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domingo, diciembre 16, 2018

Correspondencia De La Momia


Esa carne que ya no se tocará en la vida,
esa lengua que ya no logrará abandonar su corteza,
esa voz que ya no pasará por las rutas del sonido,
esa mano que ha olvidado hasta el ademán de tomar, que ya no logra determinar el espacio
en el que ha de realizar su aprehensión,
ese cerebro en fin cuya capacidad de concebir ya no se determina por sus surcos,
todo eso que constituye mi momia de carne fresca da a dios una idea del vacío en que la compulsión
de haber nacido me ha colocado.
Ni mi vida es completa ni mi muerte ha fracasad0 completamente.
Físicamente no existo, por mi carne destrozada, incompleta, que ya no alcanza a nutrir mi pensamiento.
Espiritualmente me destruyo a mí mismo, ya no me acepto como vivo. Mi sensibilidad está a ras del suelo, y poco falta para que salgan gusanos, la gusanera de las construcciones abandonadas.
   Pero esa muerte es mucho más refinada, esa muerte multiplicada de mí mismo reside en una especie de rarefacción de mi carne.
La inteligencia ya no tiene sangre. El calamar de las pesadillas da toda su tinta, la que obstruye las salidas del espíritu; es una sangre que ha perdido hasta sus venas, una carne que ignora el filo del cuchillo.
Pero de arriba a abajo de esta carne agrietada, de esta carne no compacta, circula siempre el fuego virtual. Una lucidez enciende de hora en hora sus ascuas que retornan a la vida y sus flores.
Todo lo que tiene un nombre bajo la bóveda compacta del cielo, todo lo que tiene un frente, lo que es el nudo de un soplo y la cuerda de un estremecimiento, todo eso pasa en las rotaciones de ese fuego en el que se asemejan las olas de la carne misma, de esa carne dura y blanda que un día crece como un diluvio de sangre.
La habéis visto a la momia fijada en la intersección de los fenómenos, esa ignorante, esa momia viviente que lo ignora todo de las fronteras de su vacío, que se espanta de las pulsaciones de su muerte.
La momia voluntaria se halla levantada, y a su alrededor se agita toda realidad. La conciencia como una tea de discordia, recorre el campo entero de su virtualidad obligada.
Hay en esa momia una pérdida de carne, hay en el sombrío lenguaje de su carne intelectual toda una impotencia para conjurar esa carne. Ese sentido que recorre las venas de esa carne mística, en la que cada sobresalto es un modo de mundo y otra especie de engendrar, se pierde y se devora a sí misma en la quemadura de una nada errónea.
¡Ah! ser el padre nutricio de esa sospecha, el multiplicador de ese engendrar y de ese mundo en su devenir, en sus consecuencias de flor.
Pero toda esa carne es sólo comienzos y ausencias y ausencias y ausencia...
Ausencias.
















Antonin Artaud

Versión en español de Aldo Pellegrini

domingo, marzo 04, 2018

La Question Se Pose De...


Ce qui est grave
est que nous savons
qu’après l’ordre
de ce monde
il y en a un autre.

Quel est-il?

Nous ne le savons pas.

Le nombre et l’ordre des suppositions possibles
dans ce domaine
est justement
l’infini!

Et qu’est-ce que l’infini?

Au juste nous ne le savons pas!

C’est un mot
dont nous nous servons
pour indiquer
l’ouverture
de notre conscience
vers la possibilité
démesurée,
inlassable et démesurée.

Et qu’est-ce au juste que la conscience?

Au juste nous ne le savons pas.

C’est le néant.

Un néant
dont nous nous servons
pour indiquer
quand nous ne savons pas quelque chose
de quel côté
nous ne le savons
et nous disons
alors
conscience,
du côté de la conscience,
mais il y a cent mille autres côtés.

Et alors?

Il semble que la conscience
soit en nous
liée
au désir sexuel
et à la faim;

mais elle pourrait
très bien
ne pas leur être
liée.

On dit,
on peut dire,
il y en a qui disent
que la conscience
est un appétit,
l’appétit de vivre;

et immédiatement
à côté de l’appétit de vivre,
c’est l’appétit de la nourriture
qui vient immédiatement à l’esprit;

comme s’il n’y avait pas de gens qui mangent
sans aucune espèce d’appétit;
et qui ont faim.

Car cela aussi
existe
d’avoir faim
sans appétit;

et alors?


