chrétien; je suis de la race qui chantait dans le supplice; je ne comprends pas les lois; je n'ai pas le sens moral, je suis une brute: vous trompez..."

Oui, j'ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, un nègre. Mais je puis être sauvé. Vous êtes de faux nègres, vous maniaques, féroces, avares. Marchand, tu es nègre; magistrat, tu es nègre; général, tu es nègre; empereur, vieille démangeaison, tu es nègre: tu as bu d'une liqueur non taxée, de la fabrique de Satan. - Ce peuple est inspiré par la fièvre et le cancer. Infirmes et vieillards sont tellement respectables qu'ils demandent à être bouillis. - Le plus malin est de quitter ce continent, où la folie rôde pour pourvoir d'otages ces misérables. J'entre au vrai royaume des enfants de Cham.

Connais-je encore la nature? me connais-je? - Plus de mots. J'ensevelis les morts dans mon ventre. Cris, tambour, danse, danse, danse, danse! Je ne vois même pas l'heure où, les blancs débarquant, je tomberai au néant.

Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse!

¯¯¯¯¯¯¯¯

Les blancs débarquent. Le canon! Il faut se soumettre au baptême, s'habiller, travailler.

J'ai reçu au coeur le coup de la grâce. Ah! je ne l'avais pas prévu!

Je n'ai point fait le mal. Les jours vont m'être légers, le repentir me sera épargné. Je n'aurai pas eu les tourments de l'âme presque morte au bien, où remonte la lumière sévère comme les cierges funéraires. Le sort du fils de famille, cercueil prématuré couvert de limpides larmes. Sans doute la débauche est bête, le vice est bête ; il faut jeter la pourriture à l'écart. Mais l'horloge ne sera pas arrivée à ne plus sonner que l'heure de la pure douleur ! Vais-je être enlevé comme un enfant, pour jouer au paradis dans l'oubli de tout le malheur!

Vite! est-il d'autres vies? - Le sommeil dans la richesse est impossible. La richesse a toujours été bien public. L'amour divin seul octroie les clefs de la science. Je vois que la nature n'est qu'un spectacle de bonté. Adieu chimères, idéals, erreurs.

Le chant raisonnable des anges s'élève du navire sauveur : c'est l'amour divin. - Deux amours! je puis mourir de l'amour terrestre, mourir de dévouement. J'ai laissé des âmes dont la peine s'accroîtra de mon départ! Vous me choisissez parmi les naufragés, ceux qui restent sont-ils pas mes amis?

Sauvez-les!

La raison m'est née. Le monde est bon. Je bénirai la vie. J'aimerai mes frères. Ce ne sont plus des promesses d'enfance. Ni l'espoir d'échapper à la vieillesse et à la mort. Dieu fait ma force, et je loue Dieu.

¯¯¯¯¯¯¯¯

L'ennui n'est plus mon amour. Les rages, les débauches, la folie, dont je sais tous les élans et les désastres, - tout mon fardeau est déposé. Apprécions sans vertige l'étendu de mon innocence.

Je ne serais plus capable de demander le réconfort d'une bastonnade. Je ne me crois pas embarqué pour une noce avec Jésus-Christ pour beau-père.

Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J'ai dit: Dieu.

Je veux la liberté dans le salut : comment la poursuivre? Les goûts frivoles m'ont quitté. Plus besoin de dévouement ni d'amour divin. Je ne regrette pas le siècle des coeurs sensibles. Chacun a sa raison, mépris et charité: je retiens ma place au sommet de cette angélique échelle de bon sens.

Quant au bonheur établi, domestique ou non... non, je ne peux pas. Je suis trop dissipé, trop faible. La vie fleurit par le travail, vieille vérité: moi, ma vie n'est pas assez pesante, elle s'envole et flotte loin au-dessus de l'action, ce cher point du monde.

Comme je deviens vieille fille, à manquer du courage d'aimer la mort!

Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la prière, - comme les anciens saints. - Les saints! des forts! les anachorètes, des artistes comme il n'en faut plus!

Farce continuelle! Mon innocence me ferait pleurer. La vie est la farce à mener par tous.

¯¯¯¯¯¯¯¯

Assez! voici la punition. - En marche!

Ah! les poumons brûlent, les tempes grondent! la nuit roule dans mes yeux, par ce soleil! le coeur... les membres...

Où va-t-on? au combat? je suis faible! les autres avancent. Les outils, les armes... le temps!...

Feu! feu sur moi! Là! ou je me rends. - Lâches! - Je me tue! Je me jette aux pieds des chevaux!

Ah!...

- Je m'y habituerai.

Ce serait la vie française, le sentier de l'honneur !



