viernes, febrero 02, 2018

Siempre Pasa Algo


La ciudad es un lugar donde todos los asuntos
están tocados por una laboriosa inquietud.
La necesidad del movimiento
parece habitar en lo más profundo
del corazón de los hombres.
En cualquier habitación
una mujer se quita los zapatos
y se tiende sobre la cama.
Cerca de aquí un hombre cierra la puerta
y se dispone a cruzar la carretera.
Los automóviles van y vienen
aguijoneados por el trepidar de sus motores.
Esta tarde alguien se lanzará al vacío.
La caída será vertiginosa desde un noveno piso.
(En fin, la oración del movimiento perpetuo)
La obligación de no permanecer
entre estas cuatro paredes.
Hasta aquí también llegan
las insidiosas saetas de cualquier urgencia.





Jesús David Buelvas Pedroza




jueves, febrero 01, 2018

Centros


Por alguna razón inexplicable (como muchas otras) un hombre se ha parado en el centro del planeta, el cual por coincidencias astrológicas y astronómicas se encuentra, en ese momento, alineado con el centro del universo. 

Como es de suponerse, de inmediato se entabla entre este hombre y el mundo un conjunto de relaciones místicas que desembocan en la lucidez extrema. Por un instante él se adueña de todas las preguntas y respuestas que el género humano, en compañía de sus sabios y de sus dioses, ha buscado por miles de años.

En un lapso de tiempo todo ha coincidido para después continuar su marcha. Los centros se desvirtúan y la convergencia se rompe. El hombre da un paso para caer de manera irremediable en la locura.








Jesús David Buelvas Pedroza



miércoles, enero 31, 2018

Amantes


Somos como son los que se aman.
Al desnudarnos descubrimos dos monstruosos
desconocidos que se estrechan a tientas,
cicatrices con que el rencoroso deseo
señala a los que sin descanso se aman:
el tedio, la sospecha que invencible nos ata
en su red, como en la falta dos dioses adúlteros.
Enamorados como dos locos,
dos astros sanguinarios, dos dinastías
que hambrientas se disputan un reino,
queremos ser justicia, nos acechamos feroces,
nos engañamos, nos inferimos las viles injurias
con que el cielo afrenta a los que se aman.
Sólo para que mil veces nos incendie
el abrazo que en el mundo son los que se aman
mil veces morimos cada día.



gif de Gala Mirissa



Jorge Gaitán Durán


Canto XIII


La dulce tolvanera del silencioso otoño
va anegando tu imagen en su vaga humareda,
encendiendo en el tiempo la hoguera del olvido
para borrar la última ceniza de la ausencia.

Nadie sabrá que vivo para ti, que defiendo
contra las llamas trémulas tu desnudo recuerdo,
que lucho en el otoño de vientos desolados
y en sus ondas sombrías te reclaman mis sueños.

Nadie sabrá que fuiste mía bajo el otoño
de estrellas delirantes y crepúsculos vagos,
que llenaste mis labios con tu fuego de siempre,
que cayó mi tristeza sobre ti como un canto.

Porque nada resiste la invasión del olvido
cuando llega a mi alma su humareda de otoño.
Todo se va de mí, se fuga de mi vida,
tú también te me vas y permanezco solo.







Jorge Gaitán Durán


martes, enero 30, 2018

El pecado del amor propio...



El pecado del amor propio ha poseído
mi mirada, mi alma y mi todo.
Y para este pecado no hay remedio,

tan enraizado está en mi corazón.

Pienso que no hay rostro tan noble como el mío,
que es mi silueta la única real entre todas
y que mi propia valía es la vara que mide
en todos los otros sus valores, pues los sobrepasa.

Pero cuando el espejo me refleja de veras,
vencido y ajado de curtida antigüedad,
entero mi amor propio al contrario leo:

Amarse así mismo sería inicuo.
Es a ti, mí mismo, a quien yo imploro
pintar mi vejez con la belleza de tus días










William Shakespeare


Versión libre al español de Mauricio Alejandro Moreno




lunes, enero 29, 2018

Sonnet LXII (Sin of self-love...)