Alors
l’espace de la possibilité
me fut un jour donné
comme un grand pet
que je ferai;
mais ni l’espace,
ni la possibilité,
je ne savais au juste ce que c’était,

et je n’éprouvais pas le besoin d’y penser,

c’étaient des mots
inventés pour définir des choses
qui existaient
ou n’existaient pas
en face de
l’urgence pressante
d’un besoin:
celui de supprimer l’idée,
l’idée et son mythe,
et de faire régner à la place
la manifestation tonnante
de cette explosive nécessité:
dilater le corps de ma nuit interne,

du néant interne
de mon moi

qui est nuit,
néant,
irréflexion,

mais qui est une explosive affirmation
qu’il y a
quelque chose
à quoi faire place:
mon corps.

Et vraiment
le réduire à ce gaz puant,
mon corps?
Dire que j’ai un corps
parce que j’ai un gaz puant
qui se forme
au dedans de moi?

Je ne sais pas
Mais
je sais que

l’espace,
le temps,
la dimension,
le devenir,
le futur,
l’avenir,
l’être,
le non-être,
le moi,
le pas moi,

ne sont rien pour moi;

mais il y a une chose
qui est quelque chose,
une seule chose
qui soit quelque chose,
et que je sens
à ce que ça veut
SORTIR:
la présence
de ma douleur
de corps,

la présence
menaçante,
jamais lassante
de mon
corps;

si fort qu’on me presse de questions
et que je nie toutes les questions,
il y a un point
où je me vois contraint
de dire non,

NON

alors
à la négation;

et ce point
c’est quand on me presse,

quand on me pressure
et qu’on me trait
jusqu’au départ
en moi
de la nourriture,
de ma nourriture
et de son lait,
et qu’est-ce qui reste?

Que je suis suffoqué;
et je ne sais pas si c’est une action
mais en me pressant ainsi de questions
jusqu’à l’absence
et au néant
de la question
on m’a pressé
jusqu’à la suffocation
en moi
de l’idée de corps
et d’être un corps,

et c’est alors que j’ai senti l’obscène

et que j’ai pété
de déraison
et d’excès
et de la révolte
de ma suffocation.

C’est qu’on me pressait
jusqu’à mon corps
et jusqu’au corps

et c’est alors
que j’ai tout fait éclater
parce qu’à mon corps
on ne touche jamais.













Antonin Artaud

Lettre Aux Médecins Chefs Des Asiles De Fous


Messieurs,

Les lois, la coutume vous concèdent le droit de mesurer l'esprit. Cette juridiction souveraine, redoutable, c'est avec votre entendement que vous l'exercez. laissez-nous rire. la crédulité des peuples civilisés, des savants, des gouvernements pare la psychiatrie d'on ne sait quelles lumières surnaturelles. Le procès de votre profession est jugé d'avance. Nous n'entendons pas discuter ici la valeur de votre science, ni l'existence douteuse des maladies mentales. Mais, pour cent pathogénies prétentieuses où se déchaîne la confusion de la matière et de l'esprit, pour cent classifications dont les plus vagues sont encore les plus utilisables, combien de tentatives nobles pour approcher le monde cérébral où vivent tant de vos prisonniers? Combien êtes-vous par exemple, pour qui le rêve du dément précoce, les images dont il est la proie sont autre chose qu'une salade de mots?

Nous ne nous étonnons pas de vous trouver inférieurs à une tâche pour laquelle il n'y a que peu de prédestinés. Mais nous nous élevons contre le droit attribué à des hommes, bornés ou non, de sanctionner par l'incarcération perpétuelle leurs investigations dans le domaine de l'esprit.
Et quelle incarcération! On sait - on ne sait pas assez- que les asiles, loin d'être des asiles, sont d'effroyables geôles, où les détenus fournissent une main-d'œuvre gratuite et commode, où les sévices sont la règle, et cela est toléré par vous. L'asile d'aliénés, sous le couvert de la justice, est comparable à la caserne, à la prison, au bagne.

Nous ne soulèverons pas ici la question des internements arbitraires, pour vous éviter la peine de dénégations faciles. Nous affirmons qu'un grand nombre de vos pensionnaires, parfaitement fous selon la définition officielle, sont eux aussi, arbitrairement internés. Nous n'admettons pas qu'on entrave le libre développement d'un délire, aussi légitime, aussi logique que toute autre succession d'idées ou d'actes humains. La répression des réactions antisociales est aussi chimérique qu'inacceptable en son principe. Tous les actes individuels sont antisociaux. Les fous sont les victimes individuelles par excellence de la dictature sociale ; au nom de cette individualité qui est le propre de l'homme, nous réclamons qu'on libère ces forçats de la sensibilité puisque aussi bien il n'est pas au pouvoir des lois d'enfermer tous les hommes qui pensent et agissent.