Arthur Rimbaud


Já Não Me Importo

Já não me importo
Até com o que amo ou creio amar.
Sou um navio que chegou a um porto
E cujo movimento é ali estar.


Nada me resta
Do que quis ou achei.
Cheguei da festa
Como fui para lá ou ainda irei

Indiferente
A quem sou ou suponho que mal sou,

Fito a gente
Que me rodeia e sempre rodeou,

Com um olhar
Que, sem o poder ver,
Sei que é sem ar
De olhar a valer.

E só me não cansa
O que a brisa me traz
De súbita mudança
No que nada me faz.















Fernando Pessoa



sábado, febrero 11, 2017

Jorge De Capadócia


Jorge sentou praça na cavalaria
E eu estou feliz porque eu também sou da sua companhia
Eu estou vestido com as roupas e as armas de Jorge
Para que meus inimigos tenham pés, não me alcancem
Para que meus inimigos tenham mãos, não me peguem, não me toquem
Para que meus inimigos tenham olhos e não me vejam
E nem mesmo um pensamento eles possam ter para me fazerem mal


Armas de fogo, meu corpo não alcançará
Facas, lanças se quebrem, sem o meu corpo tocar
Cordas, correntes se arrebentem, sem o meu corpo amarrar
Pois eu estou vestido com as roupas e as armas de Jorge

Jorge é de Capadócia, viva Jorge!
Jorge é de Capadócia, salve Jorge!

Perseverança, ganhou do sórdido fingimento
E disso tudo nasceu o amor
Perseverança, ganhou do sórdido fingimento
E disso tudo nasceu o amor

Ogan toca pra Ogum
Ogan toca pra Ogum
Ogan Ogam toca pra Ogum

Jorge é da Capadócia
Jorge é da Capadócia
Jorge é da Capadócia
Jorge é da Capadócia

Ogan toca pra Ogum
Ogan toca pra Ogum

Jorge sentou praça na cavalaria
E eu estou feliz porque eu também sou da sua companhia

Ogan toca pra Ogum
Ogan toca pra Ogum










Jorge Ben Jor





jueves, febrero 09, 2017

Ausencia



Leopoldo a su Aglaura

 

Todo, amada, en tu ausencia siempre larga te llora:
El silencio y la estrella, la sombra y la canción,
Lo que duda en la dicha, la que en la duda implora.
Y luego... este profundo sangrar del corazón.

Como no ha de llorarte todo lo que es hermoso
Y todo cuanto es triste porque es capaz de amar,
Si tu ausencia ¡tan larga! se parece al reposo
De la luna suicida que se ahoga en el mar.

Con tu ausencia anochecen la alegría y la aurora.
La esperanza es angustia, sinsabor el placer.
Y hasta en la misma perla del rocío te llora
Lo que tiene de lágrima toda gota al caer.







Leopoldo Lugones


martes, febrero 07, 2017

Nevado Sagrado


Tabernáculo de picos nevados
Y en Kekexili la noche se aproxima
El cielo se ilumina con antorchas de oro
Inhalo la selva otoñal
Y observo el velo estrellado de Maya que cae
En la oscuridad del vientre de la madre

Mis pensamientos y deseos se mantienen a flote
Sé que mi última oportunidad ha llegado
Mi lengua envía sucesivas alabanzas de espíritus sagrados
Mientras anhelos azules de distantes mares disminuyen











Verdaderamente provenimos de los doce hijos de la tribu
   de la nieve
Resucitados tardíamente desde un réquiem por los héroes
Sólo aquí, en el dominio eterno de la luz del sol

La sombra de un pájaro, el ciclo de vida
Proveerán las cosas de la eterna memoria
Los picos brillan serenamente, como lo cuentan las historias
En este momento parezco un celebrante
Sin nada que ofrecer, sino lágrimas en mi rostro
Y mi credo de toda la vida al cual le doy voz
Confiándolo a los mensajeros del crepúsculo
Descubro que mi espíritu busca dirección
Pasando por valles, a través del aire prístino
A través de una amplia llanura, una tierra de libertad
Allá lo veo, como una sacra garuda de oro
Por fin alcanzando la entrada de luz de la humanidad.