Sin of self-love possesseth all mine eye
And all my soul and all my every part;
And for this sin there is no remedy,

It is so grounded inward in my heart.

Methinks no face so gracious is as mine,
No shape so true, no truth of such account;
And for myself mine own worth do define,

As I all other in all worths surmount.

But when my glass shows me myself indeed,
Beated and chopp'd with tann'd antiquity,

Mine own self-love quite contrary I read;

Self so self-loving were iniquity.
'Tis thee, myself, that for myself I praise,
Painting my age with beauty of thy days.








William Shakespeare




domingo, enero 28, 2018

El Puente Mirabeau


El puente Mirabeau mira pasar el Sena
Mira pasar nuestros amores.
Y recuerda al alma serena
Que la alegría siempre viene tras de la pena

Viene la noche suena la hora
Y los días se alejan
Y aquí me dejan

Frente a frente mirémonos-las manos enlazadas-
Mientras que pasan bajo el puente
De nuestros brazos -fatigadas-
Las hondas silenciosas de nuestras dos miradas

Viene la noche suena la hora
Y los días se alejan
Y aquí me dejan

El amor se nos fuga como esta agua corriente
El amor se nos va
Se va la vida lentamente
Cómo es de poderosa la esperanza naciente

Viene la noche suena la hora
Y los días se alejan
Y aquí me dejan

Huyen el lento día y la noche serena
Mas nunca vuelven
Los tiempos que pasaron ni el amor ni la pena
El puente Mirabeau mira pasar el Sena

Viene la noche suena la hora
y los días se alejan
y aquí me dejan







Guillaume Apollinaire

Versión de Andrés Holguín



Le Pont Mirabeau


Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure




Le pont Mirabeau, Paris 1900



Guillaume Apollinaire




En Allant Chercher Des Obus


Toi qui précèdes le long convoi qui marche au pas 
Dans la nuit claire
Les testicules pleins, le cerveau tout empli d’images neuves
Le sergent des riz pain sel qui jette l’épervier dans le canal bordé de tilleuls
L’âme exquise de la plus Jolie me parvient dans l’odeur soudaine des lilas qui déjà tendent à défleurir dans les jardins abandonnés
 



*


Des Bobosses poudreux reviennent des tranchées blanches comme les bras de l’Amour



*

Je rêve de t’avoir nuit et jour dans mes bras
Je respire ton âme à l’odeur des lilas


*

Ô Portes de ton corps
Elles sont neuf et je les ai toutes ouvertes
Ô Portes de ton corps
Elles sont neuf et pour moi se sont toutes refermées

À la première porte
La raison claire est morte
C’était t’en souviens-tu le premier jour à Nice
Ton œil de gauche ainsi qu’une couleuvre glisse
Jusqu’à mon cœur
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de gauche

À la seconde porte
Toute ma force est morte
C’était t’en souviens-tu dans une auberge à Cagnes
Ton œil de droite palpitait comme mon cœur
Tes paupières battent comme dans la brise battent les fleurs
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de droite

À la troisième porte
Entends battre l’aorte
Et toutes mes artères gonflées par ton seul amour
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de gauche

À la quatrième porte
Tous les printemps m’escortent
Et l’oreille tendue entends du bois joli
Monter cette chanson de l’amour et des nids
Si triste pour les soldats qui sont en guerre
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de droite

À la cinquième porte
C’est ma vie que je t’apporte
C’était t’en souviens-tu dans le train qui revenait de Grasse
Et dans l’ombre tout près tout bas
Ta bouche me disait
Des mots de damnation si pervers et si tendres
Que je me demande ô mon âme blessée
Comment alors j’ai pu sans mourir les entendre
Ô mots si doux si forts que quand j’y pense il me semble que je les touche
Et que s’ouvre encore la porte de ta bouche

À la sixième porte
Ta gestation de putréfaction ô Guerre avorte
Voici tous les printemps avec leurs fleurs
Voici les cathédrales avec leur encens
Voici tes aisselles avec leur divine odeur
Et tes lettres parfumées que je sens
Pendant les heures
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de gauche

