Si je revenais un jour à ce qui fut : Trouverai-je
Ce qui fut et ce qui sera ?
Partition solo
Et partition solo.
De mille chansons, j'ai tenté de naître
Entre cendre et mer. Je n'ai pas trouvé
La mère qui fut la mère féconde.
La mer s'éloigne
Et partition solo.
J'ai cru mon âme quand elle m'a dit, adhère
Au mur qui s'effondre. Je me suis abandonné au désir sauvage
Et si j'avais, sur les saules, inscrit mon groupe sanguin,
Le vent aurait soufflé à contrevent dans les feuilles
Des saules. Les saules s'embrasent
Et partition solo.
Si je revenais un jour à ce qui fut, je ne trouverai
Que ce que, déjà, je n'y trouvais pas.
Que ne suis-je arbres, pour retrouver l'élan
Du conteur et, partout où je penche, étayer mon horizon.
Que ne suis-je arbres qui ne grandissent pas en vain...
Ai-je cru mon rêve ? Non. J'ai cru ce qui adviendrait
Et partition solo.
Devant moi, une mer, et les murs me lapident.
Laisse donc ton être, mon garçon, et trouve ton salut.
La mer est plus petite que moi, comment me porterait-elle? Et elle est plus grande que moi, comment la porterai-je ?
La langue m'est devenue étroite, je me suis abandonné aux vaisseaux,
Mais le cœur de la mer ne m'a plus toléré
Lorsque l'écume l'absorba... Et je porte en moi la blanche éternité
Et partition solo.
Au-delà du lointain, encore un lointain, et plus il s'éloigne,
Plus le lointain s'approche des lignes de ma main.
Je le sens et le vois, un et unique
Sur l'air, à la cadence de ma chanson.
Notre ciel tombera-t-il sur nous, rassemblera-t-il ses débris
Chaque fois que nos foulées s'allongeront?
Si je revenais, un jour, à ce qui fut du pays
Des oliviers, je crierai : Prends ton temps, Pays!
Et partition solo.
Si je revenais un jour à ce qui était, je n'y trouverai
Ni l'amour qui fut, ni l'amour qui sera.
De mille tubéreuses, j'ai tenté de promettre
Au vieux cœur un cœur jumeau et la folie
De mon aimée ! Obéissance de l'âme au corps,
Fin de ce qui jamais ne s'achève,
Tu as rompu la veine de mes vagues, fille de l'écume,
Tu as séparé ma voix de ma chanson.
Aah si je trouvais, trouvais le tempo
Et partition solo.
J'ai dit : l'Adieu n'est pas venu et il n'est pas arrivé et
Je suis parti en quête de ce qui, de ma lune, avait disparu. Laisse donc ta mort, homme, et pars.
Pars, émigre et voyage au sein du voyage.
Ce lieu n'est pas un lieu, si tu le perds.
Ce lieu n'est pas un lieu, si tu le chantes.
Mais chaque fois qu'un moineau se pose sur une pierre,
Tu recherches pour ton cœur une Eve qui le guide.
Et chaque fois qu'une branche plie, tu cries : Quel est le nombre
Des migrations ? Le nombre des morts, ô nombre?
Et partition solo.
... Venu dans les pays des autres, je n'ai laissé
Aucun souvenir,
Ne leur ai apporté aucun.
Comme si je n'y étais pas venu, comme si je ne les avais pas vus.
Je suis sorti pour pénétrer dans mes noms, mais l'oubli
Les dispersa et mon être se divisa pour les brandir.
Je passe par les choses comme si elles n'existaient pas... Je ne trouve pas ce qui est.
De mille chansons, j'ai tenté de naître.
Si je revenais un jour à mon être, trouverais-je
L'être qui était l'être qui fut?
Aah si j'étais, si j'étais encore l'enfant...
Et partition solo.
Mustafa Ata : Figurative composition , 2011 |