martes, septiembre 21, 2021

Suicide Social



Aujourd’hui sera le dernier jour de mon existence
La dernière fois que j’ferme les yeux, mon dernier silence


J’ai longtemps cherché la solution à ces nuisances
Ça m'apparait maintenant comme une évidence


Fini d'être une photocopie
Finies la monotonie, la lobotomie


Aujourd’hui je ne mettrai ni ma chemise, ni ma cravate
Je n’irai pas jusqu’au travail, je ne donnerai pas la patte


Adieu les employés de bureau et leurs vies bien rangées
Si tu pouvais rater la tienne, ça les arrangerait
Ça prendrait un peu de place dans leurs cerveaux étriqués
Ça les conforterait dans leur médiocrité


Adieu, les représentants grassouillets
Qui boivent jamais d'eau comme s’ils voulaient pas se mouiller


Les commerciaux qui sentent l’after-shave et le cassoulet
Mets de la mayonnaise sur leur mallette, ils se la boufferaient


Adieu les vieux comptables séniles
Adieu les secrétaires débiles et leurs discussions stériles


Adieu les jeunes cadres fraîchement diplômés
Qu’empileraient les cadavres pour arriver jusqu'au sommet


Adieu tous ces grands PDG
Essaie d'ouvrir ton parachute doré quand tu t'fais défenestrer
Ils font leur beurre sur des salariés désespérés
Et jouent les vierges effarouchées quand ils se font séquestrer


Tous ces fils de quelqu'un, ces fils d'une pute snob
Qui partagent les trois quarts des richesses du globe


Adieu ces p’tits patrons, ces beaufs embourgeoisés
Qui grattent les RTT pour payer leurs vacances d'été


Adieu les ouvriers, ces produits périmés
C’est la loi du marché mon pote, t'es bon qu'à te faire virer
Ça t’empêchera d'engraisser ta gamine affreuse
Qui s'fera sauter par un pompier, qui va finir coiffeuse


Adieu la campagne et ses familles crasseuses
Proches du porc au point d'attraper la fièvre aphteuse


Toutes ses vieilles, ces commères qui se bouffent entre elles
Ces vieux radins et leurs économies de bouts de chandelle


Adieu cette France profonde
Profondément stupide, cupide, inutile, putride
C’est fini vous êtes en retard d'un siècle
Plus personne a besoin de vous, bande d'incestes


Adieu tous ces gens prétentieux dans la capitale
Qu’essaient de prouver qu'ils valent mieux que toi chaque fois qu’ils t’parlent


Tous ces connards dans la pub, dans la finance, dans la com
Dans la télé, dans la musique, dans la mode


Ces Parisiens jamais contents, médisants
Faussement cultivés, à peine intelligents


Ces répliquants qui pensent avoir le monopole du bon goût
Qui regardent la province d'un œil méprisant


Adieu les sudistes abrutis par leur soleil cuisant
Leur seul but dans la vie c'est la 3ème mi-temps
Accueillant soi-disant, pfff, ils te baisent avec le sourire
Tu peux le voir à leur façon de conduire.


Adieu adieu, ces nouveaux fascistes
Qui justifient leur vie de merde par des idéaux racistes
Devenus néo nazis parce que t'avais aucune passion
Au lieu de jouer les SS, trouve une occupation


Adieu les piranhas dans leur banlieue
Qui voient pas plus loin que le boutde leur haine
Au point qu’ils se bouffent entre eux
Qui deviennent agressifs une fois qu'ils sont à douze
Seuls, ils lèveraient pas le petit doigt dans un combat de pouce


Adieu les jeunes moyens, les pires de tous
Ces baltringues supportent pas la moindre petite secousse


Adieu les fils de bourges, qui possèdent tout mais savent pas quoi en faire
Donne-leur l'Eden, ils t'en font un enfer


Adieu tous ces profs dépressifs,
T’as raté ta propre vie, comment tu comptes élever mes fils


Adieu les grévistes et leur CGT
Qui passent moins de temps à chercher des solutions que des slogans pétés
Qui fouettent la défaite du survet’ au visage
Transforment n’importe quelle manif’ en fête au village


Adieu les journalistes qui font dire ce qu’ils veulent aux images
Vendraient leur propre mère pour écouler quelques tirages

Adieu la ménagère devant son écran
Prête à gober la merde qu'on lui jette entre les dents
Qui pose pas de question tant qu’elle consomme
Qui s'étonne même plus de se faire cogner par son homme


Adieu ces associations bien pensantes
Ces dictateurs de la bonne conscience
Bien contents qu’on leur fasse du tort
C’est à celui qui condamnera le plus fort


Adieu lesbiennes refoulées, surexcitées
Qui cherchent dans leur féminité, une raison d'exister


Adieu ceux qui vivent à travers leur sexualité
Danser sur des chariots, c'est ça votre fierté ?