À la septième porte
Ô parfums du passé que le courant d’air emporte
Les effluves salins donnaient à tes lèvres le goût de la mer
Odeur marine odeur d’amour sous nos fenêtres mourait la mer
Et l’odeur des orangers t’enveloppait d’amour
Tandis que dans mes bras tu te pelotonnais
Quiète et coite
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de droite

À la huitième porte
Deux anges joufflus veillent sur les roses tremblantes qui supportent
Le ciel exquis de ta taille élastique
Et me voici armé d’un fouet fait de rayons de lune
Les amours couronnés de jacinthe arrivent en troupe
Et que se rouvre encore la porte de ta croupe

À la neuvième porte
Il faut que l’amour même en sorte
Vie de la vie
Je me joins à toi pour l’éternité
Et par l’amour parfait et sans colère
Nous arriverons dans la passion pure ou perverse
Selon ce qu’on voudra
À tout savoir à tout voir à tout entendre
Je me suis renoncé dans le secret profond de ton amour
Ô porte ombreuse ô porte de corail vivant
Entre les deux colonnes de perfection
Et que se rouvre encore la porte que tes mains savent si bien ouvrir









Guillaume Apollinaire


viernes, enero 26, 2018

L'Art


Oui, l'oeuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses!
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.

Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend!

Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce,
Quand flotte ailleurs l'esprit;

Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur;

Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le trait fier et charmant;

D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le profil d'Apollon.

Peintre, fuis l'aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.

Fais les sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons;

Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.

Tout passe. L'art robuste
Seul a l'éternité.
Le buste
Survit à la cité.

Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.

Sculpte, lime, cisèle;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant!







Théophile Gautier



El Arte


Sí, es más bella la obra trabajada
con formas más rebeldes, como el verso,
o el ónice o el mármol o el esmalte.

¡Huyamos de postizas sujeciones!
Pero acuérdate, oh Musa, de calzar,
un estrecho coturno que te apriete.

Rehúye siempre cualquier ritmo cómodo
como un zapato demasiado grande
en el que todo pie puede meterse.

Y tú, escultor, rechaza la blandura
del barro al que el pulgar puede dar forma,
mientras la inspiración flota lejana;

es mejor que te midas con Carrara
o con el Paros duro y exigente,
que custodian los más puros contornos;

o pídele quizá a Siracusa
su bronce en que resalta firmemente
el rasgo más altivo y delicioso;

con la delicadeza de tu mano
descubre dibujando en una veta
de ágata el perfil del dios Apolo.

Huye, pintor, de la acuarela y fija
el color demasiado desvaído
en el horno de los esmaltadores.

Haz que sean azules las sirenas
y retuerzan de cien modos distintos
los heráldicos monstruos sus figuras;

en el lóbulo triple de su nimbo,
la Virgen con el Niño, en cuya mano
hay la esfera con una cruz encima.

Todo pasa. Tan sólo el arte fuerte
posee la eternidad. Únicamente
el busto sobrevive a la ciudad.

Y la moneda rústica y austera
que un labriego ha encontrado bajo tierra,
recuerda que existió un emperador.

Hasta los mismos dioses al fin mueren.
Mas los versos perfectos permanecen
y duran más que imágenes de bronce.

Artista, esculpe, lima o bien cincela;
que se selle tu sueño fluctuante
en el bloque que opone resistencia.








Théophile Gautier


El Llanto Fracasado


Roto, casi ciego, rabioso, aniquilado,
hueco como un tambor al que golpea la vida,
sin nadie pero solo,
respondiendo las mismas palabras para las mismas
cosas siempre,
muriendo absurdamente, llorando como niña, asqueado.
He aquí éste que queda, el que me queda todavía.
Háblenle de esperanza,
díganle lo que saben ustedes, lo que ignoran,
una palabra de alegría, otra de amor, que sueñe.

Todos los animales sobre la tierra duermen.
Sólo el hombre no duerme.
¿Han visto ustedes un gesto de ternura en el rostro de
un loco dormido?
¿Han visto un perro soñando con gaviotas?
¿Qué han visto?

Nadie sino el hombre pudo inventar el suicidio.
Las piedras mueren de muerte natural.
El agua no muere.
Sólo el hombre pudo inventar para el día la noche,
el hambre para el pan,
las rosas para la poesía.

