lunes, febrero 27, 2017

Constat Amer


Je suis crevé, j'en ai marre de combattre les miens
Je ne serais pas étonné qu'ils me tuent de leurs propres mains
Nous, je veux y croire
Mais j'ai bien peur que ce "nous" ne soit qu'illusoire
Tous adeptes du chacun pour soi
Personne ne nous respecte et je crois savoir pourquoi
On est avares et divisés
On se fait avoir, on ne forme même pas une communauté
Préoccupés par le besoin
Serait-on tous myopes, incapables de voir loin
On veut pas le bien, on veut le gain
Quitte à détruire l'intérêt commun
On vit dans l'inconscience des enjeux
Et malgré nous, les médias nous ont mis dans le jeu
Manipulés comme des pions, tout le monde mise sur notre division
On subit la xénophobie
Incapables de s'organiser en lobby
On sera toujours des mendiants aux portes de leur monde
Tant qu'on croira que le respect se quémande
Le respect s'impose et la lutte est économique
Observe la communauté asiatique
Nous on fait beaucoup de bruit et peu de chiffres
On donne peu de coups et on reçoit beaucoup de gifles
Impunément, les médias nous salissent
Car, conscients que nous insulter ne comporte aucun risque
On ne fait peur à personne, on est la risée de tous
Et nos émeutes se déroulent loin de l'Élysée
À part brûler quelques voitures
De pauvres gens comme nous et saboter nos propres structures
Où est notre Révolution, où est notre évolution
On est en France depuis plusieurs générations et où en est-on?
Même si ça me fout un coup au moral
Force est de constater qu'on est en bas de l'échelle sociale
Dans le collimateur des médias y'a pas plus visés que nous
Alors toi, explique-moi pourquoi y'a pas plus divisés
On se plaint du racisme mais ne l'est-on pas nous-mêmes
C'est eux contre nous mais surtout nous contre nous-mêmes
Les Algériens contre les Marocains
Les Marocains contre les Tunisiens
Les Antillais contre les Maghrébins
Les Maghrébins contre les Africains
Les Turcs entre eux
Même dans les mosquées nos cœurs se sont divisés
Chacun veut diriger, chacun veut dominer
Et refuse d'envisager que le meilleur soit pakistanais
On peut se poser la question : qui sont les plus racistes ?
Y'a qu'à observer les problèmes que posent les mariages mixtes
On peut pas reprocher aux autres ce qu'on est nous-mêmes
Je mets le doigt où ça fait mal, c'est normal que ce texte vous gêne
Y'aura jamais d'évolution sans profonde remise en question
Et est-ce qu'il y a plus fou qu'un fou qui croit avoir la raison ?
Dois-je préciser ma vision ?
Tant qu'on se prendra pour ce qu'on est pas
On courra dans tous les sens, mais on ne fera jamais un seul pas
La pauvreté ne peut excuser
Le fait de se comporter comme des non-civilisés
L'agressivité constante et les insultes
En fin de compte, ne profitent qu'à ceux qui nous font passer pour des incultes
Ne profitent qu'à ceux qui nous haïssent
Nous désignent comme problème et pour ça nous salissent
Réalise que tu sers d'idiot utile tant que tu n'as aucune vision
Si tu n'aimes pas te faire battre, pourquoi tendre le bâton ?
Tu veux faire tomber le système, vomis la pilule
Et commence par refuser qu'il te manipule
Pour qu'une rébellion aboutisse, elle doit être pensée
Et je sais qu'on ne mène pas une révolution le froc baissé
Et ceux qui entrent en politique nous trahissent
Se complaisent dans le rôle de l'Arabe ou du Noir de service
Il suffit de peu pour les corrompre non pas que le système les trompe
On ne sert de serpillière que lorsqu'on rampe
T'as perdu et t'es perdu quand tu te mets à espérer
Devenir quelqu'un en niant ton identité
Ils ont du mal à durer car la trahison est jetable
Et chaque traître s'assoit sur un siège éjectable
Quant à ceux des nôtres qui réussissent
Ils se voient contraints de fuir avant que la jalousie ne les punisse
Car dans le cœur des envieux et dans les yeux des incapables
La réussite te rend coupable
Est-ce une excuse pour justifier l'égoïsme et fuir le passé en Lexus ?
Difficile de tendre la main sans se faire couper le bras
Mais si je ne m'occupe pas des miens, qui le fera ?
Y'a que chez nous que le succès débouche également sur l'impasse
Car les derniers veulent te tuer pour la 1ere place
Et tes frères disparus que tu continues à pleurer
C'est pas des flics qui les ont butés
On est les 1eres victimes de notre propre violence
Le signe de notre profonde ignorance
On se bute pour du hash, de la coke ou du cash
Et bientôt on se butera pour un clash
Besoin de solidarité si l'on veut espérer un jour pouvoir quitter la précarité
Il n'y a pas qu'en détestant les autres qu'on se construit
Dans ton miroir tu vois parfois ton pire ennemi
Je ne serai jamais votre leader
Je n'en ai ni la vertu, ni la valeur, ni la rigueur
Si j'ai un mérite, c'est celui d'avoir essayé
Et si j'ai une prétention que ce soit celle de vous aimer
Et celui qui aime ne triche pas
J'dresse un portrait sombre mais je ne fais que décrire ce que je vois
Reviens sur terre, laisse tes illusions prendre la mer
Quand tes yeux s'ouvriront, tu feras comme moi ce constat amer
Ce constat amer, ce constat amer, ce constat amer...