Sans insister sur le caractère parfaitement génial des manifestations de certains fous, dans la mesure où nous sommes aptes à les apprécier, nous affirmons la légitimité absolue de leur conception de la réalité, et de tous les actes qui en découlent.

Puissiez-vous vous en souvenir demain matin à l'heure de la visite, quand vous tenterez sans lexique de converser avec ces hommes sur lesquels, reconnaissez-le, vous n'avez d'avantage que celui de la force.



De: Hombre Mirando Al Sudeste


Antonin Artaud


sábado, marzo 03, 2018

Lettre Aux Recteurs Des Universités Européennes


Monsieur le Recteur,

Dans la citerne étroite que vous appellez «Pensée», les rayons spirituels pourrissent comme de la paille. Assez de jeu de langue, d’artifices de syntaxe, de jongleries de formules, il y a à trouver maintenant la grande Loi du cœur, la Loi qui ne soit pas une loi, une prison, mais un guide pour l’Esprit perdu dans son propre labyrinthe. Plus loin que ce que la science pourra jamais toucher, là ou les faisceaux de la raison se brisent contre les nuages, ce labyrinthe existe, point central ou convergent toutes les forces de l’être, les ultimes nervures de l’esprit. Dans ce dédale de murailles mouvantes et toujours déplacées, hors de toutes formes connues de pensée, notre Esprit se meut, épiant ses mouvements les plus secrets et spontanés, ceux qui ont un caractère de révélation, cet air venu d’ailleurs, tombé du ciel.

Mais la race des prophètes s’est éteinte. L’Europe se cristallise, se momifie lentement sous les bandelettes de ses frontières, de ses usines, de ses tribunaux, de ses universités. L’Esprit gelé craque entre les ais minéraux qui se resserrent sur lui. La faute en est à vos systèmes moisis, à votre logique de 2 et 2 font 4, la faute en est à vous, Recteurs, pris au filet des syllogismes. Vous fabriquez des ingénieurs, des magistrats, des médecins à qui échappent les vrais mystères du corps, les lois cosmiques de l’être, de faux savants aveugles dans l’outre-terre, des philosophes qui prétendent à reconstruire l’Esprit. Le plus petit acte de création spontanée est un monde plus complexe et plus révélateur qu’une quelconque métaphysique. Laissez-nous donc, Messieurs, vous n’êtes que des usurpateurs. De quel droit prétendez-vous canaliser l’intelligence, décerner des brevets d’esprit? Vous ne savez rien de l’Esprit, vous ignorez ses ramifications les plus cachées et les plus essentielles, ces empreintes fossiles si proches des sources de nous-mêmes, ces traces que nous parvenons parfois à relever sur les gisements les plus obscurs de nos cerveaux.

Au nom même de votre logique, nous vous disons: la vie pue, Messieurs. Regardez un instant vos faces, considérez vos produits. À travers le crible de vos diplômes, passe une jeunesse efflanquée, perdue. Vous êtes la plaie d’un monde, Messieurs, et c’est tant mieux pour ce monde, mais qu’il se pense un peu moins à la tête de l’humanité.






Antonin Artaud


martes, junio 30, 2015

Carta A Los Directores De Los Asilos De Locos



De: Hombre Mirando Al Sudeste
 
Señores:

Las leyes, las costumbres, les conceden el derecho de medir el espíritu. Esta jurisdicción soberana y terrible, ustedes la ejercen con su entendimiento. No nos hagan reír. La credulidad de los pueblos civilizados, de los especialistas, de los gobernantes, reviste a la psiquiatría de inexplicables luces sobrenaturales. La profesión que ustedes ejercen está juzgada de antemano. No pensamos discutir aquí el valor de esa ciencia, ni la dudosa realidad de las enfermedades mentales. Pero por cada cien pretendidas patogenias, donde se desencadena la confusión de la materia y del espíritu, por cada cien clasificaciones donde las más vagas son también las únicas utilizables, ¿cuántas nobles tentativas se han hecho para acercarse al mundo cerebral en el que viven todos aquellos que ustedes han encerrado? ¿Cuántos de ustedes, por ejemplo, consideran que el sueño del demente precoz o las imágenes que lo acosan, son algo más que una ensalada de palabras?