Les Bisounours et leur pouvoir de l'arc-en-ciel
Qui voudraient me faire croire qu'être hétéro c'est à l'ancienne
Tellement, tellement susceptibles
Pour prouver que t’es pas homophobe, faudra bientôt que tu suces des types


Adieu ma nation, tous ces incapables dans les administrations
Ces rois de l'inaction
Avec leurs bâtiments qui donnent envie de vomir
Qui font exprès d’ouvrir à des heures où personne peut v’nir


Méééééé, tous ces moutons pathétiques
Change une fonction dans leur logiciel, ils se mettent au chômage technique
A peu près le même QI que ces saletés de flics
Qui savent pas construire une phrase en dehors de leurs sales répliques


Adieu les politiques, en parler serait perdre mon temps
Tout l'système est complètement incompétent


Adieu les sectes, adieu les religieux,
Ceux qui voudraient m'imposer des règles "pour que j'vive mieux"


Adieu les poivrots qui rentrent jamais chez eux
Qui préfèrent s'faire enculer par la Française des Jeux


Adieu les banquiers véreux, le monde leur appartient
Adieu tous les pigeons qui leur mangent dans la main


J’comprends que j’ai rien à faire ici quand je branche la 1
Adieu la France de Joséphine Ange Gardien


Adieu les hippies, leur naïveté qui changera rien
Adieu les SM, libertins et tous ces gens malsains


Adieu ces pseudos artistes engagés
Pleins de banalités démagogues dans la trachée
Écouter des chanteurs faire la morale ça me fait chier
Essaye d'écrire des bonnes paroles avant de la prêcher


Adieu les p’tit mongoles qui savent écrire qu'en abrégé
Adieu les sans-papiers les clochards ces tas de déchets
J’les hais
Les sportifs, les hooligans dans les stades
Les citadins, les bouseux dans leurs étables
Les marginaux, les gens respectables
Les chômeurs, les emplois stables
Les génies, les gens passables
De la plus grande crapule à la médaille du mérite
De la Première Dame au dernier trav’ du pays



















Orelsan




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Lien à Suicide Social:

Suicide Social



domingo, septiembre 19, 2021

Número



Hay un número en cada calle,
en cada cuerpo, en cada nombre,
pero no aquel que señale
la distancia que me separa
de los umbrales del misterio,
la cantidad de palabras necesarias
para que se abran por fin sus puertas;
no el que me indique
cuánto tardaré en recorrer
los pasillos de la tarde;
cuál el camino que conduce
al centro de la fiesta;
a qué hora sabré el secreto del jardín,
la edad azul del sueño,
la extensión de luz
que me corresponde.

















Lucía Estrada




miércoles, septiembre 15, 2021

Balada Del Tiempo Perdido



I


El tiempo he perdido
y he perdido el viaje...


Ni sé adónde he ido...
Mas sí vi un paisaje
sólo en ocres:
desteñido...


Lodo, barro, nieblas; brumas, nieblas, brumas
de turbio pelaje,
de negras plumas.
Y luces mediocres. Y luces mediocres.
Vi también erectos
pinos: señalaban un dombo confuso,
ominoso, abstruso,
y un horizonte gris de lindes circunspectos.
Vi aves
graves,
aves graves de lóbregas plumas
-antipáticas al hombre-,
silencios escuché, mudos, sin nombre,
que ambulaban ebrios por entre las brumas...
Lodo, barro, nieblas; brumas, nieblas, brumas.


No sé adónde he ido,
y he perdido el viaje
y el tiempo he perdido...







II


El tiempo he perdido
y he perdido el viaje...


