domingo, julio 16, 2017

Sólo tú misma en el acto...

Sólo tú misma en el acto. Extendida, carnosa, húmeda. Un temblor sin lapso. Sin equívoco. Torbellino en torno de la flor de blando terciopelo, acorazonada, que nace del clima de tus piernas como un grito nocturno. Flor que se liba. Sombra de flor. En la sinfonía ciega de las corrientes lozana forma de mis manos sin ojos. Cuerno remoto de los rendimientos. 


Llego navegando ondulaciones desesperadas. Soy dichoso.¿Cuál es el color de esta fruición desencadenada, cómo llamarla, qué dios nos ha entregado esta conjunción? Me iré, Venus, me iré, pero antes quiero apurar la copa. Ahogar los límites mollares, sofocar los cerrojos albeantes, vencer la sombra leda de la desnudez, sacrificar el sonrojo numerado.


No me marcharé hasta que esta vegetal confusión de ondas no se haya cumplido. En tanto mi animal lamedor no esté sosegado. 


Amo los blandos linderos de inefable tinte, ondulantes en la selva enana y espléndidamente libre que sobresale de tu cuerpo como mil vocecillas frutales, el letífico aroma, el muelle calor, el ansioso tremar. Toda tú adunada por mareas geométricas a mi piel. Toda presión, jadeo, huida, retorno, blancor, demencia. Nadadora. Extensión que amamanta mi vicio. Sombra del láudano bajo mi pesado tiempo.


No partiré sin llevar una hora feliz en la corola, giradora, vencida y celante de los ojos que como al sol te reciben.





Rafael Cadenas


Rosas


En mi jardín hay rosas:
Yo no te quiero dar las rosas
que mañana...
mañana no tendrás.

En mi jardín hay pájaros
con cantos de cristal:
No te los doy,
que tienen alas para volar ...

En mi jardín abejas
labran fino panal:
¡Dulzura de un minuto...
no te la quiero dar!

Para ti lo infinito o nada;
lo inmortal o esta muda tristeza
que no comprenderás ...
La tristeza sin nombre de no tener que dar
a quien lleva en la frente algo de eternidad ...

Deja, deja el jardín...
No toques el rosal:
las cosas que se mueren
no se deben tocar.






Dulce María Loynaz



viernes, julio 14, 2017

Imago



Cuando un rostro se vuelve amenazante, lo desdibujo pacientemente.
Empiezo por sus líneas, después me dedico a las sombras y dejo para el final sus sutiles celadas. Sólo trato de desarmar la figura.
Hay que impedir que mire desde su centro dinámico, quitarle ese halo de imán que desquicia, volverlo una mancha.
De noche practico esta cautela. Me acerco al rostro, recuerdo todos los incidentes, tomo un trapo húmedo, ordinario, maligno, con el que deshago suavemente el dibujo.
Cuando el cielo vuelve a ser blanco ya no queda nada.
No destruyo el rostro; lo suavizo y me pliego. Aprendo a convivir con él.
Es el recurso basto de quien exagera todas las líneas.
No es un trabajo fácil. Requiere un gran desasimiento. El apego, el apego es el enemigo. Con sus gomas alocadas da que hacer. Produce anexiones, pueriles violencias, enrarecimiento del aire.
Uso un procedimiento rudimentario, el que está a mi alcance, pues soy tosco.
Tuve que idear este método, extraño a mi ser, en una difícil época. Fue al término de una crisis.
Acababa de dejar la cáscara. La imaginación se había agotado. Sólo quedaban los objetos, los firmes objetos.





Rafael Cadenas


Situación


A Rafael Cadenas




Se hizo tarde.
La lucidez protege
de la desolación.


Se hizo tarde
para emprender el viaje
hacia el conocimiento liberador.

Somos siervos
de los artificios inventados
por nosotros mismos.
Siervos de máquinas,
de imágenes sustitutivas
del mundo,
de raudales energéticos hurtados
al cosmos.
Nos infecta el afán de poder,
el ansia de dominar
sin merecimiento.

Sin embargo... a veces...
se oyen llamadas truncas,
ecos de grandes luces,
anuncios de desgarraduras celestes.
Adviene la nostalgia inexplicable
de lo perdido sin haberlo tenido,
de lo nunca vivido.