Jidi Majia



Para Hacer Un Talismán


Se necesita sólo tu corazón
hecho a la viva imagen de tu demonio o de tu dios.
Un corazón apenas, como un crisol de brasas para la idolatría.
Nada más que un indefenso corazón enamorado.
                                                       Déjalo a la intemperie,
donde la hierba aúlle sus endechas de nodriza loca y no pueda dormir,
donde el viento y la lluvia dejen caer su látigo en un golpe de azul escalofrío
sin convertirlo en mármol y sin partirlo en dos,
donde la oscuridad abra sus madrigueras a todas las jaurías y no logre olvidar.
Arrójalo después desde lo alto de su amor al hervidero de la bruma.
Ponlo luego a secar en el sordo regazo de la piedra,
y escarba, escarba en él con una aguja fría hasta arrancar el último grano de esperanza.
Deja que lo sofoquen las fiebres y la ortiga,
que lo sacuda el trote ritual de la alimaña,
que lo envuelva la injuria hecha con los jirones de sus antiguas glorias.
Y cuando un día un año lo aprisione con la garra de un siglo, antes que sea tarde,
antes que se convierta en momia deslumbrante,
abre de par en par y una por una todas sus heridas:
que las exhiba al sol de la piedad, lo mismo que el mendigo,
que plaña su delirio en el desierto,
hasta que sólo el eco de un nombre crezca en él con la furia del hambre:
un incesante golpe de cuchara contra el plato vacío.

Si sobrevive aún, si ha llegado hasta aquí hecho a la viva imagen de tu demonio o de tu dios;
he ahí un talismán más inflexible que la ley, más fuerte que las armas y el mal del enemigo.
Guárdalo en la vigilia de tu pecho igual que a un centinela.
Pero vela con él.
Puede crecer en ti como la mordedura de la lepra; puede ser tu verdugo.
¡El inocente monstruo, el insaciable comensal de tu muerte!






Olga Orozco


lunes, febrero 06, 2017

Cada uno tiene su pedazo de tiempo...


Cada uno tiene
su pedazo de tiempo
y su pedazo de espacio,
su fragmento de vida
y su fragmento de muerte.

Pero a veces los pedazos se cambian
y alguien vive con la vida de otro
o alguien muere con la muerte de otro.

Casi nadie está hecho
tan sólo con lo propio.
Pero hay muchos que son
nada más que un error:
están hechos con los trozos
totalmente cambiados.















Roberto Juarroz


miércoles, febrero 01, 2017

Primera Afirmación Corporal

Dulce materia mía, lento ruido,
de hueso a voz en nervios resbalando.
Tibia saliva mía, espesa mezcla
de mis células vivas y mi lengua.
De sigilosas venas, de sonidos,
por extraños follajes amparados,
mis dos brazos irrumpen, mis dos brazos,
ávidos de tocar, de ser externos,
como dos instrumentos de agonía.
¡Y tanto muro para tantos besos,
para tantas miradas y tobillos
para tanto plumón y cabellera
al viento somatén dolido y frío!
Este soy yo. Lo sé, lo reconozco,
lo dicen mi volumen y mi sombra,
lo repite una casa y una aldaba,
y un vientre azul lo esparce por el aire
a otras narices y rodillas solas.
Este soy yo. Lo digo con mi fuego,
lo afirmo con mi olor y mi latido
y la luz de mi traje lo pregona.
Ahora soy de cartílago y rocío,
de tarde, de vainilla y cementerio.
Un hombre oculto, un hombre que camina,
un pueblo celular, desconocido,
con hígado y pulmón tras su mirada.
¡Con tanta rosa viva, tanta luna,
tanto ruido bramando y yo tan solo!
Yo solo aquí, miradme, entre mis huesos,
embutido en mi piel y mis maneras.
Náufrago de mi sangre.
Responsable de un pecho y una risa,
apretado de nombres y temores,
con orejas corriendo atolondradas,
con suelas que deshacen la madera,
con hambre de vivir y ser vivido,
con hambre de gritar y que me entiendan
los lirios, las monedas y las tapias.
Este soy yo, lo digo simplemente:
un hombre que se muere por la tarde
para encender al alba su garganta,
un hombre que conoce sin saberlo
a todo lo que vive y se incorpora,
a todo lo que muere y resucita,
a lo que duerme entre la sal y el cielo.
No me pongan un rótulo.
No le pongan color a mi destino.
No me pinten de azul o de amarillo
o de rojo encendido o verde mora
el sudor de mi axila o mi cabello.
No pongan a derecha mis sentidos
ni a izquierda mi dolor y mi sonido.
Yo soy de aquí. De aquí, de donde piso,
de donde crezco y muero,
donde tiemblo y espero,
donde tengo parada mi estatura
y mis cinco sentidos verticales.
No me llamen, siquiera, por un nombre.
Llámenme simplemente
como se llama frío a lo que hiela
o fuego a lo que quema
o viento a lo que esparce y multiplica.
Porque ésto soy, no más, esto que miran
sufrir aprisionado en el vacío:
una mezcla de sangre, hueso y nada,
de agua sedienta y anhelante frío.




Héctor Rojas Herazo