Besoin de solidarité si l'on veut espérer un jour quitter la précarité
Y'a pas qu'en détestant les autres qu'on se construit
Dans ton miroir tu vois parfois ton pire ennemi
Tous adeptes du chacun pour soi, personne ne nous respecte et j'crois savoir pourquoi
On est avares et divisés
On se fait avoir, on ne forme même pas une communauté



Besoin de solidarité si l'on veut espérer un jour quitter la précarité
Y'a pas qu'en détestant les autres qu'on se construit
Dans ton miroir tu vois parfois ton pire ennemi
Tous adeptes du chacun pour soi, personne ne nous respecte et j'crois savoir pourquoi
On est avares et divisés
On se fait avoir, on ne forme même pas une communauté













Kery James



sábado, febrero 25, 2017

Sentado Sobre Los Muertos


Sentado sobre los muertos
que se han callado en dos meses,
beso zapatos vacíos
y empuño rabiosamente
la mano del corazón
y el alma que lo sostiene.

Que mi voz suba a los montes
y baje a la tierra y truene,
eso pide mi garganta
desde ahora y desde siempre.

Acércate a mi clamor,
pueblo de mi misma leche,
árbol que con tus raíces
encarcelado me tienes,
que aquí estoy yo para amarte
y estoy para defenderte
con la sangre y con la boca
como dos fusiles fieles.

Si yo salí de la tierra,
si yo he nacido de un vientre
desdichado y con pobreza,
no fue sino para hacerme
ruiseñor de las desdichas,
eco de la mala suerte,
y cantar y repetir
a quien escucharme debe
cuanto a penas, cuanto a pobres,
cuanto a tierra se refiere.

Ayer amaneció el pueblo
desnudo y sin qué comer,
y el día de hoy amanece
justamente aborrascado
y sangriento justamente.
En su mano los fusiles
leones quieren volverse:
para acabar con las fieras
que lo han sido tantas veces.

Aunque le faltan las armas,
pueblo de cien mil poderes,
no desfallezcan tus huesos,
castiga a quien te malhiere
mientras que te queden puños,
uñas, saliva, y te queden
corazón, entrañas, tripas,
cosas de varón y dientes.
Bravo como el viento bravo,
leve como el aire leve,
asesina al que asesina,
aborrece al que aborrece
la paz de tu corazón
y el vientre de tus mujeres.
No te hieran por la espalda,
vive cara a cara y muere
con el pecho ante las balas,
ancho como las paredes.

Canto con la voz de luto,
pueblo de mí, por tus héroes:
tus ansias como las mías,
tus desventuras que tienen
del mismo metal el llanto,
las penas del mismo temple,
y de la misma madera
tu pensamiento y mi frente,
tu corazón y mi sangre,
tu dolor y mis laureles.
Antemuro de la nada
esta vida me parece.

Aquí estoy para vivir
mientras el alma me suene,
y aquí estoy para morir,
cuando la hora me llegue,
en los veneros del pueblo
desde ahora y desde siempre.
Varios tragos es la vida
y un solo trago es la muerte.



Miguel Hernández & Pabellón de Palabras & Sentado Sobre Los Muertos



Miguel Hernández


miércoles, febrero 22, 2017

The Dice Player


Who am I to say to you
what I say to you?
I was not a stone polished by water
and became a face
nor was I a cane punctured by the wind
and became a flute...

I am a dice player,
Sometimes I win and sometimes I lose
I am like you
or slightly less...

I was born next to the well
next to the three lonely trees, lonely like the nuns
born without a celebration and without a midwife
I was named by chance
and belonged to a family by chance,
and inherited its features, traits,
and illnesses:

First - an imbalance in the arteries,
and high blood pressure
Second - shyness in addressing the mother,
the father, and the grandmother - the tree
Third - hoping to cure from flu
with a cup of hot chamomile
Fourth - laziness in talking about the gazelle and the lark
Fifth - boredom of winter nights
Sixth - a gross failure in singing ...

I played no role in who I became
It was by chance that I became a male ...
and by chance that I saw a pale moon
like a lemon, flirting with sleepless girls
I did not strive to find
a mole in the most secret places of my body!

I could have not existed
My father could have not
married my mother by chance
Or I could have been
like my sister who screamed then died
and did not realize that she was born for only one hour
and did not know her mother…

Or: like the eggs of the pigeons
smashed before the chicks saw the lights

It was by chance that I became
a survivor in bus accident
Where my school trip was delayed
because I forgot existence and its conditions
when I was reading a love story the night before,
I impersonated the role of the author,
and the role of the beloved - the victim
so I became the martyr of love in the novel
and the survivor in the road accident

I played no role in kidding with the sea,
but I was a reckless boy,
a fan of hanging around the attractiveness of water
calling me: Come to me!
nor did I play any role in surviving the sea
I was rescued by a human gull
who saw the waves pulling me and paralyzing my hands

I could have not been infected
by the fairies of the ancient hanging poetry
If the house gate was northerly
not overlooking the sea
If the army patrol did not see the village fire
baking the night
Had the fifteen martyrs re-built the barricades,
Had that field not fallen,
I could have become an olive tree
or a geography teacher
or an expert of the kingdom of ants
or a guardian of echo!

Who am I to say to you
what I say to you
at the door of the church
and I am but a throw of a dice
between a predator and a prey
I earned more awareness
not to be happy with my moonlit night
but to witness the massacre

I survived by chance:
I was smaller than a military target
and bigger than a bee wandering among the flowers of the fence
I feared for my siblings and my father
I feared for a time made of glass
I feared for my cat and rabbit
and for a magical moon,
above the high minaret of the mosque
I feared for the grapes of our vines
that suspend like the breasts of our dog ...