No nos sorprende ver hasta qué punto ustedes están por debajo de una tarea para la que sólo hay muy pocos predestinados. Pero nos rebelamos contra el derecho concedido a ciertos hombres -incapacitados o no- de dar por terminadas sus investigaciones en el campo del espíritu con un veredicto de encarcelamiento perpetuo. ¡Y qué encarcelamiento! Se sabe -nunca se sabrá lo suficiente- que los asilos, lejos de ser “asilos”, son cárceles horrendas donde los recluidos proveen mano de obra gratuita y cómoda, y donde la brutalidad es norma. Ustedes toleran todo esto. El hospicio de alienados, bajo el amparo de la ciencia y de la justicia, es comparable a los cuarteles, a las cárceles, o los penales.

No nos referimos aquí a las internaciones arbitrarias, para evitarles las molestias de un fácil desmentido. Afirmamos que gran parte de sus internados -completamente locos según la definición oficial- están también recluidos arbitrariamente. Y no podemos admitir que se impida el libre desenvolvimiento de un delirio, tan legítimo y lógico como cualquier otra serie de ideas y de actos humanos. La represión de las reacciones antisociales es tan quimérica como inaceptable en principio. Todos los actos individuales son antisociales. Los locos son las víctimas individuales por excelencia de la dictadura social. Y en nombre de esa individualidad, que es patrimonio del hombre, reclamamos la libertad de esos galeotes de la sensibilidad, ya que no está dentro las facultades de la ley el condenar a encierro a todos aquellos que piensan y obran.

Sin insistir en el carácter verdaderamente genial de las manifestaciones de ciertos locos, en la medida de nuestra aptitud para estimarlas, afirmamos la legitimidad absoluta de su concepción de la realidad y de todos los actos que de ella derivan.

Esperamos que mañana por la mañana, a la hora de la visita médica, recuerden esto, cuando traten de conversar sin léxico con esos hombres sobre los cuales -reconózcanlo- sólo tienen la superioridad que da la fuerza.




Antonin Artaud



miércoles, octubre 01, 2014

Carta A Los Rectores De Las Universidades Europeas

En la estrecha cisterna que llamas “Pensamiento” los rayos del espíritu se pudren como parvas de paja. Basta de juegos de palabras, de artificios de sintaxis, de malabarismos formales; hay que encontrar –ahora- la gran Ley del corazón, la Ley que no sea una ley, una prisión, sino una guía para el espíritu perdido en su propio laberinto. Más allá de aquello que la ciencia nunca podrá alcanzar, allí donde los rayos de la razón se quiebran junto a las nubes, ese laberinto existe, núcleo en el que convergen todas las fuerzas del ser, las últimas nervaduras del Espíritu. En ese dédalo de murallas movedizas y siempre trasladadas, fuera de todas las formas conocidas de pensamiento, nuestro espíritu se agita espiando sus más secretos y espontáneos movimientos, esos que tienen un carácter de revelación, ese aire de venidos de otras partes, de caídos del cielo.

Pero la raza de los profetas se ha extinguido. Europa se cristaliza, se momifica lentamente dentro de las ataduras de sus fronteras, de sus fábricas, de sus tribunales, de sus Universidades. El Espíritu “helado” cruje entre las planchas minerales que lo oprimen. Y la culpa es de sus sistemas enmohecidos, de su lógica de dos y dos son cuatro, la es de ustedes –Rectores- atrapados en la red de los silogismos. Fabrican ingenieros, magistrados, médicos a quienes escapan los verdaderos misterios del cuerpo, las leyes cósmicas del ser; falsos sabios, ciegos en el más allá, filósofos que pretenden reconstruir el Espíritu. El más pequeño acto de creación espontánea constituye un mundo más complejo y más revelador que cualquier sistema metafísico. Déjennos, pues, señores; tan solo son usurpadores. ¿Con qué derecho pretenden canalizar la inteligencia y extender diplomas de Espíritu? 

No saben nada del Espíritu, ignoran sus más ocultas y esenciales ramificaciones, esas huellas fósiles tan próximas a nuestros propios orígenes, esos rastros que a veces alcanzamos a localizar en los yacimientos más oscuros de nuestro cerebro. En nombre de su propia lógica, les decimos: la vida apesta, señores. Contemplen por un instante sus rostros, y consideren sus productos. A través de las cribas de sus diplomas, pasa una juventud demacrada, perdida. Son la plaga de un mundo señores, y buena suerte para ese mundo, pero por lo menos que no se crean la cabeza de la humanidad.








Antonin Artaud