La multiplicidad ahoga.

Se pertenece a la multitud,
a lo relativo, a lo virtual,
a lo ilusorio.

Sin embargo...
se escucha, de pronto,
fluir en uno mismo el manantial secreto,
se respira un súbito perfume,
se aprende, mirando las olas,
la fuerza de alzarse, de romper
y volver a levantarse intacto.

¡Buscar la piedra ardiente,
seguir el árbol caminante,
cantar a las torres del viento
llenándose de los helechos colgantes!

Pero
¿no será muy tarde?




Juan Liscano


miércoles, julio 12, 2017

Ne T’Inquiète Pas


Ne t’inquiète pas, tout se dérègle, les eaux montent et l’air se réchauffe
Chaque jour, des espèces disparaissent
Mais bon, demain sort le dernier Smartphone, alors ne t’inquiète pas
Ne t’inquiète pas, non ne t’inquiète pas...
Ne t’inquiète pas...

Non, ne t’inquiète pas, on gère les choses, tu peux continuer à dormir
Du sang et des larmes sur la terre des hommes, 'faut bien vendre des missiles et de la torpille
Oui, ça fait un bail que la paix est morte, on manie les mots et les projets sordides
Nous sommes à la fois les pyromanes, les pompiers et on te vendra la porte de sortie
Oui, mais ne t’inquiète pas, si les armes se propagent à toute vitesse
Si la drogue assassine, c’est bon pour le business
Le gain ça se mesure, et pas la tristesse
Alors laisse, et ne t’inquiète pas... Lundi sort la nouvelle série 7
Tu vois, ne t’inquiète pas... et si tu as peur, il y a le 17
Alors ne t’inquiète pas, si la détresse enflamme la Terre
Jusqu’à voir des jeunes commettre l’impardonnable
Des familles innocentes sous les feux de la guerre
Et le nom de ton village ne sera même pas nommable
Des séreux en kalash' qui se cachent derrière Dieu contre la foi de l’autre
Des forces impérialistes qui bombardent des enfants, des vieux au nom des Droits de l’Homme
Mais ne t’inquiète pas…

Laisse-nous te bercer à voix basse
Laisse-nous te raconter des histoires
Laisse-nous réfléchir à ta place
Pendant que tu te divertiras...
Laisse-nous faire à huis clos, la tendance qui concerne ta planète
T’inquiète pas, demain sort le dernier Smartphone et tu pourras dormir avec…

Ne t’inquiète pas, si le ciel devient rouge, si les cœurs deviennent braises
Si pour des guerres d’égo, le sang coule, et si aucunes paroles ne se pèsent
Si partout sur le globe, l’injustice béante fait croître l’esprit de vengeance
L’amour est la lumière de l’âme, mais qui a conscience de ce que le manque d’amour engendre?
Mais ne t’inquiète pas, le business est bon, on compte le monde en dix chiffres
Jouer à la guerre, c’est bon pour les comptes, et en temps de crises les riches s’enrichissent
Peu importe les cris de détresse, qu’on étouffe à coup de matraque, à coup de machette
Des femmes, des enfants, des dictat', des paramilitaires, des organes, ici-bas tout s’achète
Mais ne t’inquiète pas, si l’âme du monde crie de douleur
Le monde changera quand 51% de l’humanité incarnera l’amour de tout cœur
Pas un hasard, si hommes de pouvoir incitent implicitement à la haine de l’autre
Plus le mensonge est gros, plus il passe, mais qu’est ce qu’on inventerait pas pour dissimuler sa soif d’or noir ?
La culture de la violence se propage, elle fait des dégâts
De cause à effet, à quoi s’attend-on quand les armes et le sang inspirent l’art d’un peuple en général ?
Si tout ce qui est vénéré est tout sauf vénérable
Tout ce que ça peut générer dans un monde exécrable
Frustrés et excédés, facile de perdre l'éclat
De péter des câbles et d’un jour de rejoindre les cœurs de glace

Te demande pas pourquoi, on réfléchit pour toi...
Consomme sans voir que l’on fonce vers un trou noir...
L’âme du monde crie de douleur, personne ne veut voir...
Baisser la tête c’est un jour s’en mordre les doigts





Keny Arkana

Si el poema no nace...