Fear kept up with me and I continued with it
barefooted, forgetting my little memories
of what I wanted from tomorrow -
there is no time for tomorrow -

I walk / haste / run / go up / go down /
I scream / bark / howl / call / wail /
I go faster / slower / fall down / slow down / dry /
I walk / fly / see / do not see / stumble /
I become yellow / green / blue /
I split / break into tears /
I get thirsty / tired / hungry /
I fall down / get up / run / forget /
I see / do not see / remember / hear / comprehend /
I rave / hallucinate / mumble / scream /
I can not /
I groan / become insane / go astray /
I become less / more / fall down / go up / and drop /
I bleed / and I lose consciousness /


I am fortunate that the wolves
disappeared from there by chance,
or escaped from the army

I played no role in my life, except,
when it taught me its hymns,
I said: is there any more?
and I lit its lamp then tried to amend it...

I could have not been a swallow
had the wind wished me that,
and the wind is the luck of the traveler ...
I traveled North, East, and West
but the South was far and rebellious for me
because the South is my country
So I became a swallow metaphor,
flying over my own debris autumns and springs ..
Baptizing my feathers with the clouds of the lake
then extending my greetings
to the Nasserite who does not die
for within him is the breath of God
God is the luck of the Prophet...

I am fortunate that I am a divinity neighbor ...
It is my misfortune that the cross
is the eternal ladder to our tomorrow!

Who am I to say to you
What I say to you,
Who am I?

I could have not been inspired
Inspiration is the luck of the lonely soles
The poem is a throw of a dice
on a board of darkness that may or may not shine
and the words fall like feathers on the sand

I play no role in the poem
I only obey its rhythm:
the movements of sensations, one modifies the other
intuition that brings a meaning
unconsciousness in the echo of the words
an image of myself which has transferred
from 'my own self' to another
my relying on myself
and my longing for the spring

I play no role in the poem, unless
the inspiration stops
Inspiration is the luck of the skill,
should it strive

I could have not fallen in love
with the girl who asked me: What time it is now?
Had I not been on my way to the movies ...
She could have not been a heart stealer as she was,
or a dark ambiguous desire ...

This is how words are born.
I train my heart to love
so it can have room for roses and thorns ...

My vocabularies are mystical.
My desires are sensible
I am not who I am now unless
these two meet: I, and my feminine I

O Love! What are you?
How much are you what you are, and what you are not.
O Love! Blow on us thunderstorms
to become what you love for us
a divine solutions to the physical.
And flow into an estuary of two sides.
You - visible or invisible - have no form
We love you when we love by chance
You are the luck of the poor

It is my misfortune that I repeatedly
survived the dying of love
and I am fortunate that I am still fragile
to enter into the experiment again!

The expert lover says in his secret:
Love is our sincere lie
and when his lover hears that,
she says: love comes and goes
as lightning and thunderstorms

To life I say: slow down, wait for me
until the drunkenness dries from my glass ...
There are communal roses in the garden,
and air can not escape the rose

Wait for me so the Nightingales do not escape
and I do not make a mistake in the rhythm

In the square,
the minstrels tighten the strings of their instruments,
for the farewell song.

Slow down! Be brief so the song will not last long,
and the cadence does not interrupt the preludes,
which is bilateral and has a unilateral finale:
Long live life!
Take your time! Hold me, so the wind will not scatter me around
Even riding the wind, I can not escape the alphabets

If I did not stand on a mountain,
I would have been happy with an eagle hermitage:
no light is higher!
But such glory, crowned with an infinite blue gold
is hard to visit: The lonely there remains lonely,
and he can not disembark on his feet
The eagle can not walk
nor can the human fly
O what a summit that looks like an abyss
O You, high mountain solitude!

I have no role in what I became
or will become...
It is luck. Luck has no name
We might call it the blacksmith of our fates
call it the sky mail carrier
call it the carpenter of the newborn's crib
and the coffin of the deceased
or call it the custodian of gods in legends
in which we wrote the texts for them
and hid behind the Olympic ...

The hungry pottery vendors believed them
but the satiated gold masters did not believe
It is the misfortune of the author
that fantasy is reality on theatre floors

Behind the scenes matter differs
The question is not: When?
but: Why? How? and Who?

Who am I to say to you
what I say to you?

I could have not existed
and the caravan could have fallen in an ambush,
and the family could have lost a son
The one who is writing this poem
character by character,
bleeding and bleeding on this sofa
with black blood,
not a crow ink or its voice,
but the whole night
squeezed drop by drop,
in the hands of luck and talent

Poetry could have earned more if
he was not, no one else, a Hoopoe
on the brink of an abyss
Perhaps, he said: If I was someone else,
I would become me, once again

This is how I bluff:
Narcissus is not beautiful as he thought.
His makers entangled him with a mirror.
He prolonged his meditation in the air distilled with water...

Had he been able to see others,
he would have loved a girl gazing at him,
oblivious the reindeers running between the lilies and the daisies ...

Had he been a bit more clever,
he would have broken his mirror
and saw how much he was the others...

Had he been free,
he would have not become a legend...

