sábado, febrero 10, 2018

Moi, je ne veux pas d'autre lumière...


Moi, je ne veux pas d'autre lumière que ton corps devant le mien:
clarté absolue, ronde transparence.
Limpidité dont les entrailles, comme le lit de la rivière,
avec le temps s'affirme, avec le sang se creuse.

Quelles matières lumineuses et durables t'ont créé,
cœur d'aurore, incarnat du matin?
Moi, je ne veux pas d'autre jour que celui qu'exhale ta poitrine.
Ton sang est le jour qui jamais ne se termine.

Il n'est d'autre lumière que ton corps, ni d'autre soleil: le rest est crépuscule.
Moi, je ne vois les choses avec d'autre lumière que celle de ton front.
L'autre lumière n'est que fantôme, rien de plus, de ton pas.
Ton insondable regard ne tourne jamais au couchant.

Clarté sans possible déclin. Suprême essence
de l'éclair qui ne cède ni n'abandonne le sommet.
Jeunesse. Limpidité. Clarté. Transparence
approchant les astres de feu les plus lointains.
Corps clair et brun de chaleur fécondante.
Herbe noire l'origine; herbe noire les tempes.
Je me gorge des yeux noirs, du regard distant.
Jour bleu. Nuit claire. Ombre claire qui viens.

Moi, je ne veux d'autre lumière que ton ombre dorée
d'où jaillissent des anneaux d'une herbe sombre.
Dans mon sang, fidèlement brûlé par ton corps,
pour toujours c'est la nuit: à jamais c'est le jour.




Miguel Hernández & Pabellón de Palabras & Moi, je ne veux pas d'autre lumière...






Miguel Hernández

Traduction de Sara Solivella et Philippe Leigne






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