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jueves, diciembre 16, 2021

Ceux Qui Nous Attendaient



Ceux qui nous attendaient, se sont lassés d’attendre,
Et sont morts sans savoir que nous allions venir,
Ont refermé leurs bras qu’ils ne peuvent plus tendre,
Nous léguant un remords au lieu d’un souvenir.
Les prières, les fleurs, le geste le plus tendre,
Sont des présents tardifs que rien ne peut bénir ;
Les vivants par les morts ne se font pas entendre ;
La mort, quand vient la mort, nous joint sans nous unir.
Nous ne connaîtrons pas la douceur de leurs tombes.
Nos cris, lancés trop tard, se fatiguent, retombent,
Pénètrent sans écho la sourde éternité ;
Et les morts dédaigneux, ou forcés de se taire,
Ne nous écoutent pas, au seuil noir du mystère,
Pleurer sur un amour qui n’a jamais été.




















Marguerite Yourcenar


Je n’ai su qu’hésiter...


Je n’ai su qu’hésiter; il fallait accourir;
Il fallait appeler; je n’ai su que me taire.
J’ai suivi trop longtemps mon chemin solitaire;
Je n’avais pas prévu que vous alliez mourir.
Je n’avais pas prévu que je verrais tarir
La source où l’on se lave et l’on se désaltère;
Je n’avais pas compris qu’il existe sur terre
Des fruits amers et doux que la mort doit mûrir.
L’amour n’est plus qu’un nom; l’être n’est plus qu’un nombre;
Sur la route au soleil j’avais cherché votre ombre;
Je heurte mes regrets aux angles d’un tombeau.
La mort moins hésitante a mieux su vous atteindre.
Si vous pensez à nous votre cœur doit nous plaindre.
Et l’on se croit aveugle à la mort d’un flambeau.




















Marguerite Yourcenar