Mirage is the traveler's book in the desert ...
Without it, without the mirage,
he would not continue walking in search for water.
He says - this is a cloud -
and carries a jug of hope in one hand,
and with the other hand on his waist.
Beating on the sand to collect the clouds in a hole.
The mirage calls on him,
seduces him, deceives him, and lifts him up:

Read if you can!
Write if you can!
He reads: water, water, and water
He writes a line on the sand:
if it was not for the mirage,
I would have not been alive until now

It is fortunate for the traveler that hope
is the twin of despair,
or his improvised poetry

When the sky appears gray
and I see a rose suddenly grew from the cracks of a wall,
I do not say: the sky is gray
but contemplate the rose
and say to it: What a beautiful day!

For two of my friends I say at the entrance of night:
If it had to be a dream, let it be
like us ... simple
Like: dining together after two days,
the three of us
celebrating the truthfulness of prophecy of our dream,
that the three of us did not lose one
for two days
Let us celebrate the Sonata of the moon
and the tolerance of death,
that when it saw us happy together,
it re-considered!

I do not say: life out there is real, with fantastic places
rather I say: here life is possible
By chance, the land became a holy land
Not because its lakes, hills, and trees are duplicates of a higher paradise
but because a prophet walked there
prayed on a rock, and it wept
and the hill fell unconscious from the fear of God

By chance, a slope of a field in a country
became a museum of dust ...

Because thousands of soldiers died there
from the two sides,
in defense of the two leaders who said: Go!
waiting for the spoils of war in their silk tents on the two sides...

Soldiers die repeatedly not knowing,
until now, who was victorious!

By chance, some narrators lived and said:
If others were victorious upon others,
our humankind history would have had other titles

I love you green. O green land.
An apple ripples in light and water
Green
Your night is Green, your dawn is green.
Plant me gently - as gentle as a mother's hand -
in a handful of air.
I am a seed of your green seeds...

That poem does not have one poet
It could have not been made lyrical...

Who am I to say to you
what I say to you?
I could have not been who I am
I could have not been here

The plane could have crashed
that morning with me on board
I am lucky that I am a morning sleeper
and was late for the plane
I could have not seen Damascus or Cairo
or the Louver and the magical cities

Had I been a slow walker,
the rifle could have cut off my shadow from the sleepless cedar

Had I been a fast walker,
I could have been hit by shrapnel and became a passing notion

Had I been an excessive dreamer,
I could have lost my memory

I am fortunate that I sleep alone
and can listen to my body
and believe in my talent in discovering pain
and call on the doctor, ten minutes before death,
ten minutes is enough to live by chance
and disappoint the nothingness

Who am I to disappoint nothingness?
Who am I, who am I








Mahmoud Darwish


Translated by Fayeq Owei


martes, febrero 21, 2017

Camera Copilăriei Mele E Austeră



Obiectele din casă sunt adunate în grămăjoare egale,
ca lemnul de foc pregătit de dinainte pentru sezonul rece,
un ritual reluat cu regularitate.
În faţa oglinzii văd tot timpul aceeaşi femeie,
smulgîndu-şi concentrată firele albe,
adunîndu-le apoi cu degetele umezite de pe jos.

E o durere surdă, estompată în toate astea, ca ultimele acorduri ale unei melodii

triste pe care le anticipăm de obicei, de parcă le-am mai fi auzit undeva.

„Bună dimineaţa, Om de Ceaţă!”
„Bună ziua, fată-magnet!”

De sub gheaţă, din mediul internauţilor, din pămînt şi din aer mi se trimit semnale secrete.

E o numărătoare inversă tot timpul:
60, 59, 58, 57, 56, 55, 54, 53, 52, 51, 50, adipoceară.

Și nici măcar nu mi-am pus o dorinţă, şi nici măcar nu m-am rugat pentru ceva.




Gabriella Eftimie

De Un Cielo A Otro Semejante Pasan Los Soñadores


Dejamos nuestra infancia a la
mariposa cuando dejamos
un poco de aceite en los peldaños,
pero olvidamos saludar a nuestra hierbabuena,
olvidamos saludar furtivamente a nuestro mañana
tras nosotros.
La tinta del mediodía sería blanca si no estuviera
el libro de la mariposa en torno nuestro.

Mariposa, fiel a ti misma, sé como
quieras,
antes y después de mi nostalgia.
Deja que sea tu ala y que mi locura viva
conmigo cálida.
Mariposa, madre de ti misma, no me abandones
a la suerte que me destinan.
No me abandones.

De un cielo a otro semejante, pasan los soñadores,
séquito de la mariposa,
portando espejos de agua.
Nosotros podemos ser como anhelamos.
De un cielo
a otro semejante
pasan los soñadores.

La mariposa teje con la aguja de luz
los atavíos de su comedia.
La mariposa nace de sí misma
y danza en el fuego de su tragedia.

Mitad Fénix. Lo que le ha rozado nos roza.
Una semejanza agazapada entre luz y fuego,
entre dos caminos.
No. Nuestro amor no es descuido ni sabiduría.
Siempre así, así... así.
De un cielo
a otro semejante
pasan los soñadores.

La mariposa es agua que ansía volar.
Se escapa del sudor de las muchachas y crece
en la nube de los recuerdos.
La mariposa no declama el poema,
es tan ligera que rompe las palabras
como rompen los sueños los soñadores.

Que esté.
Que nuestro mañana esté con nosotros
y también nuestro pasado.
Que nuestro hoy esté presente en el banquete de
este día,
preparado para la fiesta de la mariposa.
Y los soñadores pasan sanos y salvos
de un cielo a otro semejante.

De un cielo a otro semejante, pasan los soñadores.





