Holà, emmenez-moi
À l'arbre de la maison,
Au ventre où la parole se conçoit
En creusant cibles et chemins.
Emmenez-moi
À celui qui avec moi partage
Ce lieu
Où nul ne peut poser le pied.
En fin de journée
Personne n'a deux gloires,
Chacun a son refuge,
Ses épaves du départ.
Sculptez-moi alors dans l'évidence
Pour que ma langue
Ne soit pas affectée par le vertige
Ni gelée par le froid du gouffre !
Je veux écrire,
Décrire,
Traverser droit le papier.
Je ne veux pas mourir
Au milieu de la page...
Je laisse aux interrogations leur exutoire
Préférant l'aventure à la prudence !
Je veux tomber en cascade dans le basin d'altérité
Puis m'étendre dans la nudité des collines,
Dévorer une phrase sauvage et convulsive,
Me sentir bien dans le col du tourbillon
Et les rumeurs qui se démaillent.
Je veux une langue hybride
Mère de cet éclair
Qui me mènera au jour
Où je déciderai d'être
Un poète sans repères
Pour disperser les cils du présage
Et dire adieu au désespoir !
À moi
Les filles de la mémoire,
Les esprits du miel,
Les travailleurs du sommeil
Les rhétoriciens de la sueur
Et tous les bergers de la plaine !