Ni sé adónde he ido...
Mas supe de un crepúsculo de fuego
crepitador: voluminosos gualdas
y calcinados lilas!
(otrora muelles como las tranquilas
disueltas esmeraldas).
Sentí, lascivo, aromas capitosos!
Bullentes crisopacios
brillaban lujuriosos
por sobre las bucólicas praderas!
Rojos vi y rubios, trémulos trigales
al beso de los vientos cariciosos!
Sangrantes de amapolas vi verde-azules eras!
Vi arbolados faunales:
versallescos palacios
fabulosos
para lances y juegos estivales!
Todo acorde con pitos y flautas,
comamusas, fagotes pastoriles,
y el lánguido piano
chopiniano,
y voces incautas
y mezzo-viriles
de mezzo-soprano.
Ni sé adónde he ido...
y he perdido el viaje
y el tiempo he perdido...




III


Y el tiempo he perdido
y he perdido el viaje...


Ni sé adónde he ido...
por ver el paisaje
en ocres,
desteñido,
y por ver el crepúsculo de fuego!


Pudiendo haber mirado el escondido
jardín que hay en mis ámbitos mediocres!
o mirado sin ver: taimado juego,
buido ardid, sutil estratagema, del Sordo, el Frío, el Ciego.






















León de Greiff




martes, septiembre 14, 2021

La Rua Madureira



Non, je n'oublierai jamais la baie de Rio
La couleur du ciel le long du Corcovado
La Rua Madureira, la rue que tu habitais
Je n'oublierai pas pourtant je n'y suis jamais allée


Non, je n'oublierai jamais ce jour de juillet
Où je t'ai connu où nous avons dû nous séparer
Pour si peu de temps et nous avons marché sous la pluie
Je parlais d'amour et toi, tu parlais de ton pays


Non, je n'oublierai pas la douceur de ton corps
Dans le taxi qui nous conduisait à l'aéroport
Tu t'es retourné pour me sourire avant de monter
Dans une caravelle qui n'est jamais arrivée


Non, je n'oublierai jamais ce jour où j'ai lu
Ton nom mal écrit parmi tant d'autres noms inconnus
Sur la première page d'un journal brésilien
J'essayais de lire et je n'y comprenais rien


Non, je n'oublierai jamais la baie de Rio
La couleur du ciel le long du Corcovado
La Rua Madureira, la rue que tu habitais
Je n'oublierai pas pourtant je n'y suis jamais allée


Non, je n'oublierai jamais
Non, je n'oublierai jamais
























Diane Beretta, Nino Ferrer






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Lien à La Rua Madureira interprétée par Pauline Croze:

 

La Rua Madureira





lunes, septiembre 13, 2021

En Tu Inmensa Pupila



Me reconoces, noche,
me palpas, me recuentas,
no como avara sino como una falsa ciega,
o como alguien que no sabe jamás quién es la náufraga y quién la endechadora.
Me has escogido a tientas para estatua de tus alegorías,
sólo por la costumbre de sumergirme hasta donde se acaba el mundo
y perder la cabeza en cada nube y a cada paso el suelo debajo de los pies.
¿Y acaso no fui siempre tu hijastra preferida,
esa que se adelanta sin vacilaciones hacia la trampa urdida por tu mano,
la que muerde el veneno en la manzana o copia tu belleza del espejo traidor?
Olvidaron atarme al mástil de la casa cuando tú pasabas
para que no me fuera cada vez tras tu flauta encantada de ladrona de niños,
y fue a expensas del día que confundí en tu bolsa la blancura y la nieve, los lobos y las sombras.
Ahora es tarde para volver atrás y corregir las horas de acuerdo con el sol.
Ahora me has marcado con tu alfabeto negro.
Pertenezco a la tribu de los que se hospedan en radiantes tinieblas,
de los que ven mejor con los ojos cerrados y se acuestan del lado del abismo y alzan vuelo y no vuelven
cuando Tomás abre de par en par las puertas del evidente mediodía.
Tú fundas tu Tebaida en lo invisible. Tú no concedes pruebas. Tú aconteces, secreta, innumerable, sin formular,
como una contemplación vuelta hacia adentro,
donde cada señal es el temblor de un pájaro perdido en un recinto inmenso
y cada subida un salto en el vacío contra gradas y ausencias.
Tú me vigilas desde todas partes,
descorriendo telones, horadando los muros, atisbando entre fardos de penumbra;
me encuentras y me miras con la mirada del cazador y del testigo,
mientras descubro en medio de tus altas malezas el esplendor de una ciudad perdida,
o busco en vano el rastro del porvenir en tus encrucijadas.
Tú vas quién sabe adónde siguiendo las variaciones de la tentación inalcanzable,
probándote los rostros extremos del horror, de la extrema belleza,
la imposible distancia de los otros, el tacto del infierno,
visiones que se agolpan hasta donde te alcanza la oscuridad que tengo,
hasta donde comienzas a rodar muerte abajo con carruajes, con piedras y con perros.
Pero yo no te pido lámparas exhumadas ni velos entreabiertos.
No te reclamo una lección de luz,
como no le reclamo al agua por la llama ni a la vigilia por el sueño.
O habría de confiar menos en ti que en las duras, recelosas estrellas?
¡Hemos visto tantos misterios insolubles con sus blancos reflejos, aún a pleno sol!
Basta con que me lleves de la mano como a través de un bosque,
noche alfombrada, noche sigilosa, que aprenda yo lo que quieres decir,
lo que susurra el viento,
y pueda al fin leer hasta el fondo de mi pequeña noche en tu pupila inmensa.


