Mahmoud Darwish

Traducción de María Luisa Prieto


lunes, febrero 20, 2017

To Our Land

To our land,
and it is the one near the word of god,
a ceiling of clouds
To our land,
and it is the one far from the adjectives of nouns,
the map of absence
To our land,
and it is the one tiny as a sesame seed,
a heavenly horizon ... and a hidden chasm
To our land,
and it is the one poor as a grouse’s wings,
holy books ... and an identity wound
To our land,
and it is the one surrounded with torn hills,
the ambush of a new past
To our land, and it is a prize of war,
the freedom to die from longing and burning
and our land, in its bloodied night,
is a jewel that glimmers for the far upon the far
and illuminates what’s outside it ...
As for us, inside,
we suffocate more!








Mahmoud Darwish

Translated by Fady Joudah


domingo, febrero 19, 2017

Canción De La Hora Feliz


Yo tuve ya un dolor tan íntimo y tan fiero,
de tan cruel dominio y trágica opresión,
que a tientas, en las ráfagas de su huracán postrero,
fui hasta la Muerte... Un alba se hizo en mi corazón.

Bien se que aún me aguardan angustias infinitas
bajo el rigor del tiempo que nevará en mi sien;
que la alegría es lúgubre; que rodarán marchitas
sus rosas en la onda de lúgubre vaivén.

Bien sé que, alucinándome con besos sin ternura,
me embriagarán un punto la juventud y Abril;
y que hay en las orgías un grito de pavura,
tras la sensualidad del goce juvenil.

Sé más: mi egregia Musa, de hieles abrevada,
en noches sin aurora y en llantos de agonía,
por el fatal destino de dioses engañada
ya no creerá en nada... ni aún en la poesía...

¡Y estoy sereno! En medio del oscuro "algún día",
de la sed, de la fiebre, de los mortuorios ramos
-¡el día del adiós a todo cuanto amamos!-
yo evocaré esta hora y me diré a mí mismo,
sonriendo virilmente: -"Poeta, ¿en qué quedamos?"

Y llenaré mi vaso de sombras y de abismo...
¡el día del adiós a todo cuanto amamos!





Porfirio Barba Jacob


Vuelo Sin Orillas


Abandoné las sombras,
las espesas paredes,
los ruidos familiares,
la amistad de los libros,
el tabaco, las plumas,
los secos cielorrasos;
para salir volando,
desesperadamente.

Abajo: en la penumbra,
las amargas cornisas,
las calles desoladas,
los faroles sonámbulos,
las muertas chimeneas
los rumores cansados,
desesperadamente.

Ya todo era silencio,
simuladas catástrofes,
grandes charcos de sombra,
aguaceros, relámpagos,
vagabundos islotes
de inestable riberas;
pero seguí volando,
desesperadamente.

Un resplandor desnudo,
una luz calcinante
se interpuso en mi ruta,
me fascinó de muerte,
pero logré evadirme
de su letal influjo,
para seguir volando,
desesperadamente.

Todavía el destino
de mundos fenecidos,
desorientó mi vuelo
-de sideral constancia-
con sus vanas parábolas
y sus aureolas falsas;
pero seguí volando,
desesperadamente.

Me oprimía lo flúido,
la limpidez maciza,
el vacío escarchado,
la inaudible distancia,
la oquedad insonora,
el reposo asfixiante;
pero seguía volando,
desesperadamente.

Ya no existía nada,
la nada estaba ausente;
ni oscuridad, ni lumbre,
-ni unas manos celestes-
ni vida, ni destino,
ni misterio, ni muerte;
pero seguía volando,
desesperadamente.





Oliverio Girondo



jueves, febrero 16, 2017

Poema De La Profunda Despedida


Por última vez
toma el íntimo fuego de mis manos
y el brillo de mis ojos en tu cuerpo.
No olvides la manera que teníamos
de andar entre los seres
y de mirar el agua y las palomas.
No olvides el color de los almendros
ni el ojo de las bestias
ni el brocal de los pozos conocidos.
Por última vez
toma esta torre y esta tarde amada
que se irán con tu sangre para siempre.
Toma el sabor maduro de los frutos
y el color de mi piel y de mi traje.
Por última vez
contempla la estatura de mi cuerpo,
la forma de mis labios
y el beso de mi voz en tus cabellos.
Por última vez
bebe el sonido transparente y vago
del cielo entre los árboles inmensos.
Y recuerda la lluvia y los caminos
cuando éramos los dos una mirada
repetida en la niebla por el viento.
No olvides las palabras detenidas
como pájaros ciegos y vencidos
ni el latido profundo de mis venas
al dejar nuestras huellas en la arena.
Recuerda la frescura de los cántaros
a la hora del azahar y de los besos.
No olvides las estrellas
miradas por los dos bajo la bruma.
Ni olvides mi manera
de ser feliz ante los hechos simples:
de tirar piedrecillas en el agua
de cantar en la yerba
o de mirar el vuelo de las nubes
en el húmedo cielo de tus ojos.
Ahora sabrás esta costumbre mía
de regalarte cosas fugitivas:
el aroma de un huerto, la mañana
durmiendo sobre un lirio estremecido,
una palabra vaga
o una espiga sin savia ni sentido.
Por última vez
toma el dolor de este silencio mío,
toma la olaridad de mi agonía;
mira el muro de yedra envejecida,
el patio solitario
y esta breve colina donde flota
el herido temblor de mi pañuelo.
Escucha siempre este secreto llanto
que resbala sin rumbo por mis huesos.
Toma mi soledad y mi dulzura
y viaja con mi nombre hasta la muerte.




Héctor Rojas Herazo



The Dark Blot

He who has gazed against the sun sees everywhere
he looks thereafter, palpitating on the air
before his eyes, a smudge that will not go away.