Mortalmente triste sólo he visto a un gato, un día,
agonizando.
Yo no tengo la culpa de mis manos: es ella.
Pero no fue escrito:
Te faltará una mujer para cada día de amor.

Andarás, te dijeron, de un sitio a otro de la muerte
buscándote.
La vida no es fácil.
Es más fácil llorar, arrepentirse.

En Dios descansa el hombre.
Pero mi corazón no descansa,
no descansa mi muerte,
el día y la noche no descansan.

Diariamente se levantan los montes, el cielo se ilumina
el mar sube hacia el mar
los árboles llegan hasta los pájaros.
Sólo yo no me alumbro, no me levanto.

Háblenle de tragedias a un pescado.
A mí no me hagan caso.
Yo me río de ustedes que piensan que soy triste
como si la soledad o mi zapato
me apretaran el alma.

La yugular es la vena de la mujer.
Allí recibe al hombre.
Las mujeres se abren bajo el peso del hombre
como el mar bajo un muerto,
lo sepultan, lo envuelven,
lo incrustan en ovarios interminables,
lo hacen hijos e hijos…
Ellas quedan de pie,
paren de pie, esperando.

No me digan ustedes en dónde están mis ojos,
pregunten hacia dónde va mi corazón.

Les dejaré una cosa el día último,
la cosa más inútil y más amada de mí mismo,
la que soy yo y se mueve, inmóvil para entonces,
rota definitivamente.
Pero les dejaré también una palabra,
la que no he dicho aquí, inútil, amada.

Ahora vuelve el sol a dejarnos.
La tarde se cansa, descansa sobre el suelo, envejece.
Trenes distantes, voces, hasta campanas suenan.
Nada ha pasado.








Jaime Sabines



jueves, enero 25, 2018

El Peatón


Se dice, se rumora, afirman en los salones, en las fiestas, alguien o algunos enterados, que Jaime Sabines es un gran poeta. O cuando menos un buen poeta. O un poeta decente, valioso. O simplemente, pero realmente, un poeta.

Le llega la noticia a Jaime y éste se alegra: ¡qué maravilla! ¡Soy un poeta! ¡Soy un poeta importante! ¡Soy un gran poeta!

Convencido, sale a la calle, o llega a la casa, convencido. Pero en la calle nadie, y en la casa menos: nadie se da cuenta de que es un poeta. ¿Por qué los poetas no tienen una estrella en la frente, o un resplandor visible, o un rayo que les salga de las orejas?

¡Dios mío!, dice Jaime. Tengo que ser papá o marido, o trabajar en la fábrica como otro cualquiera, o andar, como cualquiera, de peatón.

¡Eso es!, dice Jaime. No soy un poeta: soy un peatón.

Y esta vez se queda echado en la cama con una alegría dulce y tranquila.







Jaime Sabines



miércoles, enero 24, 2018

Esa Flor Instantánea


Miedo a perderse ambos,
vivir el uno sin el otro:
miedo a estar alejados
en el viento de la niebla,
en los pasos del día,
en la luz del relámpago,
en cualquier parte. Miedo
que les hace abrazarse,
unirse en este aire
que ahora juntos respiran.
Y se buscan y se buscan
esa flor instantánea
que cuando se consigue
se deshace en un soplo
y hay que ir a encontrar otras
en el jardín umbrío.
Miedo; bendito miedo
que propicia el deseo
la agonía y el rapto,
de los que mueren juntos
y resucitan luego.







José Agustín Goytisolo


martes, enero 23, 2018

El Oficio Del Poeta


Contemplar las palabras
sobre el papel escritas,
medirlas, sopesar
su cuerpo en el conjunto
del poema, y después,
igual que un artesano,
separarse a mirar
cómo la luz emerge
de la sutil textura.
Así es el viejo oficio
del poeta, que comienza
en la idea, en el soplo
sobre el polvo infinito
de la memoria, sobre
la experiencia vivida,
la historia, los deseos,
las pasiones del hombre.


La materia del canto
nos lo ha ofrecido el pueblo
con su voz. Devolvamos
las palabras reunidas
a su auténtico dueño.
















José Agustín Goytisolo