Olga Orozco




domingo, septiembre 12, 2021

Pero el tiempo me había empobrecido...



Pero el tiempo me había empobrecido.


Mi único caudal eran los botines arrancados al miedo.


De tanto dormir con la muerte sentía mi eternidad. De noche deliraba en las rodillas de la belleza. Presa de tenaces anillos, a pesar de mi parsimonioso continente de animal invicto me guardaba de la transitoriedad ínsita a mis actos.


Magnificencia de la ignorancia. Brujos solemnes habían auscultado mi cuerpo sin poder arribar a un dictamen. Sólo yo conocía mi mal. Era -caso no infrecuente en los anales de los falsos desarrollos- la duda.


Yo nunca supe si fui escogido para trasladar revelaciones.


Nunca estuve seguro de mi cuerpo.


Nunca pude precisar si tenía una historia.


Yo ignoraba todo lo concerniente a mí y a mis ancestros.


Nunca creí que mis ojos, orejas, boca, nariz, piel, movimientos, gustos, dilecciones, aversiones me pertenecían enteramente.


Yo apenas sospechaba que había tierra, luz, agua, aire, que vivía y que estaba obligado a llevar mi cuerpo de un lado a otro, alimentándolo, limpiándolo, cuidándolo para que luciera presentable en el animado concierto de la honorabilidad ciudadana.


Mi mal era irrescatable.


Me sentía solo. Necesitaba a mi lado una mujer silenciosa, paciente y dúctil que me rodease con una voz.


Yo era un rey de infranqueable designio, de voluntad educada para la recepción del acatamiento, de pretensiones que hacían sonreír a los duendes.


Un rey niño.


Cuando advino, inopinadamente, una era de pobreza, perdí mi serenidad.


Mis pasiones absolutas -entre ellas el amor, que para mí era totalidad- fueron barridas.


En suma, yo era una pregunta condenada a no calzar el signo de interrogación. O un navío que se transformaba en fosforescente penacho de dragón. O una nube que se demudaba conforme al movimiento.


Habitaba un lugar indeciso.


Mi historia era un largo recuento de inauditas torpezas, de infértiles averiguaciones, de fabulosas fábricas.


Un dios cobarde usurpaba mis aras.


Él había degollado el amor frente a una reluciente laguna, en un bosque de caobos. Huía mugiendo sábanas ensangrentadas. Escapaba del recinto feliz. Las nubes eran símbolos zoológicos de mi destierro.


El amor me conducía con inocencia hacia la destrucción.


El odio, como a mis mayores, me fortalecía.


Pero yo era generoso y sabía reír.


Como no soportaba la claridad, dispuse entre anaranjados estertores de sol mi regreso hacia el final. Las aguas me condujeron como el sensitivo lleva la pesadilla. Volví insomne al lugar de la ficción.