So in my days of still-youth, my audacity,
I dared look on the splendor momentarily.
The dark blot on my greedy eyes has come to stay.

Since when, worn like a badge of mourning in the sight
of all around me where my eye may chance to light,
I see the dark smudge settle upon everyone.

Forever thus between my happiness and me?
Alas for us, the eagle only, only he
can look, and not be hurt, on splendor and the sun. 






Gérard de Nerval

Translated by Richmond Lattimore


Le Point Noir


Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l'air, une tache livide.

Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
Un point noir est resté dans mon regard avide.

Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
Partout, sur quelque endroit que s'arrête mon oeil,
Je la vois se poser aussi, la tache noire !

Quoi, toujours ? Entre moi sans cesse et le bonheur !
Oh ! c'est que l'aigle seul - malheur à nous, malheur !
Contemple impunément le Soleil et la Gloire.






Gérard de Nerval



miércoles, febrero 15, 2017

Versos Dorados

¡Qué! ¡Todo es sensible!

Pitágoras


¡Hombre, pensador libre!, ¿te crees pensante único
En un mundo en que todo de vida eclosiona?
Tu libertad se embebe de las fuerzas que ostentas,
Pero se abstiene el cosmos de todos tus consejos.


Respeta en cada bestia un agitado espíritu,
Cada flor es un alma que estalla a la Natura;
Un misterio de amor en el metal reposa;
“¡Todo es sensible!”, y todo sobre ti es potente.

Teme, en el muro ciego, un ojo que te espía:
En la materia misma un verbo se ha metido…
¡No la hagas servir a un propósito impío!

Frecuente al ser oscuro es un dios escondido;
Y como ojo naciente cubierto por su párpado,
¡Un espíritu etéreo en la piedra está hundido!




Gérard de Nerval

Traducción de Juan Carlos Sánchez Sottosanto


Vers Dorés

Eh quoi! tout est sensible!

Pythagore




Homme! libre penseur – te crois-tu seul pensant
Dans ce monde, où la vie éclate en toute chose:
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant …
Chaque fleur est une âme a la Nature éclose;
Un mystère d’amour dans le métal éclose:
Tout est sensible; – Et tout sur ton être est puissant!

Crains dans le mur aveugle un regard qui t’épie:
A la matière même un verb est attaché …
Ne la fait pas servir à quelque usage impie.

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché;
Et, comme un oeil naissnt couver par ses paupières,
Un pur esprit s’accroit sous l’écorce des pierres.







Gérard de Nerval




martes, febrero 14, 2017

El Amor Indeciso


Un amor indeciso se ha acercado a mi puerta…
Y no pasa; y se queda frente a la puerta abierta.

Yo le digo al amor: —¿Qué te trae a mi casa?
Y el amor no responde, no saluda, no pasa…

Es un amor pequeño que perdió su camino:
Venía ya la noche… Y con la noche vino.

¡Qué amor tan pequeñito para andar con la sombra!…
¿Qué palabra no dice, qué nombre no me nombra?…

¿Qué deja ir o espera? ¿Qué paisaje apretado
se le quedó en el fondo de los ojos cerrados?

Este amor nada dice… Este amor nada sabe:
Es del color del viento, de la huella que un ave
deja en el viento… —Amor semi-despierto, tienes
los ojos neblinosos aun de Lázaro… Vienes
de una sombra a otra sombra con los pasos trocados
de los ebrios, los locos… ¡Y los resucitados!

Extraño amor sin rumbo que me gana y me pierde,
que huele las naranjas y que las rosas muerde…

Que todo lo confunde, lo deja… ¡Y no lo deja!
Que esconde estrellas nuevas en la ceniza vieja…

Y no sabe morir ni vivir: Y no sabe
que el mañana es tan sólo el hoy muerto… El cadáver
futuro de este hoy claro, de esta hora cierta…

             Un amor indeciso se ha dormido a mi puerta…




Dulce María Loynaz

domingo, febrero 12, 2017

Corazón Nuevo


Mi corazón, como una sierpe,
se ha desprendido de su piel,
y aquí la miro entre mis dedos
llena de heridas y de miel.

Los pensamientos que anidaron
en tus arrugas, ¿dónde están?
¿Dónde las rosas que aromaron
a Jesucristo y a Satán?

¡Pobre envoltura que ha oprimido
a mi fantástico lucero!
Gris pergamino dolorido
de lo que quise y ya no quiero.

Yo veo en ti fetos de ciencias,
momias de versos y esqueletos
de mis antiguas inocencias
y mis románticos secretos.

¿Te colgaré sobre los muros
de mi museo sentimental,
junto a los gélidos y oscuros
lirios durmientes de mi mal?

¿O te pondré sobre los pinos,
-libro doliente de mi amor-
para que sepas de los trinos
que da a la aurora el ruiseñor?












Federico García Lorca

Mauvais Sang





J'ai de mes ancêtres gaulois l'oeil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.



Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.

D'eux, j'ai: l'idolâtrie et l'amour du sacrilège; - Oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure; - surtout mensonge et paresse.

J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains! - Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal.

Mais! qui a fait ma langue perfide tellement qu'elle ait guidé et sauvegardé jusqu'ici ma paresse? Sans me servir pour vivre même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j'ai vécu partout. Pas une famille d'Europe que je ne connaisse. - J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l'Homme. - J'ai connu chaque fils de famille !

¯¯¯¯¯¯¯¯

Si j'avais des antécédents à un point quelconque de l'histoire de France!

Mais non, rien.