Si el poema no nace, pero es real tu vida,
eres su encarnación.
Habitas
en su sombra inconquistable.
Te acompaña
diamante incumplido.



Rafael Cadenas

martes, julio 11, 2017

L'Histoire Se Répète


On a dit non à la guerre, personne n'écoute, personne n'entends
Avant tout enfant de la terre, les frontières ne sont qu'illusions
Une seule et même planète, une humanité aux milles facettes
Une humanité aux milles couleurs, une humanité qui meurt dans sa chair
On a dit non à la guerre, non à la famine, non à la peur de l'autre
Moi obéir à la hiérarchie lorsqu'elle prononce des paroles de mort
Du sud au nord, qu'est-ce qu'on honore? Quelles sont les valeurs?
L'autre est ton miroir, frapper son reflet c'est s'frapper soi-même
Et l'briser c'est plus de 7 ans de malheur, et l'histoire se répète

Et l'histoire se répète...
On a dit non à la guerre, à la guerre, à la guerre...

On a dit non!

On a dit non à la guerre, non à la spirale meurtrière
C'est toujours les civils qui payent et toujours les mêmes erreurs qu'hier
Dit moi qui a son coeur est fidèle? Et je te dirais qui pense par lui-même
A l'ombre d'une querelle millainaire, il ne tient qu'a nous pour rejoindre la lumière
On a dit non à la mort de l'autre, non à la haine, non aux rapports de forces
Non aux trouppes armées d'une vengeance à vif
Dis tes terroristes, qui leur vend leur drogue, qui leur vend leurs armes?
C'est bien plus rentable d'tirer des engins que de faire la paix
Trouver des ennemis, l'innocent meurtri deviendra demain

Et l'histoire se répète...
On a dit non à la guerre, à la guerre, à la guerre...
On a dit non!

On a dit non à la guerre, non à la perte humaine que vous dites collatérale
Non à l'exploitation de la misère qui pousse à traiter les Hommes comme des rats
La tête sous l'eau avant de voir le danger, on l'perçoit à la forme des vagues
On ne résout rien à exprimer des pulsions à la force des flammes
On a dit non à la guerre depuis qu'on a l'âge de comprendre
Part en prison pour une bagarre quand ton pays ne parle que de vengeance
L'état peut-être impitoyable, légitimise ses attaques
Avec des tas de palabres qui n'ont rien de vraies quand les bombes éclatent

Et l'histoire se répète...
On a dit non à la guerre, à la guerre, à la guerre...
On a dit non!




Keny Arkana

lunes, julio 10, 2017

Fracaso


Cuanto he tomado por victoria es sólo humo.

Fracaso, lenguaje del fondo, pista de otro espacio más exigente, difícil de entreleer es tu letra.

Cuando ponías tu marca en mi frente, jamás pensé en el mensaje que traías, más precioso que todos los triunfos.
Tu llameante rostro me ha perseguido y yo no supe que era para salvarme.
Por mi bien me has relegado a los rincones, me negaste fáciles éxitos, me has quitado salidas.
Era a mí a quien querías defender no otorgándome brillo.
De puro amor por mí has manejado el vacío que tantas noches me ha hecho hablar afiebrado a una ausente.
Por protegerme cediste el paso a otros, has hecho que una mujer prefiera a alguien más resuelto, me desplazaste de oficios suicidas.

Tú siempre has venido al quite.

Sí, tu cuerpo, escupido, odioso, me ha recibido en mi más pura forma para entregarme a la nitidez del desierto.
Por locura te maldije, te he maltratado, blasfemé contra ti.

Tú no existes.
Has sido inventado por la delirante soberbia.


¡Cuánto te debo!

Me levantaste a un nuevo rango limpiándome con una esponja áspera, lanzándome a mi verdadero campo de batalla, cediéndome las armas que el triunfo abandona.
Me has conducido de la mano a la única agua que me refleja.
Por ti yo no conozco la angustia de representar un papel, mantenerme a la fuerza en un escalón, trepar con esfuerzos propios, reñir por jerarquías, inflarme hasta reventar.
Me has hecho humilde, silencioso y rebelde.
Yo no te canto por lo que eres, sino por lo que no me has dejado ser. Por no darme otra vida. Por haberme ceñido.