The Clue, de Osnat Tzadok










Rafael Cadenas




miércoles, septiembre 08, 2021

Tatuagem



O meu único fracasso
Está na tatuagem do meu braço


É feliz quem já viveu aflito
E hoje tem a vida sossegada
Muita gente tem o corpo tão bonito
Mas tem a alma toda tatuada





















Guilherme de Brito / Nelson Cavaquinho








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link para tatuagem na voz de Paulo Cesar Pinheiro:



jueves, agosto 26, 2021

La Saeta



Dijo una voz popular
¿Quién me presta una escalera para subir al madero
Para quitarle los clavos a Jesús el Nazareno?






¡Oh, la saeta el cantar
al Cristo de los gitanos
siempre con sangre en las manos,
siempre por desenclavar!


¡Cantar del pueblo andaluz
que todas las primaveras
Anda pidiendo escaleras
para subir a la cruz!


¡Cantar de la tierra mía
que echa flores
al Jesús de la agonía
y es la fe de mis mayores!


¡Oh, no eres tú mi cantar,
no puedo cantar ni quiero
a ese Jesús del madero
sino al que anduvo en la mar!























Antonio Machado



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Enlace a La Saeta en la voz de Joan Manuel Serrat:

La Saeta



domingo, agosto 15, 2021

La Maza



Si no creyera en la locura
De la garganta del sinsonte
Si no creyera que en el monte
Se esconde el trino y la pavura


Si no creyera en la balanza
En la razón del equilibrio
Si no creyera en el delirio
Si no creyera en la esperanza


Si no creyera en lo que agencio
Si no creyera en mi camino
Si no creyera en mi sonido
Si no creyera en mi silencio


¿Qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un amasijo hecho de cuerdas y tendones
Un revoltijo de carne con madera
Un instrumento sin mejores resplandores
Que lucecitas montadas para escena


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un testaferro del traidor de los aplausos
Un servidor de pasado en copa nueva
Un eternizado de dioses del ocaso
Júbilo hervido con trapo y lentejuela


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?


Si no creyera en lo más duro
Si no creyera en el deseo
Si no creyera en lo que creo
Si no creyera en algo puro


Si no creyera en cada herida
Si no creyera en la que ronde
Si no creyera en lo que esconde
Hacerse hermano de la vida


Si no creyera en quien me escucha
Si no creyera en lo que duele
Si no creyera en lo que quede
Si no creyera en lo que lucha


¿Qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un amasijo hecho de cuerdas y tendones
Un revoltijo de carne con madera
Un instrumento sin mejores resplandores
Que lucecitas montadas para escena


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un testaferro del traidor de los aplausos
Un servidor de pasado en copa nueva


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
Un eternizado de dioses del ocaso
Júbilo hervido con trapo y lentejuela


¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?
¿Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera?






















Silvio Rodríguez



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Enlace a La Maza:

La Maza





viernes, agosto 13, 2021

Esto No Es Una Elegía



Tú me recuerdas el prado de los soñadores,
el muro que nos separa del mar, si es de noche.
Tú me recuerdas, sentada,
ciertos sentimientos
que nunca se sabe que traen en las alas:
si vivos o muertos.


Me quito el rostro y lo doblo
encima del pantalón.
Si no he de decir tu nombre,
si ajeno se esconde
no quiero expresión.
Suelen mis ojos
tener como impresos
sus sueños risueños


Tú me recuerdas las calles de La Habana Vieja,
la Catedral sumergida en su baño de tejas.
Tú me recuerdas las cosas, no sé, las ventanas
donde los cantores nocturnos cantaban
amor a La Habana.


Esto no es una elegía
ni es un romance, ni un verso:
más bien una acción de gracias,
por darle a mis ansias
razón para un beso,
una modesta corona
encontrada en la aurora.


Tú me recuerdas el mundo de un adolescente,
un seminiño asustado mirando a la gente,
un ángel interrogado,
un sueño acosado,
la maldición, la blasfemia de un continente
y un poco de muerte.