Il m'est bien évident que j'ai toujours été race inférieure. Je ne puis comprendre la révolte. Ma race ne se souleva jamais que pour piller: tels les loups à la bête qu'ils n'ont pas tuée.

Je me rappelle l'histoire de la France fille aînée de l'Église. J'aurai fait, manant, le voyage de terre sainte, j'ai dans la tête des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme; le culte de Marie, l'attendrissement sur le crucifié s'éveillent en moi parmi les mille féeries profanes. - Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d'un mur rongé par le soleil. - Plus tard, reître, j'aurais bivaqué sous les nuits d'Allemagne.

Ah! encore: je danse le sabat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants.

Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme. Je n'en finirais pas de me revoir dans ce passé. Mais toujours seul; sans famille; même, quelle langue parlais-je? Je ne me vois jamais dans les conseils du Christ; ni dans les conseils des Seigneurs, - représentants du Christ.

Qu'étais-je au siècle dernier: je ne me retrouve qu'aujourd'hui. Plus de vagabonds, plus de guerres vagues. La race inférieure a tout couvert - le peuple, comme on dit, la raison; la nation et la science.

Oh! la science! On a tout repris. Pour le corps et pour l'âme, - le viatique, - on a la médecine et la philosophie, - les remèdes de bonnes femmes et les chansons populaires arrangées. Et les divertissements des princes et les jeux qu'ils interdisaient! Géographie, cosmographie, mécanique, chimie!...

La science, la nouvelle noblesse! Le progrès. Le monde marche! Pourquoi ne tournerait-il pas?

C'est la vision des nombres. Nous allons à l'Esprit. C'est très certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.

¯¯¯¯¯¯¯¯

Le sang païen revient! L'esprit est proche, pourquoi Christ ne m'aide-t-il pas, en donnant à mon âme noblesse et liberté. Hélas! l'Évangile a passé! l'Évangile! l'Évangile.

J'attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité.

Me voici sur la plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer l'herbe, chasser, fumer surtout; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, - comme faisaient ces chers ancêtres autour des feux.

Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux: sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or: je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé.

Maintenant je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre, sur la grève.

¯¯¯¯¯¯¯¯

On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici, chargé de mon vice, le vice qui a poussé ses racines de souffrance à mon côté, dès l'âge de raison - qui monte au ciel, me bat, me renverse, me traîne.

La dernière innocence et la dernière timidité. C'est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons.

Allons! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère.

À qui me louer? Quelle bête faut-il adorer? Quelle sainte image attaque-t-on? Quels coeurs briserai-je? Quel mensonge dois-je tenir? - Dans quel sang marcher?

Plutôt, se garder de la justice. - La vie dure, l'abrutissement simple, - soulever, le poing desséché, le couvercle du cercueil, s'asseoir, s'étouffer. Ainsi point de vieillesse, ni de dangers : la terreur n'est pas française.

- Ah! je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection.

O mon abnégation, ô ma charité merveilleuse! ici-bas, pourtant!

De profundis Domine, suis-je bête!

¯¯¯¯¯¯¯¯

Encore tout enfant, j'admirais le forçat intraitable sur qui se referme toujours le bagne; je visitais les auberges et les garnis qu'il aurait sacrés par son séjour; je voyais avec son idée le ciel bleu et le travail fleuri de la campagne; je flairais sa fatalité dans les villes. Il avait plus de force qu'un saint, plus de bon sens qu'un voyageur - et lui, lui seul! pour témoin de sa gloire et de sa raison.

Sur les routes, par des nuits d'hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon coeur gelé: "Faiblesse ou force: te voilà, c'est la force. Tu ne sais ni où tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre." Au matin j'avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j'ai rencontrés ne m'ont peut-être pas vu.

Dans les villes la boue m'apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine, comme un trésor dans la forêt! Bonne chance, criais-je, et je voyais une mer de flammes et de fumées au ciel; et, à gauche, à droite, toutes les richesses flambant comme un milliard de tonnerres.

Mais l'orgie et la camaraderie des femmes m'étaient interdites. Pas même un compagnon. Je me voyais devant une foule exaspérée, en face du peloton d'exécution, pleurant du malheur qu'ils n'aient pu comprendre, et pardonnant! - Comme Jeanne d'Arc! - "Prêtres, professeurs, maîtres, vous trompez en me livrant à la justice. Je n'ai jamais été de ce peuple-ci; je n'ai jamais été chrétien; je suis de la race qui chantait dans le supplice; je ne comprends pas les lois; je n'ai pas le sens moral, je suis une brute: vous trompez..."

Oui, j'ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, un nègre. Mais je puis être sauvé. Vous êtes de faux nègres, vous maniaques, féroces, avares. Marchand, tu es nègre; magistrat, tu es nègre; général, tu es nègre; empereur, vieille démangeaison, tu es nègre: tu as bu d'une liqueur non taxée, de la fabrique de Satan. - Ce peuple est inspiré par la fièvre et le cancer. Infirmes et vieillards sont tellement respectables qu'ils demandent à être bouillis. - Le plus malin est de quitter ce continent, où la folie rôde pour pourvoir d'otages ces misérables. J'entre au vrai royaume des enfants de Cham.

Connais-je encore la nature? me connais-je? - Plus de mots. J'ensevelis les morts dans mon ventre. Cris, tambour, danse, danse, danse, danse! Je ne vois même pas l'heure où, les blancs débarquant, je tomberai au néant.

Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse!

¯¯¯¯¯¯¯¯

Les blancs débarquent. Le canon! Il faut se soumettre au baptême, s'habiller, travailler.