Me has brindado sólo desnudez.
Cierto que me enseñaste con dureza ¡y tú mismo traías el cauterio!, pero también me diste la alegría de no temerte.

Gracias por quitarme espesor a cambio de una letra gruesa.
Gracias a ti que me has privado de hinchazones.
Gracias por la riqueza a que me has obligado.
Gracias por construir con barro mi morada.
Gracias por apartarme.
Gracias.





Rafael Cadenas


La Poesía


Y fue a esa edad... Llegó la poesía
a buscarme. No sé, no sé de dónde
salió, de invierno o río.
No sé cómo ni cuándo,
no, no eran voces, no eran
palabras, ni silencio,
pero desde una calle me llamaba,
desde las ramas de la noche,
de pronto entre los otros,
entre fuegos violentos
o regresando solo,
allí estaba sin rostro
y me tocaba.

Yo no sabía qué decir, mi boca
no sabía
nombrar,
mis ojos eran ciegos,
y algo golpeaba en mi alma,
fiebre o alas perdidas,
y me fui haciendo solo,
descifrando
aquella quemadura,
y escribí la primera línea vaga,
vaga, sin cuerpo, pura
tontería,
pura sabiduría
del que no sabe nada,
y vi de pronto
el cielo
desgranado
y abierto,
planetas,
plantaciones palpitantes,
la sombra perforada,
acribillada
por flechas, fuego y flores,
la noche arrolladora, el universo.

Y yo, mínimo ser,
ebrio del gran vacío
constelado,
a semejanza, a imagen
del misterio,
me sentí parte pura
del abismo,
rodé con las estrellas,
mi corazón se desató en el viento.





Pablo Neruda


sábado, julio 08, 2017

Soy El Sur


Mírame, no soy la sombra de tu cuerpo, soy la piel,
No soy la huella del camino, soy el pie,
Soy el que viene no el que pasa, Mírame. 

Óyeme, no soy el eco, soy el grito, soy la voz,
Soy la guitarra jornalera, la canción,
La voz de un pueblo enardecido, soy cantor

Soy el sur, soy el sur, soy el sur,

Soy Medellín ametrallado, soy la piel 
De una Colombia desplazada soy también
Soy otro de los señalados, soy aquel.

Soy el sur, soy el sur, soy el sur

Soy blanco del megaproyecto de la muerte,
Soy candidato a una bala disidente
Yo soy aquel que no se entrega, ni se vende.




Pasajeros


Citoyen Du Monde

Je n'ai pas d'hymne guerrier pas de patrie pas de président
Je n'ai pas d'autre armée que celle de ceux qui veulent
combattre pour l'amour en dépit des lois de l'argent
Je n'ai pas d'hommes à exploiter pas de richesses à créer
pour mon compte
Je n'ai pas de territoires à défendre contre ces pauvres
gens qui viennent des quatre coins du monde
Et si il nous fallait crever de faim ici tous ensemble,
soyez les bienvenus
Plutôt mourir que de vivre dans l'abondance, couvert de
vêtements quand tellement d'autres sont nus

Wo Yo
Wo Yo Yo Yo,
Citoyens du Monde, partisan d'un Monde sans Frontières


Il y a le bon étranger, celui que tu accueilles les bras
grands ouverts
Et il y a le mauvais, celui que tu pourchasses dès qu'il a
franchi ta frontière
Il y a le bon, celui qui te sera utile
Et il y a le truand, celui que tu ne veux surtout pas voir
arriver dans ta ville
Si tu cherchais la brute, va là où on parle dollar cash et
pétrole brut
Mais ne cherche surtout pas le sherif je l'ai shooter quand
il m'a dit qu'il ne défendait que les riches

Wo Yo
Wo Yo Yo Yo,
Citoyens du Monde, partisan d'un Monde sans Frontières

Et si ta pars ne suffit pas, tu en prendra d'autre sans
avoir à te battre
Il y a tellement de petits sur cette Terre, tellement facile
à abattres
Vois toutes ces frontières ce ne sont que de sombres
cicatrices
Plaies ouvertes d'anciennes conquêtes, vestiges de vains
sacrifices
Tant de pauvres soldats envoyés au charbon sont morts...
Quand bien au chaud la victoire était fêter au champagne,
par leurs colonels
Il y a qu'un seul rêve que je poursuive qu'une seule phrase
qui en moi résonne
Par-delà les frontières la Terre doit appartenir à tous
ou à personne

Wo Yo... Wo Yo Yo Yo,
Citoyens du Monde, Partisans d'un Monde. Sans Frontières








Kaddour Hadadi (HK)



jueves, julio 06, 2017

Sólo en sueños...