Silvio Rodríguez




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Enlace a Esto No Es Una Elegía:

Esto No Es Una Elegía



lunes, agosto 09, 2021

Sobreviviendo



Me preguntaron como vivía, me preguntaron
Sobreviviendo dije, sobreviviendo
Tengo un poema escrito más de mil veces
En él repito siempre que mientras alguien
Proponga muerte sobre esta tierra
Y se fabriquen armas para la guerra
Yo pisaré estos campos sobreviviendo
Todos frente al peligro sobreviviendo
Tristes y errantes hombres sobreviviendo
Sobreviviendo
Sobreviviendo


Hace tiempo no río como hace tiempo
Y eso que yo reía como un jilguero
Tengo cierta memoria que me lastima
Y no puedo olvidarme lo de Hiroshima
Cuànta tragedia sobre esta tierra
Hoy que quiero reírme apenas si puedo
Ya no tengo la risa como un jilguero
Ni la paz de los pinos del mes de enero
Ando por este mundo sobreviviendo
Sobreviviendo
Sobreviviendo


Ya no quiero ser sólo un sobreviviente
Quiero elegir el día para mi muerte
Tengo la carne joven, roja la sangre
La dentadura buena y mi esperma urgente
Quiero la vida de mi simiente
No quiero ver un día manifestando
Por la paz en el mundo a los animales
Como me reiría ese loco día
Ellos manifestándose por la vida
Y nosotros apenas sobreviviendo
Sobreviviendo
Sobreviviendo
























Victor Heredia






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Enlace a Sobreviviendo:

Sobreviviendo

sábado, agosto 07, 2021

Bureau de Tabac


Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
À part ça, j'ai en moi tous les rêves du monde.


Fenêtres de ma chambre,
De ma chambre abritant l'un de ces millions au monde dont nul ne sait qui il est
(Et si on le savait, que saurait-on ?),
Vous donnez sur le mystère d'une rue constamment remplie de gens qui se croisent,
Sur une rue inaccessible à la moindre pensée,
Réelle, impossiblement réelle, exacte, inconnaissablement 1 exacte,
Avec le mystère des choses par-dessous les pierres et les êtres,
Avec la mort qui met du moisi sur les murs et des cheveux blancs sur les hommes,
Avec le Destin conduisant la charrette de tout sur la route de rien.


Aujourd'hui je suis vaincu, comme si je savais la vérité.
Aujourd'hui je suis lucide, comme si j'allais mourir,
Et sans avoir d'autre fraternité avec les choses
Qu’un adieu, cette maison et ce côté de la rue devenant
Un convoi de chemin de fer, et un sifflet de départ
Retentissant dans ma tête,
Et une secousse de mes nerfs et un crissement d’os au moment de partir.


Aujourd'hui je suis perplexe, comme un qui a pensé, trouvé puis oublié.
Aujourd'hui je suis partagé entre la loyauté que je dois
Au Tabac d'en face, chose réelle au-dehors,
Et à la sensation que tout est rêve, chose réelle au-dedans.


J'ai tout raté.
Comme je n'avais pris aucune résolution, tout ou rien, peut-être, c'était pareil.
La formation qu'on m'a donnée,
Je l'ai enjambée par la fenêtre de derrière.
Je me suis enfui à la campagne avec de grandes résolutions.
Mais je n'y ai trouvé que des herbes, des arbres,
Et quand il y avait des gens, ils étaient comme les autres.
Je quitte la fenêtre, m'assieds sur une chaise. A quoi vais-je penser ?
Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas qui je suis ?
Être ce que je pense ? Mais je pense être tant de choses !
Et ils sont tant à penser être la même chose qu’ils ne sauraient être autant !
Un génie ? En ce moment
Cent mille cerveaux se conçoivent en rêve génies comme moi,
Et l'histoire n'en retiendra, qui sait ?, pas même un seul
Et il ne restera que du fumier de toutes ces conquêtes à venir.
Non, non, je ne crois pas en moi.
Dans tous les asiles il y a des fous détraqués par tant de certitudes !
Moi, qui n'ai aucune certitude, en suis-je plus ou moins certifié ?
Non, pas même en moi…
Dans combien de mansardes et non-mansardes du monde
N'y a-t-il pas en ce moment des génies-pour-eux-mêmes occupés à rêver ?
Combien d'aspirations hautes, nobles et lucides —,
Oui, véritablement hautes, nobles et lucides —,
Et qui sait ? réalisables,
Ne verront jamais la lumière du soleil réel, ne tomberont jamais dans une oreille d'homme ?
Le monde est à celui qui naît pour le conquérir
Et non à celui qui rêve qu'il peut le conquérir, même s'il a raison
J'ai plus rêvé que n’a agi Napoléon.
J'ai serré sur ma poitrine hypothétique plus d'humanités que le Christ.
J'ai forgé en secret des philosophies qu'aucun Kant n'a écrites.
Mais je suis, et serai peut-être toujours, celui de la mansarde,
Bien que je n'y habite pas ;
Je serai toujours celui qui n'était pas né pour ça;
Je serai toujours, et rien d'autre, celui qui avait des dispositions ;
Je serai toujours celui qui attendait qu'on lui ouvre la porte devant un mur sans porte,
Qui chantait la chanson de l’Infini dans un poulailler
Et entendait la voix de Dieu au fond d'un puits obstrué
Croire en moi ? Non, ni en rien.