J'ai reçu au coeur le coup de la grâce. Ah! je ne l'avais pas prévu!

Je n'ai point fait le mal. Les jours vont m'être légers, le repentir me sera épargné. Je n'aurai pas eu les tourments de l'âme presque morte au bien, où remonte la lumière sévère comme les cierges funéraires. Le sort du fils de famille, cercueil prématuré couvert de limpides larmes. Sans doute la débauche est bête, le vice est bête ; il faut jeter la pourriture à l'écart. Mais l'horloge ne sera pas arrivée à ne plus sonner que l'heure de la pure douleur ! Vais-je être enlevé comme un enfant, pour jouer au paradis dans l'oubli de tout le malheur!

Vite! est-il d'autres vies? - Le sommeil dans la richesse est impossible. La richesse a toujours été bien public. L'amour divin seul octroie les clefs de la science. Je vois que la nature n'est qu'un spectacle de bonté. Adieu chimères, idéals, erreurs.

Le chant raisonnable des anges s'élève du navire sauveur : c'est l'amour divin. - Deux amours! je puis mourir de l'amour terrestre, mourir de dévouement. J'ai laissé des âmes dont la peine s'accroîtra de mon départ! Vous me choisissez parmi les naufragés, ceux qui restent sont-ils pas mes amis?

Sauvez-les!

La raison m'est née. Le monde est bon. Je bénirai la vie. J'aimerai mes frères. Ce ne sont plus des promesses d'enfance. Ni l'espoir d'échapper à la vieillesse et à la mort. Dieu fait ma force, et je loue Dieu.

¯¯¯¯¯¯¯¯

L'ennui n'est plus mon amour. Les rages, les débauches, la folie, dont je sais tous les élans et les désastres, - tout mon fardeau est déposé. Apprécions sans vertige l'étendu de mon innocence.

Je ne serais plus capable de demander le réconfort d'une bastonnade. Je ne me crois pas embarqué pour une noce avec Jésus-Christ pour beau-père.

Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J'ai dit: Dieu.

Je veux la liberté dans le salut : comment la poursuivre? Les goûts frivoles m'ont quitté. Plus besoin de dévouement ni d'amour divin. Je ne regrette pas le siècle des coeurs sensibles. Chacun a sa raison, mépris et charité: je retiens ma place au sommet de cette angélique échelle de bon sens.

Quant au bonheur établi, domestique ou non... non, je ne peux pas. Je suis trop dissipé, trop faible. La vie fleurit par le travail, vieille vérité: moi, ma vie n'est pas assez pesante, elle s'envole et flotte loin au-dessus de l'action, ce cher point du monde.

Comme je deviens vieille fille, à manquer du courage d'aimer la mort!

Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la prière, - comme les anciens saints. - Les saints! des forts! les anachorètes, des artistes comme il n'en faut plus!

Farce continuelle! Mon innocence me ferait pleurer. La vie est la farce à mener par tous.

¯¯¯¯¯¯¯¯

Assez! voici la punition. - En marche!

Ah! les poumons brûlent, les tempes grondent! la nuit roule dans mes yeux, par ce soleil! le coeur... les membres...

Où va-t-on? au combat? je suis faible! les autres avancent. Les outils, les armes... le temps!...

Feu! feu sur moi! Là! ou je me rends. - Lâches! - Je me tue! Je me jette aux pieds des chevaux!

Ah!...

- Je m'y habituerai.

Ce serait la vie française, le sentier de l'honneur !



Arthur Rimbaud


Já Não Me Importo

Já não me importo
Até com o que amo ou creio amar.
Sou um navio que chegou a um porto
E cujo movimento é ali estar.


Nada me resta
Do que quis ou achei.
Cheguei da festa
Como fui para lá ou ainda irei

Indiferente
A quem sou ou suponho que mal sou,

Fito a gente
Que me rodeia e sempre rodeou,

Com um olhar
Que, sem o poder ver,
Sei que é sem ar
De olhar a valer.

E só me não cansa
O que a brisa me traz
De súbita mudança
No que nada me faz.















Fernando Pessoa



sábado, febrero 11, 2017

Jorge De Capadócia


Jorge sentou praça na cavalaria
E eu estou feliz porque eu também sou da sua companhia
Eu estou vestido com as roupas e as armas de Jorge
Para que meus inimigos tenham pés, não me alcancem
Para que meus inimigos tenham mãos, não me peguem, não me toquem
Para que meus inimigos tenham olhos e não me vejam
E nem mesmo um pensamento eles possam ter para me fazerem mal


Armas de fogo, meu corpo não alcançará
Facas, lanças se quebrem, sem o meu corpo tocar
Cordas, correntes se arrebentem, sem o meu corpo amarrar
Pois eu estou vestido com as roupas e as armas de Jorge

Jorge é de Capadócia, viva Jorge!
Jorge é de Capadócia, salve Jorge!

Perseverança, ganhou do sórdido fingimento
E disso tudo nasceu o amor
Perseverança, ganhou do sórdido fingimento
E disso tudo nasceu o amor

Ogan toca pra Ogum
Ogan toca pra Ogum
Ogan Ogam toca pra Ogum

Jorge é da Capadócia
Jorge é da Capadócia
Jorge é da Capadócia
Jorge é da Capadócia

Ogan toca pra Ogum
Ogan toca pra Ogum

Jorge sentou praça na cavalaria
E eu estou feliz porque eu também sou da sua companhia

Ogan toca pra Ogum
Ogan toca pra Ogum










Jorge Ben Jor