Sólo en sueños,
sólo en el otro mundo del sueño te consigo,
a ciertas horas, cuando cierro puertas
detrás de mí.
¡Con qué desprecio he visto a los que sueñan,
y ahora estoy preso en su sortilegio,
atrapado en su red!
¡Con qué morboso deleite te introduzco
en la casa abandonada, y te amo mil veces
de la misma manera distinta!
Esos sitios que tú y yo conocemos
nos esperan todas las noches
como una vieja cama
y hay cosas en lo oscuro que nos sonríen.
Me gusta decirte lo de siempre
y mis manos adoran tu pelo
y te estrecho, poco a poco, hasta mi sangre.
Pequeña y dulce, te abrazas a mi abrazo,
y con mi mano en tu boca, te busco y te busco.
A veces lo recuerdo. A veces
sólo el cuerpo cansado me lo dice.
Al duro amanecer estás desvaneciéndote
y entre mis brazos sólo queda tu sombra.







Jaime Sabines



Me Dueles


Mansamente, insoportablemente, me dueles.
Toma mi cabeza. Córtame el cuello.
Nada queda de mí después de este amor.

Entre los escombros de mi alma, búscame,
escúchame.
En algún sitio, mi voz sobreviviente, llama,
pide tu asombro, tu iluminado silencio.

Atravesando muros, atmósferas, edades,
tu rostro (tu rostro que parece que fuera cierto)
viene desde la muerte, desde antes
del primer día que despertara al mundo.

¡Qué claridad tu rostro, qué ternura
de luz ensimismada,
qué dibujo de miel sobre hojas de agua!

Amo tus ojos, amo, amo tus ojos.
Soy como el hijo de tus ojos,
como una gota de tus ojos soy.
Levántame. De entre tus pies levántame, recógeme,
del suelo, de la sombra que pisas,
del rincón de tu cuarto que nunca ves en sueños.
Levántame. Porque he caído de tus manos
y quiero vivir, vivir, vivir.








Jaime Sabines



miércoles, julio 05, 2017

¡Qué suerte no ser una madre palestina...


¡Qué suerte no ser una madre palestina,
ni una madre siria, ni una madre afgana,
ni una madre kurda,
ni una madre del cuerno de África!


Qué suerte no tener que sostener
la muerte de mi hijo en mis brazos…
ese pequeño cuerpo
que se ha muerto sin más,
de hambre, de sed, desangrado,
atravesado, zas, por una bala!

¡Qué suerte no tener que abrazar a mi hijo muerto
mientras mis ojos se resecan, lentamente,
de dolor, de impotencia, de rabia contenida!

¡Qué suerte no tener que sortear cada día
el rostro enjuto y oscuro de la Parca,
y regalarle, esconderle, ocultarle
los rostros malditos de mis hijos,
que han nacido donde nada importan,
donde nada valen, donde nada son…!

Qué suerte, me repito cada día, qué suerte,
mientras mis hijos, tranquilos, duermen su infancia merecida.



Marisa Peña 




Jardín De Niños


Si nada sobra, nada falta: hay comida,
tienes un lecho, ropa limpia,
cuadernos de dibujo, libros, juguetes.
Por un azar incomprensible te tocó en suerte nacer
del otro lado de la muralla, en los márgenes.
Pero de cualquier modo no te baña la lluvia,
no sufres hambre,
cuando te enfermas hay un médico; eres querido
y te esperaron en el mundo.
Son muchos
los privilegios que te cercan y das
por descontados. Sería imposible
pensar que otros no los tienen.
Y un día
te sale al paso la miseria. La observas
y no puedes creer que existan niños
sin pan, sin ropa, sin cuadernos, sin padre.
Te vuelves y preguntas por qué hay pobres.
Descubres
que está mal hecho el mundo.






José Emilio Pacheco