Que la nature me déverse sur la tête, ma tête en feu,
Son soleil, sa pluie, le vent qui me surprend les cheveux,
Et que vienne le reste, s'il vient ou doit venir, sinon, qu'il y reste.
Esclaves cardiaques des étoiles,
nous avons conquis le monde entier avant de nous lever du lit ;
Mais nous nous réveillons et il est opaque,
Nous nous levons et il est à autrui,
Nous sortons de chez nous et il est la terre entière,
Plus le système solaire, plus la Voie Lactée, plus l'Indéfini.


(Mange des chocolats, fillette,
Mange donc des chocolats !
écoute, il n'y a pas de métaphysique au monde, à part le chocolat.
Écoute, toutes les religions n'enseignent rien de mieux que la confiserie.
Mange, petite cochonne, mange !
Si je pouvais manger des chocolats en étant aussi vrai que toi quand tu en manges !
Mais moi, je pense, et en retirant le papier d'argent, qui n’est qu'une feuille d'étain,
Je fais tout tomber par terre, comme j'y ai fait tomber ma vie.)


Mais au moins reste-t-il, de l'amertume de ce que jamais je ne serai,
La calligraphie rapide de ces vers,
Portique brisé sur l'Impossible.
Mais au moins me suis-je voué un mépris dépourvu de larmes,
Noble au moins dans le geste large par lequel je jette
Le linge sale que je suis, sans inventaire 2, dans le cours des choses,
Et je reste chez moi sans chemise.


(Toi qui consoles, toi qui n'existes pas, et pour cela consoles,
Que tu sois déesse grecque, conçue comme une statue qui serait vivante,
Ou patricienne romaine, impossiblement noble et néfaste,
Ou princesse de troubadours, très gente dame enluminée,
Ou marquise du dix-huitième siècle, décolletée, distante,
Ou cocotte célèbre du temps de nos parents,
Ou je ne sais quoi de moderne — je ne conçois pas bien ce que c'est —
Tout cela, quoi que soit ce que tu peux être, si ça peut inspirer que ça inspire donc !
Mon cœur est un baquet que l'on a renversé.
Comme ceux qui invoquent des esprits je m'invoque
Moi-même et je ne trouve rien.
Je vais à la fenêtre et je vois la rue avec une netteté absolue,
Je vois les magasins, je vois les trottoirs, je vois les voitures qui passent,
Je vois les êtres vivants et vêtus qui se croisent.
Je vois les chiens qui eux aussi existent,
Et tout cela me pèse comme une condamnation au bagne,
Et tout cela m'est étranger, ainsi que tout.)


J'ai vécu, étudié, aimé, j'ai même cru,
Et maintenant il n'est pas un mendiant que je n'envie pour la seule raison qu'il n'est pas moi.
Je regarde en chacun les haillons, les plaies et le mensonge,
Et je pense : peut-être n’as-tu jamais vécu, ni étudié, ni aimé, ni cru
(Car on peut faire la réalité de tout cela sans en rien faire) ;
Peut-être as-tu seulement existé, comme un lézard auquel on coupe la queue
Et alors le voilà queue, un sous-lézard, en remuements perpétuels.


J'ai fait de moi ce que je n'ai pas su,
Et ce que je pouvais faire de moi je ne l'ai pas fait.
Le domino que j'ai mis n'était pas le bon.
On m'a pris aussitôt pour qui je n'étais pas, je n’ai pas démenti, et je me suis perdu.
Quand j'ai voulu ôter le masque,
Il collait à mon visage.
Quand je l'ai ôté et que je me suis vu dans le miroir,
J'étais déjà devenu vieux.
J'étais soûl, je ne savais plus remettre le domino que je n’avais pas ôté.
J’ai jeté le masque et me suis endormi au vestiaire
Comme un chien toléré par le gérant
Car il est inoffensif
Et je vais écrire cette histoire pour prouver que je suis sublime.


Essence musicale de mes vers inutiles.
Que ne te puis-je trouver comme une chose que j'aurais faite
Et qui ne serait par toujours restée en face du Tabac d'en face,
Foulant des pieds ma conscience d'être en train d'exister
Comme un tapis où un ivrogne vient trébucher
Ou un paillasson que des gitans ont volé mais qui ne valait rien.


Mais le Patron du Tabac est venu à sa porte, est resté à sa porte.
Je le regarde avec l'inconfort de ma tête mal tournée
Et l'inconfort de mon âme comprenant mal.
Il mourra et je mourrai.
Il laissera son enseigne, je laisserai des vers.
Plus tard l'enseigne aussi mourra, et les vers aussi.
Plus tard encore mourra la rue où se trouvait l'enseigne,
Et la langue en laquelle les vers furent écrits.
Ensuite mourra la planète tournante où tout ça a eu lieu.
Sur d'autres satellites d'autres systèmes quelque chose comme des gens
Continuera à faire des sortes de vers et à vivre sous des sortes d'enseignes,
Toujours une chose en face de l'autre,
Toujours une chose aussi inutile que l'autre,
Toujours l'impossible aussi stupide que le réel
Toujours le mystère du fond aussi sûr que le sommeil tout en mystère de la surface,
Toujours ceci ou toujours autre chose ou ni l'un ni l'autre.


Mais un homme est entré dans le Tabac (pour acheter du tabac ?),
Et la réalité plausible s'abat tout d'un coup sur moi.
Je me dresse à demi, énergique, convaincu, humain,
Et je vais me décider à écrire ces vers où je dis le contraire.


J’allume une cigarette en pensant à les écrire
Et je savoure dans la cigarette ma libération de toutes les  pensées.
Je suis des yeux la fumée comme on fixe son itinéraire,
Et je jouis, assaut soudain de sensibilité mêlée de compétence,
De ma libération de toutes les spéculations
Et de ma prise de conscience de ce que la métaphysique est l'effet d'une indisposition.


Puis je me renverse sur ma chaise
Et je continue à fumer.
Tant que le Destin me l'accordera, je continuerai à fumer.

 
(Si j'épousais la fille de ma blanchisseuse
Peut-être serais-je heureux.)
Sur ce, je me lève de la chaise. Je vais à la fenêtre. 


L'homme est sorti du Tabac (en mettant sa monnaie dans 
la poche de ses pantalons ?).
Ah, mais je le connais : c'est Estève sans métaphysique 3!
(Le patron du Tabac est revenu à sa porte.)
Comme mû par un instinct divin Estève s’est retourné et
m’a vu.
Il m'a salué de la main, je lui ai crié salut Estève !, et l'univers
S'est reconstruit pour moi sans idéal ni espérance, et le Patron du Tabac a souri.





Lisbonne, 15 janvier 19828























Álvaro de Campos (Fernando Pessoa)

Traduction de Michel Chandeigne et Pierre Léglise-Costa





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NDT :


1. Bien  que desconhecidamente ne soit pas un néologisme, nous avons choisi de traduire cet adverbe (dont le sens est : «d'une façon inconnue», « inexplicablement ») en faisant entendre l'écho qu'il éveille sans doute en portugais, eu égard aux vers qui suivent. Pour Pessoa, féru de traditions occultes, l'adjectif desconhecido est souvent l'équivalent du français « inconnaissable », pas seulement au sens où les agnosticismes de toutes sortes l'utilisent (« ce qui est hors de portée de la connaissance humaine »), mais aussi à celui que lui confèrent certains mysticismes prônant l'effacement extatique de la conscience, l’« inconnaissance », devant les mystères impénétrables.


2. Au début du siècle on confiait à des laveuses professionnelles du linge qu'elles lavaient à Caneças, car c'est dans cette localité proche de Lisbonne que l'on trouvait les eaux les plus pures du Tage, on dressait donc une liste faisant l'inventaire du linge qu'on avait remis.


3. Cette expression peut être interprétée de deux façons : « voilà Estève qui n'a pas de métaphysique, lui »; « c'est bien là Estève, sans faire de métaphysique ».